Tennis. ATP - Gaël Monfils 7e mondial dès lundi, 5 ans après
Par Thibault KARMALY le 13/10/2016 à 09:06
Vidéo - US Open 2016 - Gaël Monfils joue à la pétanque à New York !
Gaël Monfils (30 ans) peut se réjouir : alors qu'il est qualifié pour les huitièmes de finale au Masters 1000 de Shanghai, où il sera opposé à David Goffin (25 ans, 12e), le Français peut déjà fêter une très bonne nouvelle. En effet, "La Monf'" est désormais assuré d'atteindre la 7e place mondiale lundi, soit son meilleur classement depuis... 2011. Il aura donc fallu attendre 5 ans pour voir le Parisien retrouver son meilleur niveau, en réalisant une très solide saison 2016, porté par son nouvel entraîneur Mikael Tillström (1 titre à Washington, 2 finales à Rotterdam et Monte-Carlo, une demie à l'US Open et retour dans le Top 10 mondial). Bien parti pour se qualifier pour les ATP Finals de Londres - qui rassemble les 8 meilleurs joueurs de l'année -, le numéro un français est-il enfin durablement installé dans le gratin du tennis mondial ? Peut-il prétendre à mieux qu'une demi-finale en Grand Chelem, à l'image d'un Stan Wawrinka qui a explosé sur le tard ? Eléments de réponse ci-dessous.
7e mondial à l'US Open 2011, 7e mondial après l'US Open 2016
Serait-ce enfin la bonne année pour Gaël Monfils (30 ans) ? Actuellement n°8 mondial, le numéro un tricolore a déjà gagné 90 points ATP minimum au Shanghai Rolex Masters, qu'il n'avait pas disputé l'an passé, et va profiter de la chute au classement de Roger Federer (35 ans, n°7 mondial), blessé et seulement classé 5 petits points devant lui. Seul Tomas Berdych (31 ans, n°9 mondial) pouvait lui contester cette place, positionné à 255 points du Français avant le tournoi, mais le Tchèque ne va gagner aucun point et va même perdre 45 pts de son huitième l'an passé, battu cette année par Marcel Granollers (30 ans, 43e) dès son entrée en lice (7-6 (4), 7-6 (1)) au deuxième tour.
Gaël Monfils atteint ainsi son meilleur classement depuis... 2011, année durant laquelle il avait occupé la 7e place mondiale 9 semaines d'avril à septembre. Faut-il voir une coïncidence dans le parallélisme des calendriers ? 7e mondial à l'US Open 2011, 7e mondial après l'US Open 2016 : il aura donc fallu attendre 5 ans pour voir le Parisien retrouver définitivement son meilleur niveau, en réalisant une très solide saison. 5 longues années ont donc été nécessaires pour que Gaël Monfils réalise sa mutation et renaisse de ses cendres. 5 années au cours desquelles le Français sera passé par d'innombrables galères : physiques, d'abord, avec des blessures aux genoux récurrentes, conséquences directes de la maladie d'Osgood-Schlatter, contractée pendant l'adolescence et qui fragilise "une zone inflammatoire du tendon rotulien" selon le Dr Bernard Montalvan. Des blessures qui l'auront même bouté hors du Top 100 entre février et mai 2013. Des difficultés mentales, aussi : souvent critiqué pour ses attitudes sur le court, Monfils a souvent été en difficulté avec son image et s'est vu reprocher un manque d'implication et de professionalisme. En témoigne les récentes polémiques sur les conditions de son forfait en demi-finale de Coupe Davis en Croatie (défaite 2-3) et son contentieux avec Yannick Noah, le capitaine des Bleus. Tout récemment encore, John McEnroe n'avait pas hésité à violamment le critiquer sur ce point, publiquement, pendant l'US Open. Mais aux "anciens" qui veulent le cadrer, "La Monf" sait désormais comment répondre : sur le terrain.
"Si, être différent, c'est être non-professionnel,
c'est dur quand on arrive en demi-finales d'un Grand Chelem"
Ainsi pour le Monfils version 2016, plus mûr, trentenaire, bosseur, ce procès en "je m'en foutisme" est complètement hors de propos, et il le fait savoir. "Si, être différent, c'est être non-professionnel, c'est dur quand on arrive en demi-finales d'un Grand Chelem. Pourquoi on me traite de non-professionnel en fait ? Etre dans les 10 meilleurs du monde, c'est être non-professionnel ? S'entraîner tous les jours, c'est être non-professionnel ? Prendre du plaisir sur le terrain même si on se fait malmener, c'est être non-professionnel ? Parce que je souris, que j'essaye de faire d'autres choses, et que je suis légèrement différent, pourquoi je serais non-professionnel ?", avait alors répondu le Français à la légende américaine, démontrant ainsi qu'il avait passé un pallier cette saison, porté par son nouvel entraîneur Mikael Tillström. Fort de sa collaboration avec le technicien suédois, "La Monf" a remporté un titre ATP 500 à Washington, a atteint par deux fois la finale à l'ATP 500 de Rotterdam et au Masters 1000 de Monte-Carlo, et a également brillé en Grand Chelem en atteignant les demi-finales à l'US Open. Conséquence au classement : le Français a fait son grand retour dans le Top 10 mondial.
Et s'il n'avait pas été perturbé par des problèmes physiques au printemps, qui nous dit que Monfils n'aurait pas pu viser plus haut ? Car souvenons-nous, Gaël Monfils a déclaré forfait pour Roland-Garros, paralysé par un virus contracté à Rome, et s'est incliné au premier tour de Wimbledon dans la foulée face à Jérémy Chardy (6-7 (4), 6-0, 4-6, 6-1, 6-2). "Un retour précipité", concédait-il d'ailleurs après cette élimination précoce du Grand Chelem londonien. Mais depuis l'été, le Parisien est "on fire" et rien ne semble lui résister : un titre à Washington fin juillet, une demi-finale au Masters 1000 de Toronto (défaite face à Novak Djokovic 6-3, 6-2) dans la foulée, un quart de finale aux Jeux Olympiques de Rio en août (défaite face à Kei Nishikori 7-6 (4), 4-6, 7-6 (6) en ayant eu plusieurs balles de match), une demi-finale à l'US Open en septembre (défaite face à Djokovic 6-3, 6-2, 3-6, 6-2) et dernièrement, une demi-finale à l'ATP 500 de Tokyo (défaite face à Nick Kyrgios 6-4, 6-4). Engagé au Masters 1000 de Shanghai, 6e à la "Race", "La Monf" a désormais les cartes en main pour valider son ticket pour les ATP Finals de Londres. Le Parisien sera très attendu du côté de l'Accor Hotel Arena pour le BNP Paribas Masters (du 29 octobre au 6 novembre), dernier Masters 1000 de la saison. Et si le Français frappait un grand coup en cette fin de saison et était épargné par les blessures, serait-on naïf d'imaginer qu'il puisse passer le cap des demies en Grand Chelem l'année prochaine ? N'aimerait-on pas le voir réaliser une "Wawrinka" et glaner un titre du Grand Chelem à 30 ans ? Avouez quand même qu'on rêverait tous de voir Monfils parachèver sa carrière soulevant la Coupe des Mousquetaires sur le Philippe-Chatrier... !