ATP - L'année très paradoxale du bad boy Bernard Tomic
Par Bastien RAMBERT le 28/07/2015 à 18:33
Bernard Tomic ne laisse personne indifférent. Pour certains, l'Australien de 22 ans, 25e mondial, a bien raison de profiter de la vie et de laisser parler ses émotions, à l'instar d'un Ernests Gulbis ou d'un Benoît Paire. Pour d'autres, il est un joueur parfois prétentieux, incontrôlable en dehors du court (avec des arrestations en tous genres), une étoile filante qui n'a pas encore prouvé grand-chose. Toujours est-il que le principal intéressé, 25e mondial, réalise sa meilleure saison jusqu'à présent dans un contexte extra-sportif plus que compliqué.
Pour les fans de films loufoques, "Bernie", c'est Albert Dupontel dans son film réalisé en 1996. Pour les aficionados du tennis, ce surnom est la propriété de l'Australien Bernard Tomic, un personnage vraiment à part. Né à Stuttgart en Allemagne le 21 octobre 1992 et issu d'une famille originaire de Croatie et Bosnie, le petit Tomic émigre en Australie à l'âge de trois ans et demi. Son parcours juniors est impressionnant avec trois victoires à l'Orange Bowl (l'un des plus importants tournois au monde) dans trois catégories différentes et surtout un sacre à l'Open d'Australie junior 2008 à 15 ans et trois mois, un record de précocité en Grand Chelem. Cette même année, Tomic est suspendu six mois pour s'être montré bien trop virulent avec des officiels. Bourré de talent mais bien trop souvent borderline : voici le cocktail que propose "Bernie."
Son entraîneur actuel n'est autre que son père, John. John Tomic, c'est celui qui a violemment agressé le sparring-partner de son fils, Thomas Drouet, à Madrid en 2013. Le paternel a du mal à se contrôler. Le fiston peut aussi s'illustrer dans le mauvais sens avec un délit de fuite en 2012, des excès de vitesse, des états d'ivresse, des soirées en boîtes de nuit pour préparer la prochaine saison et mi-juillet une arrestation à Miami pour dérapage nocturne. Un énième couac alors que sa Fédération l'avait écarté du quart de finale de Coupe Davis contre le Kazakhstan (remporté 3-2) suite à sa remise en cause des choix de l'institution. Loin d'être idéal pour se concentrer. Cerise sur le gâteau : Tennis Australia a dérapé, indiquant que "Bernie" participait au Hall Of Shame (en gros le tournoi de la honte) plutôt que le "Hall Of Fame" en parlant de Newport. Un affront pour les Tomic.
Succéder à Lleyton Hewitt
"Je suis toujours prêt à jouer pour mon pays. C'est un honneur et un privilège de le faire et j'espère que je pourrais à nouveau représenter l'Australie. Je voudrais également remercier les dirigeants précédents du support qu'ils mont apporté. La direction actuelle de Tennis Australia m'a viré de l'équipe de Coupe Davis après les commentaires que j'ai fait durant Wimbledon. Si Tennis Australia me sélectionne, c'est génial. S'ils ne le font pas, il n'y a rien que je puisse y faire. Mais je conserverai ma liberté de parole" a expliqué celui qui a atteint les quarts de finale à Wimbledon en 2011 en sortant des qualifications. Il reproche à sa Fédération de ne pas assez aider sa soeur Sara et refuse tout dialogue. Les Aussies espèrent que cela va s'arranger puisque Tomic serait précieux en demi-finales de Coupe Davis pour le déplacement en Grande-Bretagne (18-20 septembre).
Depuis deux ans, Tomic est bien plus concentré sur son tennis qu'avant. Sacré à Sydney en 2013 pour son premier titre ATP, il a triomphé à Bogota à deux reprises, le doublé ayant eu lieu dimanche contre le Français Adrian Mannarino. Remonté au 25e rang mondial, il est assuré d'être tête de série à l'US Open pour la première fois de sa carrière. "C'est une très bonne année. J'ai débuté à la 70e place et je suis maintenant proche du top 20. Cela été sept bons mois. Je vais essayer de bien jouer lors des trois prochains mois pour avoir une chance d'être dans le top 15. Je suis vraiment heureux de moi-même. C'est mon année la plus constante" déclare-t-il à Fox Sports. Eliminé au premier tour à Munich, Madrid, Rome, Nice, Halle et Newport, Tomic réalise tout de même la plus belle saison de sa carrière dans un contexte tout sauf propice à cela. Paradoxal mais le loustic est capable de tout. A une place de son meilleur classement obtenu début juin, il entend bien passer la seconde et devenir le premier Australien à s'installer dans le top 20 depuis Lleyton Hewitt en février 2010.