Chronique - Camille Pin : "Il manque de la régularité"
Par Bastien RAMBERT le 19/08/2014 à 20:28
Notre chroniqueuse Camille Pin fait un état des lieux du tennis féminin français à moins d'une semaine du début de l'US Open. Pour l'ancienne 61e joueuse mondiale, les Bleues doivent se montrer plus régulières pour espérer jouer les premiers rôles. Elle estime par ailleurs que Serena Williams a une longueur d'avance sur la concurrence pour le dernier Grand Chelem de la saison.
Camille, à l'aube de l'US Open, la numéro un française Alizé Cornet est dans le dur avec quatre défaites lors de ses cinq derniers matches...
.jpg)
C'est un été compliqué pour les Françaises même si Kristina Mladenovic a réalisé des belles performances avec une demi-finale (Istanbul) et deux quarts (Baku, Washington). Concernant Alizé Cornet, on attendait évidemment autre chose car Alizé est une joueuse polyvalente capable de briller sur le dur extérieur. C'est un peu compliqué d'expliquer sa méforme car d'habitude, elle ne perd pas en dessous de son classement. Il faut voir si c'est lié à une méforme physique ou alors si elle cogite un peu trop. Son jeu lui demande d'être très exigeante au niveau de l'intensité. Si elle en met un peu moins dans la balle, elle s'expose à la puissance des autres. Je pense qu'Alizé est un peu fatiguée après le gros enchaînement terre battue-gazon. Si elle est à 70 %, cela ne lui suffit pas pour gagner. Elle doit bien recharger ses batteries avant l'US Open. Elle sera tête de série donc protégée par le tirage et de toute façon, c'est une matcheuse qui peut s'en sortir avec l'adrénaline des grands évènements. Après, pour ce qui est d'une éventuelle deuxième semaine, rien n'est certain.
Vous évoquiez Kristina Mladenovic. C'est vraiment la satisfaction de cet été américain chez les Bleues...
Oui la bonne surprise, c'est Kristina. Elle a souvent du mal à enchaîner après un coup d'éclat et là, elle vient d'engranger beaucoup de confiance. C'est de très bon augure pour la suite. On se demande toujours quel niveau elle va avoir sur tel ou tel tournoi et là, elle vient de montrer qu'elle pouvait enchaîner les victoires. Elle est classée dans le top 70 mais elle a le niveau top 50 et cela commence à revenir (Ndlr : elle était 36e mondiale le 26 août 2013). Son niveau de jeu se stabilise dans le bon sens.
De son côté, Caroline Garcia est à la recherche d'un second souffle (Ndlr : défaites d'entrée à Stanford et Cincinnati), comme Alizé Cornet...
.jpg)
Caroline a vécu un printemps énorme avec son enchaînement victorieux Bogota - Fed Cup. On sent que son jeu est en place mais il lui manque de la régularité à très haut niveau. A vrai dire, il manque de la régularité à nos Françaises pour pouvoir s'installer durablement dans le top 20. Les joueuses du top 20 engrangent des points toutes les semaines et arrivent à gagner en jouant mal. Caro et Kiki doivent par exemple arriver à mieux jauger leurs coups. Pour être régulière, il faut mieux analyser l'adversaire, faire de meilleurs choix, arriver à trouver un équilibre entre la force et la tactique même dans les moments délicats.
Pauline Parmentier peut-elle nous faire une nouvelle chevauchée fantastique comme à Roland-Garros ?
Pauline peut être très performante sur le dur américain. Cela va dépendre du tirage au sort mais la surface lui convient bien car elle a un service puissant et elle peut faire très mal avec son décalage coup droit. Pauline peut très bien se retrouver à nouveau en deuxième semaine de Grand Chelem comme à Roland-Garros mais si elle prend Sharapova au premier tour, cela va être une toute autre histoire. Il faut attendre le tirage avant de vraiment se prononcer.
Quid de Virginie Razzano, retombée à la 184e place mondiale ?
Virginie a la capacité pour jouer top 20 à certains moments mais elle est irrégulière. Quand il y a beaucoup d'enjeu, elle joue bien et peut battre n'importe qui sur un match. Physiquement, elle est toujours bien mais comme ses compatriotes, elle manque de régularité. Il y a encore un long chemin à faire alors qu'elle a dépassé la trentaine.
Chez les favorites, Serena Williams a tapé du poing (Ndlr : victoires à Stanford et Cincinnati) après son Wimbledon rocambolesque. La numéro un mondiale est-elle bien partie pour faire le triplé à l'US Open ?
.jpg)
C'est du Serena tout craché. On ne sait pas trop sur quel pied danser avec elle. Honnêtement, sa défaite contre sa sœur Venus en demi-finales à Montréal n'est pas importante. Son plantage à Wimbledon est désormais derrière elle. Serena va arriver hyper prête à l'US Open, affûtée physiquement et en pleine confiance après ses deux titres sur le dur américain. Cela risque d'être très ouvert à New York comme à Roland-Garros mais je pense que le côté guerrier de Serena et son ego de championne font qu'elle est encore plus dangereuse que les autres.
Pour terminer, pouvez-vous nous parler de l'ambiance qui règne à l'US Open. Vous avez notamment affronté Svetlana Kuznetsova sur le Central au deuxième tour de l'édition 2007...
Jouer sur le Central de l'US Open est une expérience unique car on ne voit pas les gens en haut des gradins. C'est assez dingue. On se croirait dans un stade de football américain. Les gens sont des mouches pour nous, on se sent loin d'eux. C'est le côté disproportionné à l'américaine. Il y a aussi vachement de musique sur les courts annexes, du rock etc. Il faut se concentrer et arriver à jouer avec. C'est assez drôle, folklorique, mais la plupart des joueuses et des joueurs adorent cette ambiance.
