Tennis. Chronique - Leconte : "Monfils peut gagner Roland-Garros"
Par Bastien RAMBERT le 18/04/2016 à 18:47
Vidéo - ATP - Monte-Carlo 2016 - La satisfaction de Gaël Monfils
Notre chroniqueur Henri Leconte, finaliste de Roland-Garros 1988 et ancien 5e joueur mondial, revient sur les évènements marquants de la 110e édition du Masters 1000 de Monte-Carlo, à commencer par le neuvième sacre de Rafael Nadal. Il évoque évidemment la finale d'un Gaël Monfils qui peut, selon lui, aller au bout de son rêve à Roland-Garros cette année. Leconte, qui va inauguer des courts de Padel à Reichstett le 23 avril, ne manque pas de saluer le triplé de Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert ainsi que la qualification de l'équipe de France pour la finale de Fed Cup.
Henri, Rafael Nadal a gagné Monte-Carlo dimanche pour la 9e fois. Est-il vraiment de retour ?
Il faut encore être prudent mais oui, c’est le retour de Rafa. Il m’a impressionné en finale contre Gaël (Monfils). On retrouve le Rafa d’avant mais peut-il tenir cette cadence pendant 5 sets ? Il va encore monter en puissance en servant mieux. Il avait quelques lacunes au service la semaine dernière à Monte-Carlo. Sinon on a retrouvé du Nadal et son retour n’est que bénéfique pour le tennis mondial. Quand il ne joue pas bien, il y a un trou. Il va revenir, prendre sa place sur terre battue. Pendant cette période de flottement chez Rafa, personne n’a vraiment réussi à s’imposer sur terre battue sauf Stan Wawrinka qui a gagné Roland-Garros l’an dernier et qui reste un gros client sur cette surface.
Finaliste, Gaël Monfils a-t-il pris une nouvelle dimension ?
Gaël était déjà capable de très bien jouer. Il a progressé. Il est beaucoup plus concentré, focalisé sur ce qu’il fait. A la fin du match il était déçu d’avoir perdu. C’est positif. Il a accepté que l’autre était plus fort physiquement. Il va encore travailler. Gaël a une maturité pour encore progresser. Il doit être dans les 10. A lui de bien se préparer, de ne pas se brûler et d’arriver en pleine bourre à Roland-Garros et surtout de pouvoir gagner le plus de matchs. Gagner Roland-Garros ? Il peut le faire, ce n’est pas un rêve. Il a beaucoup progressé. Il commence à le réaliser. Pour gagner un Grand Chelem il faut battre les meilleurs, ce qu’il a fait. Maintenant il faut confirmer. Aujourd’hui il commence à faire peur à ses adversaires.
La défaite d’entrée de Novak Djokovic, est-ce un simple coup d’arrêt ?
Finalement il est humain. C’est un accident de parcours. Il perd en trois sets contre quelqu’un (Jiri Vesely) qui a tout donné mais n’a pas confirmé derrière. Cela peut arriver. Novak va bien se préparer et il sera à fond pour Roland-Garros. Cela prouve en tout cas que les périodes de repos sont très importantes.
Jo-Wilfried Tsonga a battu Roger Federer en quarts avant de s’écrouler face à Monfils. Comment analysez-vous cela ?
C’est toujours compliqué de jouer un pote. Je pense qu’il a été absorbé par l’enjeu. Il ne s’attendait pas à avoir un Gaël si conquérant et présent. Il a encore beaucoup à travailler surtout physiquement. Je ne l’ai pas trouvé aussi aiguisé que d’habitude. J’espère qu’il est en préparation et qu’il va accepter qu’il peut perdre contre des joueurs en étant moins bon. Les autres progressent, à lui de progresser encore.
Richard Gasquet a dit que Lucas Pouille était le futur n°1 français. Quel est votre avis là-dessus ?
On va tout de suite se calmer sur le fait qu’à chaque fois qu’un Français joue bien on dit qu’il va être n°1 national et dans les meilleurs du monde. Lucas progresse, il a un jeu différent et il faut qu’il soit plus agressif. Il ne faut pas qu’il tombe dans le "je ne joue plus mon jeu d’attaque, je reste au fond". Il est dans la bonne direction, il commence à battre les meilleurs. C’est un outsider et il y a encore beaucoup de travail à faire.
Le triplé Indian Wells-Miami-Monte-Carlo de Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, c’est quelque chose d’incroyable…
La voilà notre équipe de double en Coupe Davis ! Cela m’inspire du respect, de la joie. On critique les Français quand ils perdent. Là ils gagnent tout. Le choix de Yannick Noah, ce n’est pas mon problème. Ce n’est pas à moi de décider. Je ne suis ni capitaine, ni entraîneur.
Que vous inspire la qualification de l’équipe de France de Fed Cup pour la finale ?
C’est fabuleux, vraiment super. Le week-end a été compliqué même si elles étaient favorites. Ce n’est jamais simple. Elles étaient dos au mur à 2-1. C’est une grosse expérience, beaucoup d’émotions. C’est beau. C’est cela la Fed Cup. Cela peut permettre à certaines joueuses de s’améliorer et d’avoir une appréhension moins importante quand elles vont se retrouver à Roland-Garros. On se rappelle de Caroline Garcia qui a été éliminée au premier tour l’an dernier. Cela peut la booster. On verra bien. Pour finir, j’ai envie de saluer le travail d’Amélie Mauresmo et de dire bravo à toute l’équipe, à tout le staff.
Propos recueillis par Bastien Rambert, pour Tennis Actu