Tennis. ITW - Guillaume Delamarre et sa grande victoire face au cancer
Par Adrien BACHY le 02/01/2020 à 17:09
Guérir grâce au sport, c'est l'un des combats de Guillaume Delamarre, 53 ans. Touché par le cancer il y a un an, il a voulu montrer qu'on pouvait s'en sortir tout en continuant d'exercer sa passion. Pour lui, c'était le tennis. De retour du Koweït, où il disputait un tournoi Futures, il s'est livré à TennisActu sur son histoire et son engagement auprès du sport et de la santé.
La première question que l'on veut vous poser, c'est comment allez-vous aujourd'hui ?
La rémission a été déclarée et le traitement est terminé depuis 6 mois. J'ai fini physiquement et moralement à plat. J'ai perdu mon travail car je n'avais plus du tout la force de m'en occuper.
Une fois ce traitement terminé, l'objectif a donc été de partager votre histoire ?
Je fais du tennis depuis que j'ai 12 ans. J'ai continué à jouer pendant le traitement. Le tennis a été quelque chose qui m'a permis de me raccrocher aux branches. Au fur et à mesure que le traitement avançait, j'ai pu jouer de plus en plus. J'ai d'ailleurs fait des ITF seniors. J'ai notamment joué à l'étranger sur terre battue pour que cela soit plus simple physiquement. Etonnement, j'ai gagné des matchs ! Et j'ai continué à en gagner au fur et à mesure du traitement.
Vous avez d'ailleurs remporté la Jamaïca Cup en mai dernier, cela a dû être une grande satisfaction.
Pour l'anecdote, j'étais en vacances là-bas. Tout s'est enchaîné rapidement. J'ai été un peu surpris parce que j'ai bien enchaîné les matchs. J'ai vraiment eu un pic de forme et cela m'a permis de progresser au classement puisque je suis passé de 5/6 à 3/6. Avec mon nouveau classement mondial (55e mondial catégorie seniors), j'ai pu aller me frotter à d'autres tournois comme à Athènes, Alicante, où j'ai d'ailleurs tapé la balle avec Juan-Carlos Ferrero, et Barcelone qui sont des tournois de grade A. Malgré des hauts et des bas, j'ai pu continuer sur les World Tour avec les vétérans. Actuellement, je suis 2/6, ce qui me met dans les tous meilleurs en France à mon âge. Ce qui m'a aussi permis de demander des wild-card pour les ITF pro où j'ai été accepté à Rodez et au Koweït.
Pourquoi avoir décidé de demander des WC sur les Futures?
Tout simplement parce que j'avais fait le tour du circuit vétéran. De plus, l'ITF m'a proposé une extension de ma licence vétérante à la licence professionnelle, et je me suis dit «pourquoi pas». C'était pour moi un rêve d'enfant d'approcher le circuit professionnel et de voir comment cela fonctionnait. Il a d'abord fallu que j'envoie un mail en expliquant bien ce qu'un vieil oiseau comme moi allait faire dans ce genre de tournoi. Rodez m'a attribué une WC pour les qualifications en m'invitant aussi dans le cadre du sport santé où j'ai parlé de mon vécu et de comment le sport permettait de battre le cancer en terme de reconstruction. Au KoweÎt, c'était différent puisque le directeur de la Fédération m'a appelé. Cela m'a assez surpris ! C'était deux belles expériences, mais cela s'arrêtera là en terme de rodage sur le circuit ITF pro.
Que vous ont apporté ces expériences sur le plan personnel ?
A Rodez, c'était un peu compliqué car je me suis retrouvé sur le court central face à un jeune 1500e mondial (NDLR: Maxence Beaugé). Il a commencé par un service à 217 Km/h. Je me suis alors tourné vers l'arbitre en demandant si le service n'était pas limité à 180. J'ai pris un warning car j'avais juré ! Mon adversaire m'a parfaitement respecté et m'a collé deux roues de vélo. Au Koweit, c'était beaucoup mieux car j'ai marqué un jeu (rires). C'était une grande satisfaction car le président de la fédération du Koweït m'a remis un trophée F15 pour le mérite d'être venu présenter le sport santé et le combat contre le cancer. Ils étaient très sensibles à cette démarche.
En quoi c'était pour vous important de parler de votre histoire dans le cadre du sport santé ?
Avec cette maladie, les gens ont tendance à fuir. Nous, on est là pour montrer que l'on peut s'en sortir. Pour ma part, le tennis m'a beaucoup aidé, ne serait-ce que moralement. On est là pour les rassurer. Il faut garder le moral et surtout conserver les éléments qui nous tiennent en vie. Pour ma part, c'est le tennis.
Avez-vous eu des messages d'encouragements sur le circuit ?
Tout à fait. J'en ai eu en Espagne notamment lors d'un tournoi vétéran. C'était très difficile car j'avais besoin de plus de repos entre les échanges. Mon adversaire a poussé le public à m'applaudir. Il y a aussi le joueur dominicain que j'ai affronté au Koweït qui a posté un message stipulant que c'était un honneur d'avoir joué face à moi. C'est une grande satisfaction car c'est un joueur qui joue en Coupe Davis avec son pays.
La suite, c'est quoi ?
L'objectif désormais est de maintenir ce beau classement que m'a donné la FFT. Se rapprocher aussi de mon classement réel (entre 4/6 et 3/6). Je vais aussi faire les championnats de France dans ma catégorie. Pourquoi pas taper à la porte de l'Equipe de France aussi cette année. Cela dépendra de mes résultats. Puis surtout retrouver un travail mais peut-être différent. Bosser pour la Fédération, la Ligue ou une marque dans le sport. Mais surtout continuer à profiter du plaisir d'être sur un court.