Tennis. ITW - Myrtille Georges va arrêter : "Je suis passée à autre chose..."
Par Aude MAZ le 13/05/2020 à 13:15
Myrtille Georges fait partie des joueuses touchées de plein fouet par l'arrêt total du circuit depuis deux mois. 283e mondiale, ce n'est pas son prize money de début d'année qui pouvait la faire vivre sans nouvelles rentrées d'argent. C'est pourquoi, pour elle, les aides annoncées par la WTA et la Fédération Française sont capitales, même si elle n'en connaît encore pas précisément les modalités. Tennis Actu l'a joint dans l'après-midi pour avoir son sentiment sur la situation. La joueuse en a profité pour annoncer qu'elle allait dès septembre se tourner vers d'autres objectifs, et mettre fin à sa carrière professionnelle. A l'image de Pauline Parmentier, ce n'est pas la fin de carrière rêvée. Mais ce n'est pas le confinement qui la fera changer d'avis !
Vidéo - Myrtille Georges : "J'avais pas prévu de finir comme ça..."
Tout d’abord comment ça va, pendant ce confinement ?
Ça va ça va. Ça a été. Contente que ça soit la fin (rires).
Vous allez pouvoir rejouer la semaine prochaine ?
J’ai prévu de rejouer mardi. Je vais reprendre tout doucement, pour sentir un peu la balle, puisque ça fait tant de jours.
Ce doit être la première fois que vous vous arrêtez aussi longtemps de jouer au tennis ?
Oui, aussi longtemps c’est sûr.
"C'est pas ça qui va nous faire gagner de l'argent"
Et financièrement, comment ça se passe ?
Et bien, on gagne pas d’argent. On est tous et toutes dans le même cas, je pense. On est à l'arrêt, et on ne sait pas combien de temps ça va durer pour qu’on ait la possibilité de retravailler. Après qu’on puisse rejouer, c’est déjà bien. On pourra s’entraîner, mais c’est pas ça qui va nous faire gagner de l’argent. C’est plus ça le problème, on est un peu dans l’inconnu de quand est-ce qu’on va pouvoir reprendre notre situation.
Pas de tournoi, ça signifie aucune rentrée d’argent ?
Oui c’est ça, zéro moyen de rentrer de l’argent.
Vous pouvez vous entraîner, mais vous n'avez toujours aucune visibilité quant à une date de reprise ?
On n'a aucune visibilité en ce qui concerne les tournois, même eux ne le savent pas. On n'a pas du tout de date. Pour le moment, la prochaine date c’est fin juillet, je crois.
On parlait du 13 juillet mais des tournois en août sont déjà annulés, comme au Canada...
Je suis même pas connectée, j'ai même pas regardé (rires). En France, ça va être peut-être un peu plus tôt. Mais les clubs vont déjà devoir retrouver un fonctionnement normal.
Thierry Ascione a parlé d'une tournée dans le sud, aucune nouvelle à ce niveau-là ?
Non pas du tout. Là je pense qu'on a très peu d'informations, car je pense qu'eux-mêmes ne savent pas. C'est encore un peu flou, c'est encore un peu trop tôt. Déjà on ne sait pas trop comment ça se passe pour le déconfinement, comment les clubs arriveront à se mettre aux nouvelles normes.
Est-ce que cela met ta carrière en danger ?
Non. Cela ne la met pas en danger; vu que j'avais prévu d'arrêter en septembre. C'était ma dernière saison. J'ai un projet de reconversion à partir de septembre. Ça ne la met pas en danger, mais ne pas gagner d'argent pendant tout ce temps, ce n'est pas simple à gérer. Ce n'était pas prévu de finir comme ça, c'est sûr.
Quel est votre sentiment, car l'arrêt est un peu brutal, même si la fin n'est prévue qu'en septembre ?
Oui c'est un peu brutal. Peut-être que j'aurai la chance de rejouer un ITF avant d'arrêter, ou pendant les vacances scolaires pendant ma formation... je ne sais pas. Pour finir comme j'avais envie de finir....c'est sûr que c'était pas le plan de départ.
Par rapport à Roland-Garros, qui devait se jouer fin mai, vous aviez un classement pour rentrer dans les qualifications ?
Non, je n'avais pas le classement pour les qualifications.
Du coup, Roland Garros, ce n'était pas forcément dans le plan de départ ?
J'aurais bien voulu remonter au classement, j'avais pas énormément de points à défendre. Essayer d'aller chercher les qualifications de Roland, pour finir, c'était un peu l'objectif. Maintenant c'est septembre, c'est peut-être encore jouable. Il faut au moins qu'il ait lieu en septembre.
Il faut donc d'une part qu'il ait lieu, et d'autre part avoir pu gagner les points nécessaires ?
Ça, ça va être compliqué...
"C'est bien que la Fédération fasse attention à ses joueurs"
Comment accueillez-vous l'annonce du président de la Fédération, par rapport aux aides pour les joueurs et les joueuses ?
Je n'ai pas tout tout compris. Ça va dépendre si on touche l'aide de la WTA. Si on touche celle de la WTA, on n'a pas celle de la Fédération. C'est l'une ou l'autre je crois.
Concernant l'aide WTA, vous avez eu des informations ?
Moi, je n'ai aucune nouvelle. Au début, c'était ceux classés à partir de 250 et au-delà. Après est-ce qu'ils ont voté ? Est-ce qu'ils sont toujours en train de réfléchir ? Pour être honnête, je n'ai pas lu les dernières informations concernant cette aide. Je pense qu'ils sont toujours en train de réfléchir et que ça ne devrait pas tarder à sortir. La Fédération doit attendre de savoir qui bénéficie de cette aide pour déterminer la sienne.
On peut se dire quand même que c'est une bonne nouvelle que le monde réagisse ?
Oui, c'est bien que la Fédération fasse attention à ses joueurs et qu'ils fassent tout leur possible pour nous aider.
D'autant qu'on ne sait pas vraiment si Roland-Garros pourra avoir lieu...
Oui, c'est prendre des risques... Entre aider tous les clubs... C'est sûr que ce n'est pas simple pour eux non plus.
Puisque vous êtes sur la fin, je me permets de revenir sur des beaux moments, je pense, de votre carrière. Le grand public vous a découvert à Roland-Garros 2016, où vous aviez battu Christina McHale au premier tour, et aviez ensuite eu la chance de jouer Muguruza, qui malheureusement qui vous avait battue. Quel souvenir gardez-vous de ces matches ?
Ce sont de très bons souvenirs. Des moments de joie à Roland-Garros, c'est toujours spécial. J'ai eu la chance de jouer Muguruzasur le Central et décourvir ce grand court, ça restera gravé pour toujours. Des moments comme ça, ça fait toujours plaisir de les avoir en souvenir.
Est-ce que ça valide un peu tous les efforts et le temps consacré au tennis ?
Oui, ça valide tous les efforts. On joue un peu pour ça, donc avoir eu la chance de vivre ces moments...
Est-ce que c'est ça qu'il vous restera de votre carrière, ou d'autres moments également ?
Oui, c'est sûr que ces moments resteront, mais j'ai aussi d'autres moments qui resteront, je pense, gravés. Parfois, on gagne des titres, même dans les catégories inférieures, en 25 000 $, où ce n'était pas forcément les meilleures périodes. Ou alors, dans des lieux qui nous tiennent à coeur. Quand j'ai gagné à Cherbourg, je n'étais pas loin de la maison, devant mes parents. Ce sont aussi des bons souvenirs. Il y a plein de bons souvenirs dans une carrière. Il y a beaucoup de matches qui me resteront. Parfois aussi dans l'autre sens...cela fait partie d'une carrière.
Votre reconversion, ce sera dans quel domaine ?
Je vais d'abord commencer par passer le DE pour enseigner. Après, j'aimerais bien me diriger plus dans la préparation physique, et continuer dans le tennis, entre entraînement et préparation physique.
Repartir sachant que vous êtes proche de la fin, est-ce que la coupure vous a redonné une petit peu de motivation pour bien finir ? Ou,au contraire, vous vous êtes dit que finalement cela ne vous manquera pas tant que ça ?
C'est particulier... C'est sûr que je me dis que ça m'a permis de passer à autre chose. Au jour d'aujoud'hui, si je dois reprendre, sachant qu'on n'a pas d'objectifs, ce serait très dur. Et d'avoir cette reconversion en tête, ça m'a permis de vraiment passer à autre chose, de me concentrer sur d'autres projets et d'essayer de tout mettre en place pour l'avenir. Par exemple, les papiers pour s'inscrire et trouver un club pour donner pouvoir donner des cours. Ce serait très dur de repartir, même si j'aurais préféré finir autrement. Mais partir sur une saison entière, je pense pas que ce serait possible, ce serait trop.