Tennis. Le Mag Tennis Actu (3) - S'éduquer et se former par le tennis
Par Clémence LACOUR le 09/04/2017 à 17:15
Les quartiers sensibles sont perçus comme des ghettos par le reste de la population, les médias, et les politiques, des zones de non-droit qui vivent à part de la société. L'association Fête Le Mur, créée par Yannick Noah en 1996, tente de remédier au problème, en permettant à tous de jouer au tennis et en proposant diverses activités.
Vidéo - Noah : "Venez jouer au tennis avec nous"
Objectif : sortir du quartier
Dans le quartier il y a tout : le supermarché où ils font les courses avec leurs parents, l'école, le collège, le club de sport, la bibliothèque. Le quartier est une ville dans la ville, avec ses propres codes, et en sortir n'est pas simple. Après avoir constaté que la première difficulté à laquelle les jeunes des ZUS sont confrontés est de sortir de leur quartier, l'association les emmène en voyage et en sorties : 150 sorties ont été proposées au cours de l'année 2015. 500 enfants ont pu découvrir le tennis de haut niveau selon le site dont ils dépendent. Un grand nombre est allé visiter Roland-Garros, d'autres ont pu se rendre à l'Engie Open de Biarritz ou encore à l'Open 13, où des partenaires privés leur ont offert des places et permis de rencontrer Lucas Pouille. Kelya, justement, la petite élève de Fête Le Mur à Montpellier, raconte la journée : "On a vu Lucas Pouille. Et Tsonga aussi. Il m'a même touché la tête. Mais il avait l'air un peu pressé." Mais certains ont eu la chance non seulement d'aller sur ces gros tournois rêver de tennis, mais également de faire des voyages plus culturels. Les petits Marseillais sont ainsi partis à Monaco, ainsi qu'à Paris pour visiter le Sénat et l'Assemblée Nationale. Quant aux jeunes de Pessac, ils sont allés dans les Pyrénées. Depuis 1996 ce n'est pas moins de 15000 enfants qui ont bénéficié des actions de l'association. "Ca se passe toujours bien. Ce sont des jeunes comme les autres, une fois que le cadre est posé, ils restent enthousiastes et curieux de tout, mais il n'y a jamais aucun problème. Dans les grands clubs où on les emmène lors de la dernière grande compétition de l'année, tout le monde nous le dit " insiste Lore Bianciardi, responsable des animations et de la communication de Fête le mur.
Développer des parcours de formation
Entrer dans la culture scolaire afin de prendre l'ascenceur social n'est pas chose simple, et accéder à l'extérieur du quartier . Sur le site de Montpellier, les enfants confirment la difficulté à accéder à la culture scolaire : "Le français, j'aime pas trop" affirment-ils presque tous en choeur. "Les maths, ça passe encore", assurent-ils... Bachir, en 4e, aimerait quand même "supprimer l'école". Kelya le reprend : "Pourtant, c'est super, on apprend plein de choses qui vont nous servir dans notre vie, quand on sera plus grands." Souvent en difficulté face aux apprentissages scolaires, ils souffrent d'une perception inquiète du reste de la population. Aussi l'association met-elle un point d'hnneur à être partie prenante de la formation de ses protégés. Outre l'école d'arbitrage de Pau qui a permis les parcours exceptionnels de Zara et Elies, les jeunes peuvent aussi passer leur BAFA, BAFD, BPJEPS, CQP AMT ou encore leur DE grâce à des aides pour trouver les financements nécessaires. Certains ont également un parcours scolaire brillant. Nombre d'entre eux ont décroché un Bac, avec mention même, une belle performance quand on sait que seuls 75,5 % des élèves de ZUS ont obtenu leur brevet en 2013 et que seul un quart des collégiens va ensuite en Première. Pour Lore Biancardi, l'explication est simple : sortis du quartier, ces élèves ont été valorisés. Ils ont aussi découvert les bienfaits des consignes et le désir de progresser. Arbitre, c'est eux qui ont veillé au cadre pour le bon déroulement du jeu. C'est eux qui ont pris et imposé des décisions en se basant sur le règlement. Ils ont été valorisés. Ils veulent être ingénieurs, pompiers, graphistes, ils ont envie d'accéder à d'autres sphères, de développer un parcours différent. "On fait ce que l'Etat ne fait pas" résume Séverine Thieffry, directrice de l'association.