Open d'Australie - Leconte : "Les Français, c'est dommage"
Par Karl BOULLAND le 26/01/2015 à 08:29
Vidéo - Open d'Australie 2015 - Sur TennisActu.net avec Eurosport
Notre chroniqueur Henri Leconte est actuellement à l'Open d'Australie pour le premier Grand Chelem de la saison. Egalement présentateur sur Eurosoport de sa propre émission "Avantage Leconte", l'ancien finaliste 1988 de Roland Garros a accepté de nous dresser le bilan du contingent français engagé à Melbourne. Un bilan sans langue de bois comme d'habitude pour Henri Leconte qui n'hésite pas à mettre le doigt sur les faiblesses du tennis français.
Bilan assez moyen pour les Tricolores engagés dans cet Open d'Australie. Quelles sont les raisons de cet échec ?
Où est le problème ? Je crois que malheureusement la réalité est qu’on est vraiment en dessous de notre niveau. Je pense que tout le monde se l’est fait belle avec cette finale de Coupe Davis. On y a cru un peu et maintenant le naturel revient au galop. C’est-à-dire que nos joueurs français ne sont pas au niveau auquel ils étaient auparavant, à part peut-être Gilles qui a été au maximum de ses possibilités dans un match de folie contre Ferrer. Je pense que nos joueurs, que ce soit Gaël, Richard ou les autres, sont bien en dessous et qu'aujourd’hui on ne peut pas simplement se dire qu’on est capable d’avoir un joueur dans les dix meilleurs joueurs du monde. On est loin donc il y a encore beaucoup de travail à faire.
C’est un constat inquiétant et alarmiste, non ?
Non ce n’est ni alarmiste ni inquiétant, je pense qu’on se voilait la face, on se la faisait belle en se disant que oui, c’est vrai, ils ont le potentiel. Mais je crois qu’aujourd’hui il ne faut pas oublier une chose, chaque année c’est un TGV qui part : ils rentrent dans la gare bien avant l’Open d’Australie, mais s’ils prennent le mauvais train, c’est plus dur à rattraper par la suite. Tous les joueurs, même Federer par exemple, qui a perdu aujourd’hui alors qu’il a fait une très bonne saison, le payent à un certain moment.
C’est moins grave pour lui parce qu’il est 2ème joueur mondial mais pour nos joueurs français, ça commence à être non pas inquiétant mais dommage. Alors après, nous avons la nouvelle garde qui arrive, j’étais franchement très séduit par Lucas Pouille qui a fait un match fantastique et qui aurait pu passer contre Gaël Monfils. Et Océane Dodin, c’est le rêve, c’est notre petite pépite, je suis mort de rire parce que j’ai l’impression de me reconnaître en elle de temps en temps. Elle a un potentiel énorme, une joie de vivre, le travail que font Georges et le père d’Océane est exceptionnel. Voilà ça, ça nous a fait plaisir mais pour le reste, il y a encore beaucoup de travail et je crois qu’ils ont tous besoin de se remettre en question et savoir ce qu’ils veulent vraiment.
Il n’y a pas un petit creux générationnel ? Parce qu’on a l’impression que derrière les quatre français que l’on connaît, il n’y a personne ?
Oui et non, c’est vrai que moi j’étais le premier à dire qu’on avait pas grand monde mais quand on voit ce qui s’est passé ici à l’Open d’Australie, il y a quand même un petit quelque chose, qui peut mûrir tranquillement, avec du potentiel, donc c’est déjà ça. Après, il s’agit de confirmer par la suite. Le problème ce n’est pas ça, il faut qu’on arrête de dire qu’Océane a le potentiel pour être dans les dix meilleures mondiales, je crois qu’au contraire il faut qu’elle fasse ses armes, elle est montée très vite dans le classement WTA, tout comme Lucas Pouille, ils ont besoin de travail mais le potentiel est là, et ça c’est intéressant. Il faut les laisser travailler mais il faudrait aussi que la génération actuelle soit ouverte à certaines choses. C’est-à-dire montrer qu’ils sont là et qu’ils sont capables de faire. Cela risque d’être compliqué mais je pense que cet Open d’Australie va permettre aussi à tout le monde de se réveiller.
Océane Dodin a fait bonne impression à l’Open d’Australie. A votre avis faut-il déjà la prendre pour le prochain match de Fed Cup qui se déroulera en février contre l’Italie ?
La Coupe Davis et la Fed Cup signifient beaucoup pour les joueurs et les joueuses. C’est Amélie qui prendra cette décision, mais si Océane continue de progresser cela peut être intéressant et faire bouger les choses. On a besoin de jeunes qui viennent bousculer les plus anciens et qui frappent à la porte des équipes de France de Fed Cup et de Coupe Davis. C’est également valable pour Lucas Pouille, il ne faut pas leur fermer la porte.
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu