Tennis. WTA - Petra Kvitova : "Contente d'avoir mes cinq doigts"
Par Roxane TEJERINA le 02/07/2018 à 13:28
Tout le monde sait que Petra Kvitova a subi une attaque au couteau dans son appartement à Prague, fin 2016. Pourtant, la championne n'est jamais rentrée dans les détails, par pudeur. Un an et demi après ce tragique événement, on tendrait même à oublier qu'elle s'est absentée du circuit pendant cinq mois et que sa carrière aurait pu prendre fin. Eliminée au deuxième tour de Roland-Garros en 2017 pour son tournoi de reprise, elle remportait dans la foulée le tournoi de Birmingham. Incroyable. Elle terminait l'année à la 29ème place et pointe désormais à la 8ème place mondiale, et a déjà remporté cinq titres en 2018. Bonnie D. Ford, qui travaille pour ESPN, chaîne de télévision sportive américaine, a mené une riche enquête sur le come back de la joueuse aux deux titres du Grand Chelem. "A la fin de la journée, je suis heureuse d'avoir mes cinq doigts"
Petra Kvitova will not be broken. https://t.co/EwhnBi4t22
— Bonnie D. Ford (@Bonnie_D_Ford) June 29, 2018
Ainsi, on apprend que la première chose que Petra Kvitova a demandé à son chirurgien Radek Kebrle est : "Docteur, est-ce que je vais pouvoir disputer Wimbledon ?" Ce à quoi il avouera avoir pensé : "A ce moment je me suis dit "Elle est folle !", ta blessure est tellement profonde... On se demandait si elle allait à nouveau pouvoir se brosser les dents ou retrouver un usage de la main et tu me demandes ça... J'ai compris la question. Je lui ai dit : "On va faire tout ce qu'on peut pour que ce soit possible" Le chirurgien avait estimé les chances de retour au tennis de haut niveau à 10%. Radek Kebrle, qui avait vingt ans de carrière derrière lui, continue. "Je savais de qui je m'occupais. Je savais ce dont elle avait besoin et je savais que sa carrière était en grand danger. J'avais peur pour moi parce que je me disais que si elle ne parvenait pas à revenir, tout le monde ferait la connexion avec moi et les gens se diraient : "C'est le type qui a mis fin à la carrière de Petra Kvitova.""
Après une telle attaque, pas évident de retrouver ses esprits. La joueuse de 28 ans ne pouvait plus sortir toute seule "Je ne pouvais plus rester toute seule. Pour être honnête, j'avais besoin d'aide. Je suis quelqu'un d'indépendant et d'un coup, je ne pouvais plus me débrouiller seule. Je suis quelqu'un de discret, ce n'aurait pas été possible d'engager quelqu'un pour me suivre tout le temps et manger trois tables derrière la mienne" Son appartement, elle ne pourra le récupérer que quelques mois plus tard, pour le besoin de l'enquête. Du coup, elle emménage à Prague avec sa famille. Elle retouche à une raquette pour la première fois trois mois après l'attaque.
25 titles! I can't quite believe it ðŸ¤
— Petra Kvitova (@Petra_Kvitova) June 24, 2018
Thanks so much to everyone in Birmingham for a fantastic tournament 🙌
Also, congratulations to Magda... and to my headband for staying on all week 🤣 pic.twitter.com/ZU4SAS6xMj
En dehors du court, elle vit cette épreuve comme un challenge. On l'avait empêché de faire ce qu'elle aime peut-être le plus au monde, et comme ce n'était pas sa volonté personnelle, elle voulait revenir. Elle fait son retour à Roland-Garros en 2017 donc, un mois plus tôt que ce que les médecins avaient imaginé. "J'avais l'impression qu'on m'avait pris le tennis, et que ce n'était pas ma décision. D'un coup, je n'avais plus pu faire ce que j'aimais. [...] Je suis surprise de la manière dont j'ai abordé les choses. Bien sûr, je suis quelqu'un de positif dans la vie mais lorsqu'on vit quelque chose comme ça c'est différent. Quand on perd un match, on peut se dire qu'on aura une nouvelle chance la semaine d'après. Mais lorsque je suis partie à l'hôpital sans savoir si j'allais encore avoir mes cinq doigts... Je ne voulais pas penser aux pires des issues." Petra Kvitova revit, mais comme elle l'avait expliqué en conférence de presse à Roland-Garos, elle ne se sentira vraiment libre que lorsque son agresseur - arrêté avant la quinzaine parisienne - sera écroué. En attendant, les yeux rivés vers un troisième sacre britannique (après 2011 et 2014), et le poing levé.