Thomas Bach : "Les JO ne peuvent changer un pays"

Thomas Bach, président du CIO se félicite d'avoir été le premier à avoir eu un contact personnel, même deux, via des appels vidéo avec Peng Shuai, d'abord portée disparue, puis suspectée d'être entravée dans ses libertés, suite à son accusation de viol sur un ancien vice-premier ministre chinois. Son texte de mise en cause est resté une vingtaine de minutes en ligne sur le site Weibo avant d'être effacé par la censure. La joueuse a ensuite disparu de la circulation, avant une réapparition partielle. Si pour le CIO ces contacts sont largement rassurants et dit continuer à travailler dans l'ombre, la WTA qui n'a pas obtenu de pouvoir parler à sa joueuse a préféré se montrer extrêmement ferme en arrêtant de concourir en Chine pour le moment.

Une position largement validée dans le monde du tennis. Dans un long entretien pour le site dpa-international, Thomas Bach, le président du CIO explique sa position et réaffirme son souhait d'effectuer une "diplomatie silencieuse" en refusant que les Jeux olympiques portent le poids d'une politique internationale : "S'attendre à ce que les Jeux olympiques puissent changer fondamentalement un pays, son système politique ou ses lois est une attente complètement exagérée. Les Jeux olympiques ne peuvent pas résoudre des problèmes que des générations de politiciens n'ont pas résolus."

Le CIO sur la WTA : "Des méthodes différentes"

Lors de cet entretien, Bach a réaffirmé sa volonté d'agir discrètement à l'inverse de ce qu'a fait la WTA : "Vous avez normalement deux options : une déclaration publique dans l'espoir que cela résoudra la situation, éventuellement combinée à une pression publique. Soit vous devenez vous-même actif afin de trouver une solution par un dialogue discret. C'est ce qu'on appelle la diplomatie silencieuse. Sur la base de l'expérience d'autres organisations, des gouvernements et de la nôtre, cette option est la plus prometteuse. Nous avons essayé de contacter Peng Shuai, avec son intégrité physique au centre. Vous connaissez le résultat de ces efforts qui ont abouti à deux visioconférences les 21 novembre et 1er décembre. Et pour le dire tout de suite : ces deux visioconférences ne marquent pas la fin de ce processus....Nous avons suivi la même stratégie en Afghanistan au cours des derniers mois lorsque nous avons réussi à obtenir des visas humanitaires pour plus de 300 membres de la communauté olympique afghane grâce à la diplomatie silencieuse et avec l'aide du mouvement olympique."

Clairement, le président du CIO ne valide pas la façon de faire de Steve Simon, mais selon lui les deux entités oeuvrent dans le même but : "J'ai décrit que nous avions deux options : soit faire une déclaration publique comme la WTA, soit choisir notre approche de contact direct. La WTA a fait son chemin et a pris sa décision. De nombreuses autres organisations sportives ont choisi une voie différente. Bien que les voies diffèrent, les objectifs peuvent, cependant, être les mêmes.  On s'inquiétait de son intégrité physique. Nous pouvons dire avec confiance qu'il a été établi par un contact personnel. Nous poursuivrons cet effort humanitaire et ce contact. Les Jeux d'hiver n'en marqueront pas la fin." Néanmoins, Thomas Bach reste très évasif sur les intentions du CIO sur l'origine du problème : les soupçons d'agressions sexuels d'un haut dignitaire chinois sur Peng, alors qu'il tient à coeur à Steve Simon de faire toute la lumière sur cette affaire.

Le communiqué de Steve Simon ce mercredi 1er décembre

Dans un communiqué Steve Simon a réitéré sa demande d'une enquête transparente et explique l'arrêt des tournois WTA en Chine pas seulement par un simple Boycott, mais aussi, et surtout, il ne peut admettre d'envoyé des joueuses dans le pays où l'une d'entre elles ne peut semble-t-il pas aller et venir librement : "Bien que nous sachions maintenant où se trouve Peng, je doute sérieusement qu'elle soit libre, en sécurité et non soumise à la censure, à la coercition et à l'intimidation". Il a ensuite annoncé la sanction : "En conséquence, et avec le soutien total du conseil d'administration de la WTA, j'annonce la suspension immédiate de tous les tournois WTA en Chine, y compris à Hong Kong. En toute bonne conscience, je ne vois pas comment je peux demander à nos athlètes de concourir là-bas alors que Peng Shuai n'est pas autorisée à communiquer librement et a apparemment subi des pressions pour contredire son allégation d'agression sexuelle. Compte tenu de l'état actuel des choses, je suis également très préoccupé par les risques auxquels tous nos joueurs et notre staff pourraient être confrontés si nous organisions des événements en Chine en 2022."