Matija Pecotic, fin d'un rêve, retour à la finance ?

La sensation de la nuit de mardi à mercredi à Delray Beach avait été signée par Matija Pecotic, 784e mondial. Le Croate, 33 ans, avait intégré le tableau des qualifs un peu par hasard puisqu'il occupe un job à plein temps dans un fonds d'investissement dans l'immobilier. Ex 206e mondial en 2015 et titré à 10 reprises sur le circuit ITF, il a montré qu'il avait toujours l'amour du jeu en épinglant Jack Sock, 4-6, 6-2, 6-2. Le tout sous les yeux de son boss ! Celui qui pratique le tennis désormais quasiment comme un passe-temps et qui est diplômé de Princeton et de Harvard vit un rêve éveillé. Celui qui a claqué 10 aces et 30 coups gagnants a vu son rêve prendre fin mercredi soir contre Marcos Giron, 6-3, 6-3. Pas de quoi entâcher cette belle histoire. Retour sur son rêve.

"J'ai dû envoyer un e-mail à toute l'équipe. Mon patron m'a laissé tranquille. Je vais devoir demander un autre jour de congé demain"

"En ce moment, je n'ai pas de mots pour décrire ce que je ressens. Je ne m'attendais pas du tout à gagner ce match, j'ai réussi à ne pas être nerveux et tout ce que j'avais préparé a parfaitement fonctionné. J'ai dû quitter le travail plus tôt aujourd'hui", avait plaisanté Pecotic, dont le patron était dans sa loge de joueur lors de l'exploit contre Sock. "J'ai dû envoyer un e-mail à toute l'équipe. [Mon patron] m'a laissé tranquille. Je vais devoir demander un autre jour de congé demain", a-t-il poursuivi avec le sourire. Quant à un retour à temps plein sur le circuit ? "Je ne sais pas, il faut peut-être demander aux fans si je dois revenir sur le circuit ATP pour me consacrer au tennis." La question va se poser désormais.

"J'ai atteint la 320e place en six mois, en jouant le meilleur tennis de ma vie puis le Covid a frappé"

L'histoire du Croate est folle. Pecotic est passé professionnel en 2014, à l'âge de 24 ans. Il s'est hissé jusqu'à la 206e place en moins de deux ans, mais les complications d'une opération de l'estomac l'ont laissé alité pendant huit mois, ce qui lui a donné beaucoup de temps pour réfléchir à ses plans. "Cela a changé la trajectoire et le calendrier de ma carrière", a déclaré Pecotic aux médias à Delray après sa qualification. "J'ai postulé en école de commerce sans réelles attentes, mais j'ai été accepté." Rapidement au sein de l'équipe universitaire de tennis de Harvard, l'Américain a gardé son amour pour le tennis intact. "J'ai redécouvert mon amour du jeu en jouant avec ces gars six jours par semaine. Après l'école de commerce, je me suis dit : "Tu sais quoi ? Je vais me donner 12 mois (sur le circuit), à fond, et si j'arrive à la 250e place en un an, je continuerai. J'ai atteint la 320e place en six mois, en jouant le meilleur tennis de ma vie puis le Covid a frappé.". Pecotic a été contraint de rentrer chez lui et a repris son travail chez Wexford Capital, une société de fonds spéculatifs et d'investissements immobiliers. Finalement, le tennis n'est pas resté loin et le voilà récompensé aujourd'hui. Une belle histoire. A voir s'il tentera de rejouer plus souvent sur le circuit secondaire ou s'il restera sur ce fantastique souvenir.