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Manon Léonard a apporté le point de la montée en Pro A

Interclubs Pro B (D)
Mis à jour le par Antoine GUILLOU

Manon Léonard avait débuté la saison 2024 en boulet de canon avec trois finales sur ses quatre premiers tournois. Sa belle régularité et son titre au 35 000$ de La Marsa en Tunisie en juin lui ont permis d'accéder au Top 200 au mois de septembre. Elle l'achevée en beauté en remportant le point décisif ce dimanche en Pro B sur les courts du Stade Clermontois. Enfant du TC Fontainebleau, elle évoluera en Pro A l'an prochain.

L'ENTRETIEN Manon Léonard sur Tennis Actu

Présente à l'Engie Nantes Open, la joueuse de 23 ans s'est entretenue avec Tennis Actu pour évoquer son parcours, ses objectifs et revenir sur quelques moments forts de sa jeune carrière, comme son quart de finale à l'Open d'Australie juniors en 2019. 

 

"En Australie, je suis battue par Leylah Fernandez, donc pas trop de regrets..."

Bonjour Manon Léonard. Beaucoup te découvrent cette année grâce à ton arrivée fracassante dans le Top 200 WTA. Peux-tu te présenter, ainsi que ton style de jeu ?

Bonjour tout le monde. Je suis 190e mondiale cette semaine, mon meilleur classement. J'étais 380e au début de l'année, donc c'est plutôt une bonne saison. J'ai joué les qualifications de Roland-Garros et l'US Open, donc c'était cool. Mon jeu est assez varié. J'aime bien monter au filet, faire des amortis, créer du jeu et bien défendre, donc je dirais que j'ai un jeu assez atypique. Droitière, revers à deux main : la classique.

 

Tu as atteint les quarts de finale de l'Open d'Australie juniors en 2019 ?

J'ai joué tous les Grands Chelems en junior. J'ai fait plusieurs fois Roland-Garros car j'ai eu la chance d'avoir des wild-cards. En 2018, j'ai fait Wimbledon et l'US Open, et en 2019 l'Open d'Australie. C'était une super expérience, surtout que j'atteins les quarts de finale. Menée 6-1, 5-3 au premier tour, je m'en sors mais c'est un miracle. Ensuite, ça m'a libéré pour les matchs suivants. Je perds contre Leylah Fernandez (32e aujourd'hui, ex 13e mondiale). Quelques années après, elle atteignait la finale de l'US Open, donc pas trop de regrets.

 

Ça reste un beau souvenir ?

C'est un super souvenir. J'ai beaucoup aimé le tournoi. L'ambiance est vraiment sympa, c'est assez festif. Les quatre Grands Chelems sont vraiment différents les uns des autres. Ils se distinguent chacun par quelque chose, donc c'est vraiment cool. J'aime moins l'US Open. C'est assez festif mais bruyant. Après, New York est tellement incroyable, ça se distingue par ça aussi. C'est dingue.. Toutes ces tours monstrueuses, c'est assez impressionnant.

 

"Je n'ai jamais vraiment été une pépite"

Tu avais un gros potentiel dès le plus jeune âge ?

Je n'ai jamais vraiment été une pépite. J'avais 18 ans au moment de mon quart de finale de l'Open d'Australie juniors, donc c'est rien d'exceptionnel. Certaines le font à 15 ou 16 ans. C'était tout de même un bon résultat. Il y a une statistique qui disait qu'un gros pourcentage de joueuses qui ont été dans le Top 50 juniors, - moi j'étais 47e - arrivent dans le Top 100 WTA.

 

Leylah Fernandez était favorite au moment de votre match ?

Oui. Elle devait être environ tête de série n°2 et fait finale du tournoi. Elle a perdu contre Clara Tauson, qui est aussi Top 100 aujourd'hui.

 

"La seule période où je joue sur terre battue, c'est avant Roland-Garros"

Quel a été ton parcours tennistique ? Beaucoup partent aux Etats-Unis, ce n'est pas ton cas.

Je suis restée en France. J'ai eu mon bac à 18 ans. J'ai fait le Cned (Centre national d'enseignement à distance) de la 6e à la Terminale. Je n'avais pas envie de partir aux Etats-Unis. Ça se fait beaucoup mais j'avais l'impression que si je partais, je ne pourrais pas atteindre un jour le Top 100. J'ai donc fait le choix de ne pas y aller. Mon entraîneur m'avait poussé à y aller, puis je me suis blessée à l'épaule à 19 ans et demi. Je me suis fait opérer et ai perdu beaucoup de temps. J'ai repris en janvier 2022. Depuis, c'est pas mal. J'étais non classée et je suis aujourd'hui dans les 200, donc c'est top.

 

Tu joues très peu sur terre battue. As-tu une mauvaise relation avec cette surface ?

(Rires) C'est une très bonne question. J'adore jouer sur terre battue. Je prends du plaisir car j'aime les amortis et les glissades. Depuis ma blessure à l'épaule, c'est vrai que j'ai du mal. J'ai de très mauvais résultats sur terre depuis 2022. Le pourcentage de matchs gagnés n'est pas bon, donc on a décidé de jouer le plus possible sur dur, l'objectif principal étant de prendre le maximum de points pour intégrer les qualifications des Grands Chelems. La seule période où je joue sur terre battue, c'est avant Roland-Garros.

 

Ne faut-il pas se forcer à jouer sur toutes les surfaces pour développer son jeu ?

Ce qui est étonnant, c'est qu'à l'entraînement, je joue bien sur terre battue. Dès que j'arrive en match, c'est un peu tendre et sur terre, ça pardonne moins que sur dur. Je n'ai pas envie de laisser la terre battue pour autant car je peux bien jouer dessus : je défends bien, j'ai une bonne main donc tous les ans, je vais essayer entre avril et mai. On verra.

 

"Jouer l'US Open dès cette année était une bonne surprise"

Comment se passe cette saison 2024 ? Y a t-il de la fatigue ?

Oui, il y a un peu de fatigue. J'ai beaucoup joué cette année, plus que les années précédentes. C'est mon 31e tournoi sur le circuit donc c'est dans la moyenne. J'ai eu la chance de ne pas avoir de blessures. Depuis l'épaule, je touche du bois. Il y a de la fatigue mais pas de blessures, c'est le principal.

 

Fais-tu attention à ton épaule depuis cette blessure ?

Oui, je vois mon kiné deux fois par semaine quand je suis là. J'ai encore mal à certaines semaines de l'année. C'est normal après une opération. Le chirurgien m'a dit que ce serait très long. J'ai un peu moins de force, mais on y travaille. On essaie donc de préserver l'épaule pour éviter la rechute.

 

Cette année, tu as gagné un titre et disputé cinq autres finales. C'est de bonne augure pour la suite ?

C'est plutôt une bonne saison. J'ai fait six finales sur des gros tournois. C'est plutôt bien. En janvier, on s'était fixés de disputer les qualifications de Grand Chelem pour janvier 2025. Finalement, j'ai fait l'US Open en septembre donc c'était une bonne surprise. Normalement, l'Australie n'est pas très loin donc objectif respecté. C'est top.

 

"À Roland-Garros, les Français sont attendus donc ce n'est pas simple"

À Roland-Garros, tu as obtenu une wild-card ?

J'ai eu la wild-card de la Race sur les tournois en France. La finale à Grenoble m'a permis d'avoir cette wild-card. 

 

Tu as joué Alycia Parks, ex Top 50. Est-ce que ce type de matchs sont de bons tests ?

Oui. Qui tu joues, c'est un bon test en Grand Chelem car il y a déjà le stress à gérer. En plus, à Roland, les Français sont attendus donc ce n'est pas simple. Parks est une très bonne joueuse. C'était un bon test mais assez frustrant de par son style de jeu. Elle sert très fort : 200 en première et 180-190 en deuxième. Sur terre battue extérieure, c'est rare. J'étais un peu surprise. J'ai eu l'impression de ne jamais jouer mon jeu, donc c'était dur. 

 

Tu vois la différence entre une Top 100 et le reste ?

Franchement, c'est surtout le style de jeu qui varie. J'avais affronté Elina Svitolina. J'avais perdu, elle était très solide mais j'avais le temps de jouer et de mettre mon jeu en place. La sensation n'est pas la même en sortant du match. 

 

Les qualifications de Grands Chelem sont un objectif. Est-ce un objectif obligatoire pour s'en sortir financièrement ?

Oui, ça permet de prendre un coach sur pas mal de semaines, faire comme tu veux. C'est important d'en jouer. L'objectif pour moi sera de jouer les quatre qualifications de Grand Chelem en 2025, et me rapprocher du Top 150 pour être sûre d'y être. Je crois qu'une défaite au premier tour des qualifications, c'est autour de 20 000 euros, donc 80 000 au pire, ça aide.

Publié le par Antoine GUILLOU

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