Kyrian Jacquet : "Je peux largement atteindre le Top 100..."
InterviewSon cri perçant résonne encore sur le Central du Challenger de Quimper, le 25 janvier dernier.... En voulant aller chercher une balle impossible contre Otto Virtanen, Kyrian Jacquet s'était déchiré l'ischio-jambier sur... dix centimètres. Après une longue rééducation, il a finalement pu enfin frapper quelques balles jeudi sur les courts de la All In Academy, à Décines. Au moment de ce Challenger, le Lyonnais était 204e mondial, son meilleur classement.
L'Entretien Kyrian Jacquet sur Tennis Actu
Aujourd'hui 205e, le joueur de 22 ans, qui a découvert les qualifs de l'Open d'Australie en janvier et passer un tour, devrait avoir le classement pour prendre part aux qualifications de Roland-Garros. Mais le Lyonnais, victime de nombreuses blessures depuis le plus jeune âge, est lucide : il ne prendra aucun risque, même pour Roland. Dans un entretien pour Tennis Actu, Kyrian est revenu sur cette terrible blessure en Bretagne, la gestion complexe des trois derniers mois, et bien sûr ses ambitions pour la suite. L'Entretien Kyrian Jacquet.
"J’ai senti un coup de poignard comme jamais je n’ai ressenti. Et pourtant, j’en ai connu des blessures..."
Kyrian, comment vas-tu ? On t’a vu reprendre en salle puis un petit peu sur les courts chez toi à Lyon, à la All In Academy, après ta blessure sérieuse à l’ischio survenue à Quimper en janvier.
Ça commence à être de mieux en mieux. J’ai fait de l’isocinétique à Contrex (travail musculaire à vitesse constante) pour retrouver de l’endurance et de la force sur l’ischio. J’ai fait une injection de PRP, j’ai moins de douleurs. Ça va dans le bon sens. On fait tout pour que ça aille le plus vite possible mais aussi guérir complétement. J’ai déjà retrouvé le court. Je n’ai plus d’épaule car ça fait trois mois qu’elle n’a pas été sollicitée (sourire). Ce sont des bonnes douleurs.
Tu as ressenti un coup de poignard dans la cuisse ?
Oui, c’est ça ! En plus, le mec s’était tordu la cheville juste avant… (NDLR : Otto Virtanen). Mauvais choix de ma part d’aller chercher une balle trop difficile. J’ai senti un coup de poignard comme jamais je n’ai ressenti. Et pourtant, j’en ai connu des blessures. Je savais que c’était plus qu’une déchirure. Rupture partielle du muscle semi-tendineux et une désinsertion du tendon. J’étais très proche de l’opération.
Une grave blessure la semaine de ton meilleur classement, 3 mois out… On prend un gros coup derrière la tête ?
Très très frustrant… Je me rapprochais de mon meilleur niveau. J’avais été blessé en fin d’année dernière. Je n’avais pas pu faire de période foncière ni jouer beaucoup de tournois. Pourtant, j’étais vraiment bien. Très frustrant. Tu vois les autres jouer, performer, et toi tu es chez toi à attendre, à faire du physique du haut du corps. Je me sentais vraiment bien dans mon jeu et dans ma tête donc m’arrêter comme ça, c’était vraiment dur. Ça l’est encore maintenant.
Il y avait aussi eu les abdos après ton premier titre en Challenger fin 2023. Est-ce que tu arrives à trouver des explications à ces blessures ? Il faut rappeler que tu n’es pas épargné depuis tout jeune.
Beaucoup de blessures viennent du mental. Je suis très nerveux et le corps le ressent. J’ai beaucoup bossé là-dessus avec de la méditation et de la visualisation. Je vais continuer à bosser là-dessus. Depuis peu, j’ai aussi revu mon alimentation. Je la négligeais avant. Je ne mangeais pas n’importe quoi mais je ne faisais pas assez attention. En faisant une analyse alimentaire, on s’est rendu compte que j’avais beaucoup d’intolérances alimentaires. Je ne mange plus de gluten, de lactose, des aliments avec des œufs, pareil avec l’amande. Je sens que je récupère mieux. Je me sens mieux dans mon corps. C’est ce qui m’aidera à mieux me régénérer. J’ai fait beaucoup d’efforts là-dessus.
"Je ne suis pas sûr à 100% de jouer Roland-Garros. Je ne veux pas revenir, me blesser, et reprendre trois mois..."
Comment tu vois la suite, notamment le contre-la-montre jusqu’à Roland-Garros ?
Je ne suis pas sûr à 100% de le jouer. C’est Roland, si je peux, sinon… Je ne veux pas revenir, me blesser et reprendre trois mois. Je m’en fous d’être prêt tennistiquement. Je veux être prêt physiquement à faire un combat et ne pas me poser de questions. Je suis au clair avec moi là-dessus, être prêt physiquement est le plus important.
Quel est le timing pour le retour en compétition ?
Je recommence à courir et je vais reprendre un peu de terrain. Au fur et à mesure du temps, des déplacements plus violents. L’objectif qu’on s’est fixé, c’est de jouer la semaine avant Roland. Soit à Bordeaux avec une wild-card, soit à Oeiras. L’objectif serait de faire un tournoi avant Roland.
Ce serait la troisième fois en qualifs à Roland-Garros, la première fois dans le cut, tout seul comme un grand. Ça serait une fierté ?
Il y aura une saveur différente. Je pourrai dire que je l’ai mérité. Je suis très fier. Ce sera une vraie expérience car j’ai joué à huis clos mes deux premiers Roland. Je n’ai pas pu prendre de plaisir plus que ça. Dans un stade mort, sans famille, ce n’était pas deux bonnes expériences. Cette fois, ce sera incroyable. Ma famille a toujours été là. C’est important pour moi et pour eux. Ils seront avec moi bien entendu.
Tennis Actu avait rencontré Kyrian Jacquet en 2018
Publié le par Alexandre HERCHEUX