Lois Boisson, top 200 : "C'est symbolique. C'est un 1er palier"
InterviewLa folle série de Lois Boisson n'est pas passée inaperçue. Samedi, la joueuse de 20 ans a été battue par Anna Bondar, 108e mondiale, 7-5, 6-4, en demi-finale du 75 000 dollars de Chiasso. Avant cela, la Dijonnaise avait enchaîné 18 victoires et trois titres sur terre battue, avec un triplé Alaminos-Terrassa-Bellinzona. Soit deux 35 000 dollars et un 75 000 dollars. Numéro 297 le 4 mars, la Française se retrouve désormais Top 200, à la 191e place cette semaine.
L'Entretien Lois Boisson sur Tennis Actu
Avec cette remarquable série, Boisson s'est assuré une présence en qualifs de Roland-Garros. En réalité, elle a sans doute validé bien plus. Après une telle performance, la jeune joueuse peut légitimement envisager d'être récompensée d'une wild-card pour le grand tableau Porte d'Auteuil par la FFT. Pour Tennis Actu, Lois Boisson, rencontrée dès 2021, est revenue sur ces dernières semaines de folie et a livré ses ambitions pour la suite. L'ENTRETIEN Lois Boisson.
"Tu ne t’attends jamais à enchaîner autant de victoires..."
Lois, comment te sens-tu après cette folle série de 18 victoires de suite et trois titres ?
Je me sens bien. J’ai fait des bons matchs, des bons tournois. Un peu de fatigue parce que c’était dur physiquement mais j’ai récupéré assez vite. J’espère qu’il y aura d’autres séries comme ça.
Une série comme cela doit être difficile à assumer physiquement et mentalement ?
Surtout physiquement. C’est dur même si j’ai mis des outils en place qui aident à la récup’ donc ça allait. Mentalement, ça allait parce que tu gagnes, tu engranges de la confiance et tu es bien.
C’était imaginable quand tu as lancé la tournée sur terre battue en Europe ?
C’est surprenant. Tu ne t’attends jamais à enchaîner autant de victoires. Après, la terre battue est ma surface préférée. J’ai fait une bonne prépa sur terre avant les tournois. Au fur et à mesure des matchs, j’étais de mieux en mieux.
Avant cela, il y avait deux titres en 15.000$. Là, ce sont deux sacres en 35.000$ et un en 75.000$. Comment tu expliques cette progression fulgurante sur les dernières semaines ? Il y a eu un déclic ?
Déclic non, je n’aime pas trop ce mot-là. Je m’entraîne bien depuis plusieurs années. J’ai travaillé mentalement et ça porte ses fruits. Et plus je fais d’entraînements, mieux je me sens. C’est la continuité du travail.
Tennis Actu t’avait rencontrée au Havre en 2021, tu avais alors 17 ans. On a l’impression que physiquement, la progression a été énorme..
J’ai fini ma croissance. J’ai eu une grosse blessure à l’épaule en 2022. Je n’ai fait que du physique et j’ai pu me renforcer et me développer.
"Le Top 200 est un premier palier, je vise beaucoup plus haut"
Tu viens de franchir le Top 200, tu es dans le cut qualifs de Grand Chelem. Ton projet prend une autre dimension ?
C’est symbolique. C’est un premier palier. Ça permet de jouer les qualifs de Grand Chelem, d’entrer dans certains WTA. C’est un premier palier. Je vise beaucoup plus haut. Le Top 100 déjà en premier objectif et ensuite j’ai des rêves plus hauts.
Roland-Garros, comment tu l’appréhendes ? Une wild-card grand tableau ne peut plus t’échapper maintenant…
Je vais faire la demande. Je ne sais pas si je l’aurai. J’espère, mais sinon je ferai les qualifs. Roland-Garros, c’est le but quand on est Français. Le rêve, c’est de le gagner un jour.
Après avoir joué trois fois les qualifs, ce serait magique de découvrir le grand tableau...
Forcément ! Ce serait une nouvelle expérience. Au début tu en rêves, et après quand t’es dedans, les objectifs se mettent en place.
Tu aimerais te tester contre une grande joueuse ?
Oui… Je n’ai pas croisé beaucoup de Top 100. Après quel que soit le tirage, tu es contente. Tu joueras plus libérée contre une fille plus proche de ton classement, et si tu joues Swiatek d’entrée, tu fais ce que tu peux et tu essaies de gagner quand même. Je peux avoir mes chances contre n’importe qui. Une tête de série fait plus rêver qu’une fille qu’on peut jouer dans les autres tournois le reste de l’année, ça c’est sûr.
Iga Swiatek est ton modèle ?
C’est ma joueuse préférée. Elle est impressionnante de constance. Chez les filles, le Top 10 varie et elle reste constante. C’est la meilleure chez les femmes.
C’est aussi une inspiration sur le court ? Peux-tu nous parler de ton jeu ?
Plutôt un jeu de terre. Je suis un peu loin de ma ligne, j’aime bien avoir le temps pour jouer. J’utilise beaucoup mon coup droit. Je varie pas mal avec le slice côté revers. Le service kické ou à effet aussi, je l’utilise pas mal.
"Caroline Garcia m’envoie deux trois messages parfois. Elle est super sympa et m’a donné quelques conseils"
Quels sont les objectifs pour la suite maintenant ? J’imagine que tu es plus ambitieuse que prévu…
Pas forcément. Je n’ai pas vraiment d’objectif de classement, si ce n’est atteindre le Top 100 cette année. Ce sont surtout des objectifs sur le terrain et en dehors, des manières de penser.
Sens-tu plus d’ambition et de confiance quand tu te présentes sur le court ?
L’état d’esprit a changé avant cette série déjà. J’ai eu une évolution qui m’a permis d’enchaîner les matchs. Il y a plus de confiance mais l’état d’esprit reste le même.
Quel est ce changement ?
C’est plutôt une manière de penser sur le terrain. Moins se frustrer et voir le positif. J’étais plus nerveuse, plus sous pression… Quand on switche ce mode, c’est plus simple sur le court. J’ai travaillé avec un prépa mental. Il n’y a pas eu énormément de choses mises en place.
Battre une Top 100 et atteindre le Top 100, c’est un objectif cohérent ?
Oui oui je pense. J’ai surtout des objectifs à côté qui vont me permettre de réaliser ça normalement.
La fin de saison : des tournois te font rêver ?
Je vais pouvoir découvrir le gazon, je suis super contente. Je n’ai pas pu jouer Wimbledon en Junior. Je suis impatiente de vivre ça. C’est une surface particulière et devoir adapter son jeu à la surface, j’ai hâte. L’US, je ne connais pas non plus. Ça va être cool.
Tu nous avais confié que ton rêve était d’être numéro 1 mondiale. Tu as d’autres rêves ou envies en vieillissant ?
Franchement non. Ce sont les mêmes. J’en ai un, gagner un Grand Chelem, et en priorité Roland-Garros. C’est mon rêve ultime.
Tu t’entraînes à Lyon. Est-ce que tu reçois des conseils de Caroline Garcia ?
Je me suis entraînée plusieurs fois avec elle à Lyon. Elle m’envoie deux trois messages parfois. Elle est super sympa et m’a donné quelques conseils. C’est cool d’avoir des gens comme ça autour de soi.
L’Equipe de France, c’est aussi un rêve ?
Oui bien sûr. J’ai joué en U18 avec l’Equipe de France. J’ai vécu une super expérience. On ne peut qu’aimer ça. Jouer en Fed Cup, c’est aussi un rêve.
Que peut-on te souhaiter ?
Continuer à gagner beaucoup de matchs, faire un bon Roland… Continuer à prendre du plaisir sur le terrain, c’est le plus important. Garder une bonne santé aussi. Ce serait pas mal (sourire).
Tennis Actu avait rencontré Lois Boisson en 2021
Publié le par Alexandre HERCHEUX