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Lucas Pouille : "J'ai envie de jouer, me confronter aux meilleurs"

INTERVIEW
Mis à jour le par Antoine GUILLOU

Lucas Pouille ne lâche pas des yeux son objectif. Le Top 100 doit être retrouvé au plus vite, et pour cela, il faut jouer et gagner. Finaliste du Challenger de Saint-Tropez courant septembre, le Nordiste a finalement sauté Orléans, malade, mais se présente plutôt frais au Challenger de Mouilleron. Qualifié jeudi soir pour les quarts de finale après avoir écarté Calvin Hemery, il peut viser le titre. Un sacre en Vendée lui permettrait d'atteindre son objectif en rejoignant les 100. Pour Tennis Actu, l'actuel 124e mondial s'est confié sur ses derniers mois, sa passion pour le sport, mais également sur le cas Jannik Sinner, blanchi après deux contrôles positifs.

L'Entretien Lucas Pouille à Mouilleron pour Tennis Actu

 

"Il faut pouvoir enchaîner jusqu'à la fin de l'année..."

Tu as eu pas mal de problèmes physiques ces derniers mois. Tu étais malade à Orléans. Comment ça va ?

Ça va bien. Si je m'aligne sur le terrain, c'est que je vais bien et que je me sens compétitif. La semaine dernière, je n'avais pas pu enchaîner après Saint-Tropez car j'avais la gastro. Ce n'était pas l'idéal. Mais les niveaux d'énergie sont remontés. J'ai essayé d'être rigoureux depuis le jour où ça a commencé à aller mieux, pour être au mieux ici (au Challenger de Mouilleron). Ça va pas mal !

 

Tennis Actu avait fait un point avec toi après Roland-Garros. Depuis, tu as connu un été assez prolifique en terme de résultats. Quel bilan fais-tu des 3-3 derniers mois ?

Un bilan assez positif. Alors j'ai très peu joué car je me suis finalement retiré à Lyon. Je me qualifie à Wimbledon mais je me retire au troisième tour du tableau. Je ne joue pas en juillet. En août, j'arrive à Cary sans être prêt à jouer. Je le fais quand même mais je ne me sens pas du tout compétitif à ce moment-là. A l'US Open, je fais un tournoi correct où je perds au troisième tour des qualifications. C'est dommage car il y avait la place pour se qualifier. Le niveau de jeu n'était pas incroyable mais c'était mon premier tournoi après deux mois. Depuis, j'ai un bon niveau de jeu. Je perds contre Constant (Lestienne) à Rennes... 7-6 au troisième, puis une finale à Saint-Tropez et je suis en quarts ici (Challenger de Mouilleron). Mon niveau de jeu est positif et bon. Maintenant, il faut réussir à rester en bonne santé et pouvoir enchaîner jusqu'à la fin de l'année.

 

"Jouer les Challengers en France permet d'être à la maison, c'est agréable"

Cette tournée des Challengers en France est un choix purement sportif ?

Oui. Il y a d'autres choix mais les tournois en France sont super bien organisés. On joue dans de très bonnes conditions. La salle ici est magnifique. Rennes et Saint-Tropez sont de très beaux tournois. Ça permet aussi d'être en France, à la maison. C'est agréable. Et malgré tout, c'est une tournée où l'on reste dans le même pays. Il n'y a pas 1 000 voyages à faire. L'Asie était possible, l'Espagne pour jouer dehors. Il y a toujours beaucoup d'options différentes. J'ai préféré prendre celle-ci et j'espère que ce sera payant.

 

Tu as souvent eu de bons résultats sur dur indoor. Ce sont tes conditions préférées ?

Non, je pense que je préfère le dur extérieur. Après, les conditions sont agréables. Ici, elles sont particulièrement lentes avec des balles qui deviennent très lourdes après deux jeux mais ce sont des conditions qui vont bien à mon jeu, me permettent de mettre mon jeu en place, de bien servir, d'avoir le temps pour frapper fort et d'être agressif. Donc oui, c'est une surface que j'affectionne particulièrement.

 

"Ce serait super de commencer 2025 dans le top 100 et jouer l'Open d'Australie"

Tu es aujourd'hui 124e au classement ATP. Que représenterait pour toi un retour dans le Top 100 en cette fin de saison 2024 ?

Ce serait un objectif atteint. Je me suis fixé cet objectif en début d'année. L'an dernier, j'ai raté six mois de compétition. Cette année, je n'ai pas joué énormément, peut-être 15 tournois, ce qui n'est pas énorme par rapport à la plupart des joueurs entre 25 et 30. Ce serait super de commencer cette année 2025 dans les 100, jouer sur le circuit principal et être dans le tableau final de l'Open d'Australie. C'est là que j'ai envie d'être, de jouer, de me confronter aux meilleurs. Plus on joue à ce niveau-là, plus le niveau augmente. Avec mon niveau actuel, j'ai gagné de supers matchs cette année et je pense que j'en suis capable.

 

Malgré l'expérience, est-ce qu'on regarde toujours autant le classement ATP ? Est-ce une source de motivation ?

Alors oui, je le regarde, je ne vais pas mentir. Avant, je le regardais presque moins. Je le regarde car je sais que c'est mon objectif. Je veux savoir combien de points je dois prendre. Mais en aucun cas ça me met une pression quand je rentre sur le terrain. Je me focalise tellement sur le jeu et sur la façon dont j'ai envie de jouer que je fais abstraction de tout cela. C'est plutôt après où je me dis : "Tiens, il me reste ça, donc ça passe par des victoires" et le classement et les points sont les conséquences de ton jeu, de ton niveau et de tes victoires, et pas l'inverse. C'est très important.

 

"De A à Z, les Jeux de Paris étaient magnifiques"

Pour revenir sur cet été, on a vu ton engouement autour des Jeux olympiques sur les réseaux sociaux. Lucas Pouille est-il un fan de tous les sports ?

Oui, je suis un fan de sport en général. J'adore regarder, surtout quand il y a le drapeau de la France derrière n'importe quelle équipe, ou quel athlète. J'ai vibré pendant ces Jeux, olympiques et paralympiques. J'ai pris énormément de plaisir à suivre tous les sports, notamment ceux qui sont moins médiatisés. C'est une tellement belle occasion de les voir briller, de voir à quel point ce qu'ils font est extraordinaire. Parfois, on se dit que c'est dommage qu'ils ne soient pas davantage mis dans la lumière, mais c'est une question d'économie et d'intérêt pour les télés et les spectateurs. Mais les Jeux, c'est l'occasion de briller derrière tous ces athlètes. C'étaient, de A à Z, des Jeux magnifiques.

 

"L'affaire Jannik Sinner ? On ne sait pas vraiment ce qu'il se passe"

Tu aimes donner ton avis sur l'actualité du tennis sur les réseaux sociaux. Concernant l'affaire du dopage qui entoure Jannik Sinner, blanchi par la suite, tu avais tweeté : "Il faut peut-être arrêter de nous prendre pour des cons, non ?". Trouves-tu qu'il y a eu un 'deux poids deux mesures' dans cette affaire ? 

Je pense qu'on est perdus avec les différentes entités. Au-delà de toutes les instances médicales, le circuit de tennis a déjà l'ATP, l'ITF, les Grands Chelems et la WTA. Jannik Sinner a été blanchi par un tribunal indépendant. Maintenant, c'est l'AMA (Agence mondiale antidopage) qui fait appel. Encore une fois, ça part dans tous les sens. On ne sait pas vraiment ce qu'il se passe. Est-ce qu'il y a deux poids, deux mesures ? Moi je dirais que oui. Il a été blanchi, tant mieux pour lui. Je ne pense pas qu'il ait pris quelque chose de manière intentionnelle. C'est un joueur que j'appréciais énormément, que j'adorais voir jouer, mais pour moi, quand on signe les papiers antidopage, on est responsable de tout ce que l'on ingère dans notre corps. Ce n'est pas un petit produit. Alors oui, ce qu'il avait dans le corps était infime... mais encore heureux, j'ai envie de dire.

Quand je prends un joueur comme Mikael Ymer, qui a été suspendu deux ans pour trois no-show... Pour expliquer ce qu'est un no-show, ce n'est pas un refus de faire un contrôle, c'est de dire qu'on est hors compétition alors qu'on est en compétition, car on a mal rempli les documents, ou d'oublier de changer d'adresse car on voyage toutes les semaines. Malgré tout, on se fait contrôler 20-25 fois par an. Ymer a pris deux ans. Pour moi, ce n'est pas normal. Je ne connais pas l'affaire Sinner sur le bout des doigts. Je n'ai pas tout lu ni tout regarder donc je ne peux pas tout savoir mais ce que je sais, c'est que les joueurs pris récemment pour dopage ont toujours plaidé non coupable mais ont tout de même été suspendus de nombreux mois. Apparemment, Sinner a tout de suite su d'où ça venait. Ce que je trouve bizarre, c'est qu'un kiné lui propose d'utiliser une crème comme ça quand on est kiné du numéro 1 mondial. C'est le plus étonnant pour moi.

 

"Ce que disait Novak Djokovic était juste... Il y a trop d'instances différentes"

Cette affaire décrédibilise t-elle la lutte contre le dopage dans le tennis ?

Ce n'est pas la lutte contre le dopage. On est surveillés tout le temps, sur chaque tournoi, c'est monstrueux. Je suis arrivé à Mouilleron dimanche, j'ai été contrôlé alors que le tournoi n'avait pas commencé. Ça n'arrête pas, ils contrôlent sans arrêt. Pour moi, le travail est bien fait. Ce que disait Novak (Djokovic) était juste. Il y a trop d'instances différentes, et c'est dans ce but qu'il a créé la PTPA avec Vasek Pospisil, pour qu'il y ait une seule instance qui représente tous les joueurs de tennis et qui juge tout le monde de la même manière.

 

Merci Lucas Pouille. Que peut-on te souhaiter sur cette fin de saison ? Un parcours à Bercy, le top 100... ?

Pour Bercy, il faut pouvoir le jouer. J'aimerais beaucoup mais j'aurai besoin d'une invitation. Ce qu'on peut me souhaiter, c'est déjà de rester en bonne santé jusqu'à la fin de saison et d'avoir atteint mon objectif. Ce serait une année réussie et satisfaisante pour moi.

Publié le par Antoine GUILLOU

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