Houdet : "L'exhibition d'Adélaïde, ça gonfle la cagnotte"
ITWStéphane Houdet, véritable légende de tennis-fauteuil, vainqueur de 23 titres du Grand Chelem, a toujours un avis lucide sur les évènements qui touchent son sport. Présent à Melbourne pour disputer l'Open d'Australie au mois de février, le champion français est actuellement dans la quatorzaine obligatoire pour tous les joueurs. Avec toute sa lucidité et sa franchise, Stéphane Houdet a évoqué les récentes polémiques avec Tennis Actu, notamment la quatorzaine stricte de près de 72 joueurs mais aussi les "privilégiés" d'Adélaïde. Le joueur de 50 ans a donné de nombreuses informations peu entendues auparavant.
Stéphane Houdet confiné en Australie au micro de Tennis Actu
"Le vrai couac que je souligne, c'est la gestion par l'agence de voyage prestataire de Tennis Australia"
Beaucoup de couacs ont été évoqués par les joueurs mais un a particulièrement interpellé Stéphane Houdet avant même d'arriver à Melbourne. "Le vrai couac que je souligne, c'est la gestion par l'agence de voyage prestataire de Tennis Australia qui nous a envoyés n'importe où", déclare-t-il. "Mon partenaire de double est passé par Londres et 10h d'attente. J'ai refusé ce vol sachant qu'il y avait un vol direct de Paris vers Abu Dhabi avec 10h d'attente, ce que je comprends avec le système de charters. Mais, les tarifs de l'agence étaient deux fois plus chers que ceux que je trouvais. On a tous des billets aller et rien pour le retour. On sait qu'il n'y a rien de plus cher que des billets pris de cette façon. Je ne sais pas qui a géré dans cette agence, c'était un couac incompréhensible", a-t-il expliqué.
"Ça toque, les gens s'en vont et on récupère le sac de nourriture"
Si bien sûr les joueurs de tennis sont des privilégiés, il faut tout de même reconnaître que leur situation en ce moment est complexe à gérer et inédite. Dans les détails, le Tricolore a expliqué son arrivée à Melbourne puis à l'hôtel. "A l'arrivée, c'était un peu comme au Bourget. Nous avons fait tous les contrôles et puis les bus officiels nous ont transportés vers les hôtels avec une escorte de police. Là, nous n'avons pas été testés tout de suite comme c'était le cas à New-York. Les gens viennent toquer à la porte et nous demandent de rester dans nos chambres. Ça toque, les gens s'en vont et on récupère le sac de nourriture. Ça ressemble peut-être à une prison dorée. Ça doit ressembler à cela la partie solitude. L’hôtel a une baie vitrée mais pas de fenêtre, je suis dans un environnement complètement fermé. Il n'y a pas d'aération naturelle", nous-a-t-il raconté.
"Ils ont décidé d'organiser des exhibitions à Adélaïde pour gonfler la cagnotte"
Comme de nombreux joueurs, Stéphane Houdet a assisté à toutes les réunions zoom organisées par Craig Tiley, directeur du tournoi. L'objectif est tout simplement de répondre à toutes les questions des joueurs. "Tout le monde est invité et peut poser des questions. Il y a des requêtes plus ou moins personnelles et aussi générales. Il n'y a pas de service dans les chambres. J'ai cassé un verre et je ne pouvais pas avoir d'aspirateur au départ." Surtout, le Tricolore a livré la vraie raison qui a poussé Craig Tiley à envoyer les meilleurs joueurs du monde à Adélaïde. "Il y aussi beaucoup de questions sur Adélaïde concernant l'équité etc... Il y a eu une réponse importante de Craig Tiley. A partir du moment où le tournoi se joue, avec une quatorzaine, il fallait plus de budget. Ils ont donc décidé d'organiser des exhibitions à Adélaïde pour gonfler la cagnotte. C'est pour cela qu'il y a eu Adélaïde et je trouve ça assez logique. Qu'ils soient là-bas, ça vient aider tous les joueurs", assure-t-il.
"Concernant l'avion, c'est une question de lire entre les lignes"
Enfin, le natif de Saint-Nazaire a tenu à défendre les organisateurs. Pour lui, Craig Tiley n'a pas caché d'informations aux joueuses et joueurs. Ce week-end, certains émettaient que les joueurs n'avaient pas été prévenus de la possiblité d'être confinés 14 jours pour éviter une hécatombe de forfaits. "Il n'y a pas de manoeuvre de la part des organisateurs", nous-a-t-il assuré. "Tous les joueurs veulent jouer les Grands Chelems. Ceux qui disent "si j'avais su, je ne serais pas venu", il ne faut pas avoir beaucoup besoin de travailler pour faire ce choix. Je ne crois pas à une manoeuvre. Ce n’est l'intérêt de personne de ne pas jouer. Les organisateurs et les joueurs travaillent main dans la main. Concernant l'avion, c'est une question de lire entre les lignes. On a dit que si un membre de l'équipe était positif, tout le monde était cas contact. C'était écrit que la décision finale revenait au gouvernement de l'état de Victoria. Ce n'était qu'en cas de problème ça, on était sujet à l'avis de autorités médicales. On n'a pas pensé à ça mais c'était écrit", nous a-t-il confié. Rappelons qu'en février, Stéphane Houdet tentera de remporter son premier Open d'Australie en simple et le sixième en double. Un beau challenge !
Publié le par Alexandre HERCHEUX