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Arthur Rinderknech : "C'est drôle d'être si haut à la Race"

Le Mag
Publié le par Alexandre HERCHEUX

Il est actuellement le 2e Français à la Race, 33e lundi. Arthur Rinderknech, 25 ans, fait parler de lui en ce début de saison, et en bien ! Battu au dernier tour des qualifications de l'Open d'Australie à Doha, le protégé de Sébastien Villette a réussi un joli coup fin janvier en allant chercher son troisième titre en challenger à Istanbul. Obligé de passer par les qualifs, le Tricolore avait remporté 7 rencontres pour s'adjuger le titre et lancer pleinement sa saison. La semaine passée, à l'Open 13, Rinderknech a montré à tout le monde qu'il n'était pas qu'un joueur de Challenger mais bien un potentiel top 100 en pleine progression.

Le Mag Tennis Actu avec Arthur Rinderknech

Le diplômé en Business Général de la Texas A&M University a dominé Maxime Janvier et Maxime Cressy en qualifs avant de faire tomber Mikhail Kukushkin, joueur confirmé du top 100 et Alejandro Davidovich Fokina, 52e mondial. En quarts, il a même failli créer l'exploit contre Ugo Humbert, en se procurant une balle de match. A 198 points du top 100, Arthur Rinderknech pourrait très vite passer ce cap et s'inviter de plus en plus dans les ATP 250. Avant de se préparer pour jouer le challenger de Lille puis sur terre battue, le grand Arthur, 1m96, a accepté de discuter avec Tennis Actu de son début de saison, mais aussi de ses études au Texas et de ses ambitions. Avec au passage, un mot sur sa collaboration avec Sébastien Villette et son amitié avec Manuel Guinard. 

 

"L'Open 13, il y a un petit goût amer. Être si proche d’aller en demi-finale..."

Arthur, tu sors d’un beau quart de finale à Marseille, un forfait à Biella cette semaine, comment tu te sens ?

Ecoutes, tout va bien. J’étais un peu juste à Biella et ça ne servait pas à grand-chose de faire un match à 100% et ne plus l’être ensuite. J’ai fait l’erreur après Istanbul. Il valait mieux attendre et se préparer pour Lille.

 

Avec le recul, tu es heureux de ton parcours à l’Open 13 ou la défaite contre Ugo Humbert te reste en travers de la gorge ?

Il y a un petit goût amer. Être si proche d’aller en demi-finale pour jouer Pierre-Hugues, que je connais bien, qui est entraîné par mon cousin… Après je suis satisfait quand même de cette belle semaine avec du bon tennis et de belles émotions.

 

Tu es un habitué du circuit Challenger. Cette fois, c’était l’étape du dessus. Est-ce que ça a été une prise de conscience du niveau auquel tu peux évoluer ?

Oui, je sais que je suis capable mais en même temps je ne l’ai jamais fait. Après, je pense que quand tu es capable d’aller loin en Challenger, c’est que tu es capable de gagner des matchs dans les grands prix. Je ne pense pas que ce soit fou de dire ça. On connaît le niveau Challenger, à quel point il se développe, et que ça y joue très bien. C’était plaisant de voir que je pouvais jouer un top 50 et ou un joueur dans les 100 depuis longtemps.

 

Tu as eu un titre au Challenger d’Istanbul et tu as eu aussi une demie à Cherbourg. Comment analyses-tu ton premier trimestre ?

Il y a eu des très bonnes semaines. A Doha, je passe proche de la qualification. Avec le recul, je ne suis pas mécontent de ne pas m’être qualifié avec la quarantaine stricte etc… J’ai eu des belles semaines avec notamment Istanbul. Je suis arrivé dans un des challengers les plus forts de l’année. C’était le cut le plus fort de l’année, 160. C’était assez ridicule. Je fais les qualifs et j’ai un bon niveau de jeu cette semaine-là. Ensuite je suis rentré en France, j’étais excité. J’aurais sûrement dû me reposer la première semaine à Quimper. J’étais dans l’euphorie. Je n’ai pas eu deux semaines supers à Quimper. Puis à Cherbourg, je n’ai pas retrouvé mon meilleur niveau mais mentalement j’étais là, ce qui m’a permis de gagner des matchs. J’ai fait l’enchaînement Montpellier, Rotterdam, Marseille pour engranger de l’expérience. Ce n’était pas évident les deux premiers mais bon j’ai réussi à prendre mes marques et réussir à Marseille. Plutôt satisfait de ces 3 premiers mois. C’est toujours pareil, la priorité avec mon coach c’est de progresser dans le jeu et le classement suivra.

 

"C’est drôle de se voir 33e à la Race"

Il y a 2 ans à la même époque tu étais 485e mondial, aujourd’hui, à 25 ans, tu es 127e avec 3 titres en Challenger. Qu’est ce qui a fait que d’un coup tu as franchi des caps rapidement ?

Je suis rentré des Etats-Unis il y a 2 ans et demi. J’avais un niveau de base pas trop mauvais en revenant des USA et j’ai progressé ensuite. J’ai beaucoup apprécié le temps au CNE, j’y suis resté un an et demi. J’avais d’autres attentes qu’ils ne pouvaient pas vraiment combler à ce moment-là. Manuel Guinard, qui est un très bon ami, m’a proposé de les rejoindre à Rennes. Depuis janvier 2019, on s’entraine là-bas avec Sébastien Villette au club de Saint-Grégoire. J’ai plus de suivi. C’est plus précis sur moi et ce que je veux développer. Ça fait des détails qui penchent de mon côté.

 

Tu es dans une situation assez proche de Benjamin Bonzi. Vous avez tous les deux une éclosion assez tardive dans le sens où vous arrivez proche du top 100 à 25 ans environ. C’est difficile de voir jusqu’où vous pouvez aller. Est-ce que tu as un grand objectif ? Sens-tu jusqu’où tu peux aller ?

J’ai des rêves en tête comme tous les joueurs de tennis. J’ai juste l’envie et la conviction d’essayer de voir jusqu’où je peux aller. Je ne sais pas où ça m’amènera mais une fois que j’en aurais terminé avec ma carrière, je ne veux rien regretter. J’ai pris des décisions pas faciles. J’ai quitté ma famille, les amis, j’ai changé de villes. Mais, je me suis donné les chances d’aller au bout de ce qui est possible.

 

Lundi, tu étais 33e à la Race, deuxième Français. Quel regard portes-tu là-dessus ?

C’est amusant. On est à peine 3 mois de circuit, c’est très fictif. Ça ne veut pas dire grand-chose. C’est drôle de se voir 33e et Ben Bonzi 38e. Ça change des très grands joueurs Français qu’on voit tout le temps, Gasquet, Simon, Tsonga…  C’est sympa de se voir au milieu d’eux même si ça ne reflète pas la réalité sur une année. C’est assez sympa mais je ne me repose pas là-dessus.

 

"J’ai choisi les Etats-Unis pour continuer à jouer et faire des études pour assurer mes arrières"

Est-ce que tu peu revenir un peu plus sur les Etats-Unis. Pourquoi avoir fait le choix d’y aller ?

J’avais 18 ans, j’étais -15, j’avais fait les quarts des championnats de France mais je ne me sentais pas prêt à jouer sur le circuit. Quand on sait combien ça coûte… J’avais à peine le niveau pour me qualifier en Futures. Je n’avais pas une grande aide la FFT parce que je ne faisais pas partie des meilleurs, ce qui est normal, donc j’ai choisi les Etats-Unis pour continuer à jouer et faire des études pour assurer mes arrières. Quand t’es -15 à 18 ans tu n’es pas 5e mondial juniors. Il peut tout arriver, une blessure, ou juste que tu n’y arrives pas. C’était la meilleure solution et je ne la regrette pas. C’est sûr que mon parcours est différent mais il n’y a pas de bon ou mauvais moment pour faire son chemin. Le principal est de se donner les chances et d’aller au bout des choses.

 

Les études sont une précaution intelligente ou alors tu as déjà pensé à ton après-carrière ?

Non non, je ne suis pas forcément sûr. J’ai beaucoup aimé la vie aux Etats-Unis. Ensuite, j’ai eu la proposition d’aide de la FFT quand je suis revenu. On verra les opportunités en France mais j’essaye de ne pas trop me projeter là-dessus. Le Business m’a permis de ne pas me spécialiser en tout cas.

 

"Je peux me permettre des choses pour être meilleur que je ne pouvais pas faire avant"

En début de mois, tu avais évoqué les difficultés du circuit secondaire. Est-ce que la suite de ton premier semestre te paraît plus clair ?

Pour revenir là-dessus, je parlais plutôt d’une généralité sur le circuit secondaire. Je sais à quel point c’est difficile. Surtout en ce moment. Point de vue programmation, je vais jouer à Lille et ensuite me préparer sur terre battue pour être à 100% à Roland-Garros.

 

Tu as expliqué un peu plus tôt que tu avais été euphorique et trop joué. Est-ce que tu n’as pas aussi cédé sous la pression du calendrier ? C’est-à-dire beaucoup t’engager car le calendrier est flou.

Oui c’est le souci de la période en ce moment. Comme on sent que tout peut s’arrêter, on a tendance à vouloir enchaîner alors que ce n’est pas le mieux pour performer. C’est le piège dans lequel je suis tombé un peu l’an passé. Je considère qu’on est un peu plus à l’abri d’un arrêt et donc je peux recommencer à faire des programmations intelligentes.

 

Ça fait un petit moment que tu es installé dans le top 200. Est-ce que tu te sens plus léger en étant plus à l’abri financièrement parlant ?

C’est sûr ! Je pense que quand on arrive dans le top 240, qu’on joue les qualifs de Grands Chelems, ça fait 4 beaux chèques pour financer son année. Souvent, tu investis plus que tu gagnes. Là, tu commences à dégager plus de bénéfices, et c’est mérité. Bien évidemment, on sait que c’est pyramidal. Je pense que c’est mérité pour les joueurs qui arrivent dans le top 250. J’ai pris un entraîneur à temps plein pour moi. Je travaille avec un kiné. Je peux me permettre des choses pour être meilleur et progresser que je ne pouvais pas faire avant. Ou alors il fallait mettre des priorités sur des choses et pas d’autres. Les joueurs de tennis sauront de quoi je parle.

 

"On avance bien avec Manuel Guinard et Sébastien Villette ! Seb est un super entraîneur !"

Qu’est ce qui fait que ça marche avec Seb Villette ?

Une très belle rencontre déjà. Le discours passe et on se comprend l’un l’autre. On avance bien avec Manuel Guinard qui est un de mes meilleurs amis. Je pense qu’on est tous les trois des personnes qui font la part des choses et ça se passe bien, on s’éclate. Seb est un super entraîneur, il touche sa bille et c’est un plaisir d’avancer avec lui.

 

Avec Manu Guinard, vous êtes sparring mais il y aussi une dimension psychologique ? Vous vous boostez ?

Manu, c’est le profil qui se serait éclaté aux Etats-Unis. J’adore le gars ! On a un peu la même mentalité. On se pousse toujours à 100%. On se tire la bourre à l’entraînement très sainement.

 

Quel est l’objectif à court ou moyen terme ? Souvent on nous parle de jeu. Vas-tu être différent ?

Je ne vais pas être différent (sourire). Je ne suis pas vraiment porté sur le classement. Je ne vais pas vraiment te parler de classement. Evidemment que c’est cool d’approcher du top 100. C’est une belle étape mais je ne le regarde pas, je n’y pense pas. Si j’y arrive demain, dans plusieurs semaines ou dans plusieurs années ça ne changera rien. C’est plus sur le jeu, progresser mentalement, sur le court. Si je m’améliore, les points viendront et donc le classement. Ce n’est pas une fin en soi. Qu’est ce qui se passe si t’es 99e et la semaine d’après 101 ? Génial… tu peux dire que tu as été top 100 une semaine ou 3 ans 102e, qu’est-ce que ça change ? Ce n’est pas très important.

 

"Mon rêve, ce serait de finir et de dire que j’ai tout donné et atteint le plus haut que je pouvais !"

Le premier semestre réussi, ce serait grand tableau Roland-Garros directement ?

Oui ça serait super. Ce n’est pas un objectif en soi mais si je l’étais ce serait super. C’est plaisant d’être en Grand Chelem grâce à son classement et pas grâce à l’aide de la FFT, qui est très précieuse. Ce serait plaisant mais on verra où j’en suis. Je vais essayer d’être prêt avec une programmation intelligente.

 

Sur le circuit Challenger, tu as prouvé que tu avais une certaine maîtrise. Pour dire que la saison 2021 est réussie, ça passe par des perfs’ en 250 ?

Oui ça donne envie. Ce sont des tournois au top du top. Il y a des gros publics normalement. J’ai goûté et je veux rejouer des tournois comme ça et performer. Il n’y a pas la place pour être à 98% ou ne pas être bon.

 

Petite tradition Tennis Actu. Question difficile : quel est ton grand rêve ?

C’est difficile. Evidement jouer à Roland-Garros devant un public de folie. J’ai eu la chance de jouer l’année dernière avec peu de public. Ça aurait été sympa avec des Français autour de moi.  On a eu des belles émotions avec Manu Guinard en double l’année dernière. On bat des top 20 et on était pas loin de passer contre les 12es . Gagner des matchs ce serait super mais je n’ai pas de rêve précis. Je suis désolé…. Mon rêve ce serait de finir et de dire que j’ai tout donné et atteint le plus haut que je pouvais faire !

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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