Les trois plus grandes performances du XXIe siècle
Open d'AustralieL’Open d’Australie a débuté ce dimanche, de quoi se remémorer les grands moments qui ont faits l’histoire du Grand Chelem australien. Remontons dans le temps pour revivre, ou découvrir, trois rencontres du 21e siècle considérées comme de véritables chefs-d’œuvre. Non pas pour leur intensité, leur durée ni même leur scénario hollywoodien, mais bien pour la performance réalisée par l’un des deux joueurs. De véritables démonstrations. A chaque fois, le perdant malheureux est ressorti du court écœuré par la fessée qu’il s’est vue infligée. 3 sets secs, bien sûr, pour trois duels durant lesquels une forme de perfection tennistique fut atteinte.
L'Open d'Australie, comme si vous y étiez
2007 – demi-finale
Roger Federer bat Andy Roddick
6-4, 6-0, 6-2 (1h23)
« Comment je me sens ? Dépressif ! C’est terrible, je ne m’attendais pas à ça ce soir. Après 4-4 il m’a breaké une fois, puis encore une fois, encore une fois, encore… puis c’était fini en 24 minutes […] J’avoue que j’aurai payé beaucoup d’argent pour ne pas venir ce soir en conférence de presse. J’avais envie de m’enfuir… ». Tels étaient les mots d’Andy Roddick après avoir été témoin, et victime, de la version la plus aboutie de Roger Federer. La plus intouchable. L’Américain, 6e mondial, avait pourtant ses chances. En amont du tournoi, il avait battu le Suisse en exhibition à Kooyong, un match de préparation, s’était procuré trois balles de match quelques mois plus tôt au Masters, et lui avait subtilisé un set en finale de l’US Open. Ce jour-là, le meilleur joueur du monde en a décidé autrement. Dès le premier jeu de la rencontre, Federer donne le ton : retour gagnant de coup droit et passing de revers pour s’offrir un break d’entrée. Deux jeux plus tard, « A-Rod » recolle dans la foulée. A 4-3 Roddick, le match est plié. A partir de là, Federer va évoluer sur une autre planète. 11 jeux consécutifs. 11 ! Pourtant ultra-offensif, l’Américain prend d’assaut le filet. Rog’ lui répondra par un passing, puis un autre, et encore un. Coup droit court croisé, revers long de ligne, slice gagnant. Tout rentre. C’est un festival. Andy Roddick se sera fait passer 30 fois dans cette partie. Le ratio du numéro 1 mondial est irréel, comme sa performance : 12 fautes directes pour 45 coups gagnants. L’Américain n’aura pourtant pas fait beaucoup de déchets : seulement 18 fautes directes. Mais en face, son adversaire convertit les 7 balles de break qu’il s’est procuré. Roddick est tellement submergé par la vague Federer qu’à chaque point remporté le public lui offre une ovation. Après 1 heure et 23 minutes, Federer claque un ultime coup droit gagnant pour parachever son chef-d’œuvre. « Les chances de son adversaire en finale ? Mince » laisse entendre la victime après la rencontre. Le dimanche, le Suisse devient le premier et le seul joueur, encore à ce jour, à remporter l’Open d’Australie sans concéder la moindre manche de la quinzaine. Bref, prime Federer.
2008 - demi-finale
Jo-Wilfried Tsonga bat Rafael Nadal
6-2, 6-3, 6-2 (1h56)
Si sa victoire en 5 sets face à Roger Federer à Wimbledon en 2011, alors qu'il était mené deux manches à rien, reste probablement son plus grand exploit en carrière, cette rencontre-ci, à Melbourne, face à une autre légende du jeu, est sa plus grande démonstration de force. Ce jour-là, Jo-Wilfried Tsonga atomisa Rafael Nadal en demi-finale d'un tournoi du Grand Chelem. Dans sa tenue de samouraï, l'Espagnol a visité tout le court et faisait figure de punching-ball dans cette rencontre, la faute à un boxeur qui semble né en ce début de saison 2008. Acculé par le coup droit dévastateur de son adversaire, Nadal et sa trop courte longueur de balle ne pouvaient pas faire le poids. Le break d'entrée est signé Tsonga, avec en prime trois volées gagnantes. Un coup qu'il maîtrisa à la perfection ce jour-là. Dos au filet ou en déséquilibre, toutes les volées touchées par le Manceau retombent juste devant le câble. Un véritable florilège d'amorties pendant près de 2h. Dans la zone, comme on dit. Dans le deuxième set, Nadal tient bon jusqu'à 3-3, avant de sombrer définitivement sous les coups d'un Tsonga 2.0. Trois aces et un coup droit gagnant permettent au Français de conclure cette deuxième manche, sans encombre. La tête haute, le regard confiant, Jo balaie le public du regard, il sait que c'est son jour. Nadal, pourtant, s'accroche. Il s'offre même trois balles de break en début de troisième manche, rien n'y fait. Quelques jeux plus tard, l'homme de 22 ans frappe un 17e ace, le dernier puisque le match vient de prendre fin. 6-2, 6-3, 6-2. Lui-même n'en croit pas ses yeux, Rafa non plus, probablement. "Je pense qu'aujourd'hui, personne ne pouvait me battre" dit Tsonga après la rencontre. Aujourd'hui, oui, en effet. Cependant, deux jours plus tard, le Français s'incline en finale contre un autre jeune joueur qui, lui, avait sorti Federer dans l'autre demi-finale, et visait également un premier sacre majeur : Novak Djokovic.
2019 - finale
Novak Djokovic bat Rafael Nadal
6-3, 6-2, 6-3 (2h04)
Tout laissait à penser que cette finale serait grandiose. Six mois plus tôt, les deux hommes avaient livré un monument en demi-finale de Wimbledon. 5h15, sur deux jours. 10-8 au cinquième. Et davantage si l'on prend en compte leur précédente finale à Melbourne, un combat de gladiateurs d'une durée record de 5h53. Celle-ci, cependant, fera pschitt. L'œuvre parfaite du Djoker, déjà maître des lieux en Australie. Nadal, pourtant, avait dominé ce tournoi en ne concédant pas la moindre manche de la quinzaine et en ridiculisant, parmi d'autres, Stefanos Tsitsipas en demi-finale. Durant ce match, Djoko fut parfait : au service, au retour, à la volée, dans ses déplacements, en attaque, en défense... Sa longueur de balle était hallucinante, et ce, dès le retour, avec un break d'entrée dans le match. Une statistique illustre parfaitement cela : 49% de points remportés derrière la première balle de Nadal sur l'ensemble de la partie. Durant la première manche, le Serbe agresse constamment l'Espagnol côté coup droit pour s'offrir des balles courtes, et ce, avec un revers d'une précision chirurgicale. Djokovic ne semble jamais dépassé, anticipait chaque coup joué par Nadal. Le 5e jeu du deuxième set est le premier accroché sur le service du numéro 1 mondial. Il le remporte. Et à partir de ce moment-là, lâche davantage ses coups. Comme si Rafa en avait besoin... Comme Tsonga en 2008, il conclut la deuxième manche sur un coup droit gagnant et trois aces. Dans le 6e jeu du troisième set, Nadal s'offre sa première, et sa seule, balle de break, de débreak, en fait. Un revers projeté dans le filet gâche cette seule occasion de revenir au score. Novak Djokovic achève son grand rival quelques minutes plus tard et s'offre le droit de soulever la Norman Brookes Challenge Cup pour la 7e fois, synonyme de record absolu. "Not too bad". Avec 84% de succès derrière sa seconde balle et seulement 9 fautes directes, difficile de ne pas ressortir vainqueur... Le roi de la terre battue prendra sa revanche à Paris en 2020, pour leur dernière finale commune en Grand Chelem. Nadal ne perdra que sept jeux durant ce match, contre huit pour Djokovic à Melbourne. Ils se sont rendu la pareille.
Publié le par Tennis Actu