Yannick Noah, déçu : "Je nous voyais avec une médaille..."
Paris 2024L'incertitude plane sur l'avenir de Yannick Noah à la tête de l'équipe de France paralympique. Pour la deuxième fois de son histoire, la première depuis les Jeux de Sydney en 2000, le tennis-fauteuil français repart sans médaille des Jeux paralympiques, qui plus est à domicile cette fois-ci. Yannick Noah, pourtant riche d'expérience et de passion, n'a pu éviter cette désillusion. Stéphane Houdet, à 53 ans, a frôlé une sixième médaille mais s'est incliné en quarts de finale en simple, puis en double avec Frédéric Cattanéo lors de la petite finale, battus 4-6, 6-4, 10-5 par les Espagnols Martin De la Puente et Daniel Caverzaschi. Très ému, Noah a admis en zone mixte se préparer à une "gueule de bois", laissant planer le doute sur son avenir.
Yannick Noah, son bilan des Jeux Paralympiques 2024
"On savait qu'on vivait un truc unique"
Pas de médaille dans le camp Français
En simple, on a été un peu surclassés. Stéphane a fait un bon match en quarts mais on perd contre plus fort que nous. Par contre en double, que ce soit en demie ou aujourd'hui (vendredi), je pense que il y avait une place. Forcément c'est plus facile quand on est assis au bord du terrain. C'est une déception. On a rêvé, on a vécu ensemble une aventure tellement puissante depuis un an. J'avais jamais vu de match en fauteuil avec autant de monde, un public formidable. Je sais pas si ça arrivera encore une fois dans nos vies. On savait qu'on vivait un truc unique. C'est pour ça qu'on avait nos ambitions décuplées. Mais voilà, la vie continue.
Son rôle dans cette désillusion
C'est une question de perspective, de nuance. Il y a des victoires, des défaites. J'ai pas envie de dire je, c'est nous. Les joueurs ont tout fait. On a beaucoup bossé. C'est le sport, c'est comme ça. Faut accepter de perdre. Bien sûr que je suis déçu, je suis attaché à ces gars. Je nous voyais avec une médaille.
Le bilan
Je suis dans le tennis depuis que je suis môme. J’ai vécu des choses. Le tennis m’a énormément donné. C’est mon ADN. C’est une des plus belles expériences de ma vie, grâce au tennis, grâce à Stéphane (Houdet), qui m’a contacté. Ça, je n’oublierai pas, jamais.
"Je serai là pour l'atterrissage et après, on va voir"
La suite
C’est difficile de prendre une décision à chaud. C’est beaucoup d’émotions. Quand les lumières vont s’éteindre, on va avoir un réveil compliqué. Pour nous, les joueurs, les familles qui se sont investies, les volontaires. Donc il va falloir déjà gérer ça. J’ai déjà vécu ça. C’est quelque chose qu’il faut anticiper. Il faut être conscient qu’on va tous avoir une espèce de gueule de bois puissante. Chacun va gérer comme il pourra. Mais en tout cas, je serai là pour cet atterrissage. Après, on va voir.
Ses émotions
Je me suis éclaté. En tant que spectateur. Je me suis éclaté à regarder les autres. Des émotions comme ça c'est rare. Il y que le sport qui te donne ça. Je suis coach mais je suis artiste aussi. J'essaie de donner du bonheur. Je suis un passeur de relais. Beaucoup de gens découvrent que ce sont des athlètes. Qu'il y a du sacrifice. J'étais pas à l'aise de prendre une place qu'est pas la mienne.
"Stéphane (Houdet) a beaucoup de choses à apporter à des joueurs valides"
Stéphane Houdet sans médaille, une première depuis 2008
Il a gagné sa première médaille en 2008... Stéphane a fait des Jeux incroyables. Il a ses six gosses sur le bord du court, quand il a commencé, il n'en avait peut-être pas. J'ai rencontré un mec, sur le plan humain et professionnel, extraordinaire. Un respect incroyable. J'ai vu comment il travaillait. Il a beaucoup de choses à apporter à des joueurs valides de l'équipe de France. Ça c'est quelque chose que j'ai vécu de l'intérieur. C'est vraiment un leader. S'il a ce palmarès, c'est pas pour rien. On s'aime toujours. Et on verra la semaine prochaine et la suite.
Publié le par Timothée THOMAS-COLLIGNON