Alizé Cornet, sa der' : "Je peux enfin faire mes adieux... "
Roland-GarrosAlizé Cornet vit ses dernières heures en tant que joueuse de tennis pro. Après 20 ans de carrière, la Niçoise tirera sa révérence à la maison, devant le public français. L'Azuréenne n'a pas été épargnée par le tirage puisqu'elle défiera la tête de série n°7, la Chinoise Qinwen Zheng. Peut-être l'occasion de réaliser un dernier coup. Après avoir disputé son 1000e match en professionnel à Paris, Cornet pourra mettre fin à une carrière bien remplie sur la terre de Roland-Garros, foulée pour la première fois en 2005. L'occasion d'être honorée par le public français, qui n'a pas toujours été tendre avec la joueuse de 34 ans.
Alizé Cornet avant ses adieux à Roland-Garros
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"Roland-Garros, c'est une grande histoire d'amour qui n'a pas toujours été facile"
"Roland-Garros représente 20 ans de ma vie", a-t-elle déclaré en conférence de presse. "Ça a été mon premier tournoi du Grand Chelem quand j'avais 15 ans. Ce sera mon 20e cette année. C'était aussi l'endroit où je voulais dire au revoir au tennis professionnel. Je suis contente d'être arrivée à ce moment-là où je peux enfin dire mes adieux devant mon public et ma famille. Roland-Garros, c'est une grande histoire d'amour qui n'a pas toujours été facile. C'est le cas pour tous les joueurs français. Je suis contente de choisir ma sortie et que ce soit ici dans ce tournoi qui a signifié tellement pour moi."
"À des moments, il y a un peu de nostalgie qui m'envahit"
Pas facile d'appréhender cette der'. Alizé Cornet essaie de garder le cap et de ne pas se faire submerger par les émotions. Une tâche bien complexe. "Je me laisse porter. De toute façon, je n'ai pas grand-chose d'autre à faire. J'essaie de rester concentrée sur mes entraînements. Je fais ma préparation exactement comme chaque année et comme je le fais depuis 20 ans, avec tout mon investissement. Je fais les choses bien avec toute la rigueur qui est la mienne depuis tant d'années. Cela me permet un peu de mettre le côté émotionnel de côté, de me focaliser sur quelque chose de concret que sont les entraînements, l'adversaire qui arrive, etc. À des moments, je réalise ce qui va se passer d'ici les prochains jours et les prochaines semaines, il y a un peu de nostalgie qui m'envahit. C'est complètement normal. Au final, le contraire serait étonnant. Il y a des hauts et des bas. Dans l'ensemble pour l'instant, je tiens la route."
"Quand on vit cela à l'extrême pendant autant de temps, une grande lassitude s'installe"
L'Azuréenne a bien sûr évoqué ce qui allait lui manquer une fois sa carrière terminée. "Ce qui va me manquer, c'est de jouer au tennis, je pense, parce que c'est vraiment un sport que j'aime toujours autant, même après toutes ces années. J'aime juste taper dans la balle et jouer au tennis, ça paraît tout simple après toutes ces années. Mon enfant intérieur est encore très demandeur de tennis. Ce qui va me manquer aussi c'est l'émotion quand on gagne les matches. C'est hyper addictif, qui nous fait nous dépasser chaque jour, on veut retrouver cette émotion à chaque fois. L'adrénaline de cette émotion, l'adrénaline des matches. Je pense que c'est quelque chose qu'on a du mal à retrouver avec autant d'intensité dans une vie plus lambda. Paradoxalement, c'est aussi ce qui ne va pas me manquer, quand on vit cela à l'extrême pendant autant de temps, une grande lassitude s'installe. C'est sympa de faire le yoyo pendant quelques années mais pendant 20 ans c'est très demandeur psychologiquement. Je suis contente d'avoir tenu la baraque, d'avoir tenu ce niveau tant de temps et d'être restée à ce classement, pendant quasiment 20 ans. Cela m'a beaucoup coûté émotionnellement et psychologiquement."
Elle a ensuite continué. "Je pense que je suis tout simplement prête à avoir une vie plus pépère même si avec moi ce ne sera jamais pépère. J'ai tout donné pour ce sport. Tout donné même plus que ça, même au-delà. Je dirais que ce qui va me manquer et pas me manquer, ce sont un peu les mêmes choses. Il y a aussi peut-être de faire mes bagages toutes les semaines, de les refaire, les défaire, même pas les défaire en fait, de les re-refaire, de ne jamais pouvoir me poser plus de cinq jours chez moi à la maison. Ça va être quelque chose qui va être reposant, d'avoir un vrai ancrage dans un présent où je peux avoir une vie normale, ce qui n'est pas le cas actuellement."
"Le public de Roland-Garros n'est pas facile. J'ai eu de grands moments de solitude sur les courts et de grands moments de joie"
Enfin, toujours franche, Alizé a évoqué sa relation avec le public de Roland. Parfois acclamée, parfois secouée, la Niçoise a des souvenirs mitigés Porte d'Auteuil. "Le public de Roland-Garros n'est pas facile. J'ai eu de grands moments de solitude sur les courts et de grands moments de joie. C'est un peu les deux. C'est un peu une relation... Je n'ai pas le mot qui me vient, je le ressens fort au fond de moi. Ce public peut vous donner énormément. Cela tombe bien, je donne beaucoup sur le court, de moi, de ma personne systématiquement, je me bats, je m'exprime. J'ai souvent eu beaucoup de soutien en retour.
Elle a poursuivi. "C'est un public qui est toujours prêt à sauter sur une occasion pour montrer son mécontentement, pour s'exprimer, pour parfois être un peu dans le... J'en perds mes mots ! Je mesure mes mots parce que je sais à quel point ça peut être… Après 20 ans je vous connais les gars ! Je mesure mes mots. Ce public peut beaucoup vous donner mais aussi vous sentir très seul, surtout qu'en tant que Français, on a envie de les rendre fiers et de leur donner du spectacle, et parfois quand ce n'est pas le cas. C'est un sentiment très difficile, parce qu'on a l'impression de décevoir. Ce n'est pas que moi, cela arrive à beaucoup d'autres joueurs français. Tout est extrême ici. C'est ce qui est bon d'un côté." Aucun doute, l'accueil réservé sera exceptionnel pour le dernier tournoi pro d'Alizé.
Publié le par Alexandre Hercheux