Caroline Garcia : "Ma relation avec le Chatrier ? Compliquée"
Roland-GarrosEncore une fois, Caroline Garcia a quitté Roland-Garros par la petite porte. Pour la quatrième année de suite, la 23e mondiale a été battue au deuxième tour Porte d'Auteuil. Déjà peu inspirée au premier tour contre Eva Lys, la Lyonnaise s'est inclinée ce mercredi face à une ancienne finaliste, Sofia Kenin. Supérieure, l'Américaine s'est imposée sans trembler 6-3, 6-3. En quatorze participations à Roland-Garros, Garcia n'a dépassé le deuxième tour qu'à trois reprises. Frustrant, surtout que la Lyonnaise est toujours très attendue par les supporters français à Roland...
Caroline Garcia, battue au 2e tour de Roland-Garros 2024
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"Après la fin du match, c'est assez facile de revenir et de changer le monde"
Bonjour Caroline. Pas forcément une joueuse qui te réussit Kenin, même si cela faisait longtemps. Qu'est-ce qui a été le plus problématique aujourd'hui, par exemple ?
C'est la troisième fois que l'on joue. Elle a un jeu qui est difficile. Elle prend la balle tôt, elle change beaucoup de directions. Elle te déplace beaucoup. Elle t’enlève plein de temps. Elle retourne assez bien. Donc, cela enlève pas mal de mes points forts. Après, c'est une joueuse qui fait une saison solide. Elle a bien joué à Rome déjà en battant quelques bonnes joueuses. Aujourd'hui, elle était plus forte.
C'est quoi le sentiment quand tu sors du cours après cette défaite, un peu frustrante, j'imagine, pour toi ?
Oui, je suis déçue d'avoir perdu aujourd'hui, forcément. Je pense que je n'ai pas vraiment réussi à imposer mon jeu et c'est ce qui m'a coûté aujourd'hui. Elle ne m'a pas laissé beaucoup de place. Après, au service, je n'ai pas réussi à être assez dominatrice. Il y a des jeux que j'ai perdus alors que j'avais des balles de jeu, etc. Donc, c'est un peu là qu'il y a quelques points à regretter, on va dire.
Bonjour Caroline. C'est une quatrième défaite de suite au second tour de Roland-Garros. Est-ce que ce sont les mêmes enseignements chaque année ou chaque année, c'est un peu différent ?
Je ne sais pas. Je ne me souviens pas de toutes mes défaites comme cela, en fait. J'ai perdu contre qui l'année dernière ? Alors, il y a 4 ans, je ne me rappelle même plus donc…
Pardon et c'est plus frustrant aujourd'hui ou il y a un an ?
Au final, c'est un peu pareil. Perdre un match, généralement, ce sont les mêmes émotions plus ou moins derrière. Après, l'année dernière, ce n'était pas le même scénario mais, forcément, il y a des déceptions dans les 2 matchs. Tu as toujours des choses où tu te dis : j'aurais pu faire mieux là, j'aurais pu faire mieux là. Ce point j'aurais pu le jouer différemment, etc. Après la fin du match, c'est assez facile de revenir et de changer le monde.
"Ce n'est pas une surface qui correspond parfaitement à mon jeu"
Roland, est-ce que c'est spécial aussi parce que tu te mets des attentes supplémentaires, tu es dans des attentes supplémentaires ? Est-ce que cela joue quand tu rentres sur le court. Comment tu te positionnes par rapport à cela ?
Oui, en Grand Chelem, on a tous des attentes envers nous-mêmes qui sont hautes. Après, à l'Open d'Australie, j'ai perdu au deuxième tour aussi. Ce n'était pas mieux pour autant. À Roland, la terre battue quand il fait froid, ce n'est pas une surface qui réussit beaucoup à mon jeu. Même si j'ai eu fait de bonnes choses de temps à autre sur terre battue, ce n'est pas une surface qui correspond parfaitement à mon jeu. Même si c'est le tournoi de l'année où j'ai envie d'aller le plus loin possible, terre battue, cela ne fait pas spécialement match. C'est vrai.
Je voulais savoir quelle était ta relation avec le Court Philippe-Chatrier. C'est un cours très grand, mais très froid aussi. Est-ce que tu t'y sens bien quand tu joues dessus ? Parce que le premier tour était déjà compliqué. Je voulais savoir quelle était ta relation avec ce court-là ?
Compliqué ! C'est vrai que, vous l'avez bien décrit, c'est un court qui est grand par la taille sur les spectateurs, etc., mais même autour du court, il y a vachement de place, etc. Parfois, quand les parties du bas du stade ne sont pas très pleines, malgré que, en haut, cela soit plein, cela peut paraître un peu froid. C'est vrai que j'ai vécu de superbes émotions sur court, super-positives et aussi de grands moments de solitude. Sur le Lenglen, c'est un peu moins vrai puisque les gens sont plus proches, etc. Même ton équipe, tu ne les entends même pas parler. C'est assez inconfortable. Enfin, cela peut être assez inconfortable.
Cela a vraiment bien matché avec Ivan Ljubicic
Yvan était encore là dans ton box aujourd'hui. Qu'est-ce qui va se passer dans les semaines, les mois à venir ? Il fait partie de l'équipe maintenant ?
Non, c'est par rapport à son rôle avec la Fédération. Il est là pour aider tout joueur ou joueuse qui demande, entre guillemets, son aide ou son avis sur certaines choses. Pour la première fois, on a parlé ensemble à Indian Wells, c'est intéressant la vision qu'il avait par rapport à mon jeu. Cela a vraiment bien matché. Il était là à Rome et Bertrand comme moi, on est vraiment ouverts d'esprit. Avec quelqu'un comme Yvan qui a autant d'expériences en tant que joueur, que coach, s'il peut nous apporter quelque chose, un regard extérieur ou un encouragement pour continuer dans la bonne direction, c'est hyper intéressant. À chaque fois qu'il est disponible, on lui laisse accès libre pour venir sur les practices, sur les matchs ; moi, pour me donner des conseils et m'aider à continuer à progresser et à apprendre.
Donc, tu fais le double dames mais pas le doublé mixte ?
Je suis trop vieille pour faire les 3 events. (Rires.)
"Mon jeu a toujours été comme cela, cela fait 15 ans que je joue comme cela"
Bonjour Caroline, je voulais revenir sur ta relation avec la terre battue. Tu dis que c'était une surface qui ne matchait pas forcément avec ton jeu. Est-ce que les évolutions que tu as apportées à ton jeu qui est devenu de plus en plus agressif n'a pas accentué cet écart ? En début de carrière, c'est une surface qui marchait pas mal pour ton jeu. Maintenant, c'est mieux sur rapide. Est-ce que tu as cette impression aussi ?
Oui, c'est possible. Après, j'ai tout le temps été attaquante, je suis tout le temps restée agressive. Après, en fonction des terres battues, de conditions quand cela va plus vite, etc., cela colle un peu plus. Des fois, quand tu essaies de prendre la balle tôt, etc., de tout le temps lire bien les rebonds, comment cela va rebondir, ce n'est pas toujours évident. Pour défendre, c’est parfois plus facile ; tu peux te faire contrer plus facilement et passer au filet un peu plus. L'adversaire a parfois un peu plus de temps. C'est vrai que, des fois, cela ne se joue pas à grand-chose. Cela n'a jamais été la surface où… À chaque fois que je suis contente de venir sur terre battue et quand il commence à avoir 2, 3 choses qui partent à droite, à gauche, cela commence à vite m'énerver.
Bonjour, Caroline. Tu dis que tu as un jeu rapide et attaquante. Est-ce que, parfois, tu as envie d'évoluer ton jeu et prendre un peu moins de risque ? Est-ce que tu en discutes avec ton entourage ? Est-ce que parfois tu as envie d'adapter ton jeu ?
Êtes-vous nouveau ? (Rires.) Mon jeu a toujours été comme cela, cela fait 15 ans que je joue comme cela. Non, j'ai envie de garder mon identité de jeu. C'est comme cela que je joue le mieux. J’ai essayé parfois de mettre plus d'effet, d’attendre un peu plus, mais croyez-moi, ce n'est pas beau à voir.
Publié le par Aude MAZ