Coco Gauff : "Mon père m'a dit, Vis ton rêve... !"
Roland-GarrosL'affrontement dimanche entre Johanna Konta, 13e mondiale, et la pépite américaine Coco Gauff avait de quoi faire saliver. Konta, demi-finaliste l'an passé, savait qu'elle devait se méfier de Gauff, qui avait remporté le titre junior ici il y a seulement deux ans. Et, une fois encore, l'Américaine a assumé son statut de prodige : sans trembler, elle s'est imposée 6-3, 6-3 en 1h41 de jeu. Suivez ce Roland-Garros 2020 avec et sur France TV Sport en cliquant ICI.
Cori Gauff après avoir passé le 1er tour à Roland-Garros !
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Avec des joueuses en difficulté sur leurs mises en jeu (52 % de premières balles pour Gauff, 45 pour Konta), le match s'est davantage joué sur la régularité de fond de court. Et, à ce jeu-là, c'est Gauff qui s'est montrée plus solide (26 fautes directes, contre 41 pour la Britannique). L'Américaine aura un 2e tour à sa portée, puisqu'elle sera opposée à Martina Trevisan, issue des qualifications.
En conférence de presse, l'adolescente n'a pas caché sa joie d'être à Paris, une ville qu'elle adore et qui l'inspire.Comme souvent, elle a beaucoup insisté sur le plaisir. Un leitmotiv chez la jeune femme, et son père est toujours là pour faire redescendre la pression. Elle s'est aussi exprimée sur le mouvement Black Live Matter pour lequel elle s'est engagée, ainsi que Naomi Osaka.
Coco, je sais que tu as eu des difficultés avec ton deuxième service. Sur quoi as-tu travaillé après l'US Open ? Quel a été ton processus de réflexion ?
C'est une question de mental. Je dois me préparer mentalement, gagner en confiance en moi. J'espère que mon deuxième service s'améliorera, mais j'essaie de ne pas être obnubilée par mon second service. Je perds beaucoup de points à cause de ce second service, bien entendu, mais je pense qu'il va s'améliorer. J'en suis certaine !
Pendant le match, tu as crié : "Focus, concentre-toi !".
Oui, j'essaie de me concentrer sur le rythme de mes services. Parfois, j'ai tendance à perdre ma concentration, et donc, j'ai essayé d'être patiente et de frapper la balle encore et encore. C'est assez énervant, mais il y a beaucoup de vent, je ne peux rien y faire.
Cela fait plus d'un an que tu es sur le circuit, une année assez extraordinaire, mais es-tu encore surprise d'avoir vaincu la demi-finaliste de l'année dernière, alors que tu n'as que 16 ans ? Parfois, te dis-tu : "C'est extraordinaire !" ? Ou bien, tu t'y es habitué ?
Je n'y pensais pas vraiment sur le court. Chaque match, chaque victoire est formidable. Je ne prends rien pour acquis. Je suis juste contente de pouvoir jouer, remporter un match lors d'un Grand Chelem. Je n'y suis pas habituée, c'est mon premier tirage à Roland-Garros. Lorsque je suis sur le court, peut-être que vous avez l'impression que j'y suis habituée, mais quand je suis hors du court, je suis vraiment très reconnaissante d'être ici.
En ce qui concerne la météo et les conditions, quel a été ton ressenti ? Peut-être que tu y es habituée.
Oui, c'était difficile, je me suis échauffée pendant longtemps avant mon match, car je souhaitais arriver sur le court en transpirant, ce que j'essaie toujours de faire. Lorsqu'on joue dans un climat plus chaud, il est plus facile en quelques minutes de s'échauffer. Mais aujourd'hui, je me suis entraînée pendant 20 ou 30 minutes avant le début du match. Je portais un legging par ailleurs. Outre le vent, il faisait froid. C'était un facteur, certes, mais lorsqu'on est sur le court, on sent le froid ; quand on se déplace, ce n'est pas dérangeant, c’est entre tous les sets, lorsqu'on s'assoit, là on sent vraiment la différence, là on ressent le froid.
C'était ton premier tirage à Roland-Garros, comme tu l'as dit. Pensais-tu à ça au moment de rentrer sur le court ? Est-ce que tu t'es dit, au moment de commencer le match : "C'est la première fois que je vais jouer ici." ? Ou bien, tu te dis : "J'ai souvent joué sur terre battue, donc rien d'extraordinaire, j'ai gagné Roland-Garros junior." A quoi pensais-tu en entrant sur le court, sachant que c'est la première fois que tu jouais à Roland-Garros ?
Pendant l'échauffement, mon père m'a dit :"Tu es en train de vivre ton rêve, donc prends du plaisir." Son objectif, lui, c'était d'être joueur de basket pour la NBA. Il n'y est pas parvenu. Il m'a dit : "Prends du plaisir sur le court." Cela a changé ma façon de voir les choses. J'étais angoissée avant le match, et cela m'a rassérénée. Je me suis dit : "C'est juste un match de tennis ! Beaucoup de personnes adoreraient faire ce que je suis en train de faire, j'essaie de prendre du plaisir."
Bonjour, coco, félicitations. Lors du prochain tour, tu vas jouer dans des conditions différentes. Comment vas-tu te préparer pour le prochain tour ? Que peux-tu améliorer par rapport au premier match, d’ici le prochain tour ? Que penses-tu de la balle, de la surface, etc. ?
J'ai plus d'expérience, je pense que c'est le premier tournoi professionnel où les conditions climatiques sont ce qu'elles sont. C'est une nouveauté. J'ai dû m'y habituer durant le match. Ça, déjà, c'est bon. Je sais ce qui fonctionne pour moi.
Pour ce qui est des vêtements, initialement, je ne pensais pas porter le legging et, à la dernière minute, j'ai décidé de le mettre. Je sais que ça marche pour moi, je ferai pareil pour le prochain match.
C'est toi qui as dicté le rythme, et cela n'a pas plus à ton adversaire.
Je sais qu'elle a joué avec une forte intensité, et donc, avant même le match, je savais que j'allais essayer de changer l'intensité. Mais c'est vrai, mes coups liftés étaient assez bons aujourd'hui. J'ai été surprise. J'ai beaucoup travaillé.
Pour ce qui est du revers lifté, il n'était pas très bon, il faut que j'y travaille. Mais le coup droit lifté, je pense, était assez bon. Mais parfois, en raison du vent, il fallait que je m'adapte. En tout cas, aujourd'hui, ce coup droit lifté m'a beaucoup aidée.
Coco, qu'as-tu pensé de Naomi Osaka et des masque qu'elle portait lors du tournoi pour sensibiliser ? Ce qu'elle a fait également lors du tournoi de Cincinnati. Je sais que tu as également pris la parole, tu t'es exprimée. Que penses-tu du rôle qu'elle a joué ?
R. C'est formidable. Je sais que c'est épuisant mentalement de parler de ce sujet. Le fait qu'elle ait décidé de le faire, et qu'elle continue à gagner, cela montre à quel point elle est forte mentalement. Cela a permis de sensibiliser, cela a permis de lancer le débat tout particulièrement. Etant donné qu’il y a beaucoup de personnes à travers la planète qui regardent le tennis, cela a permis d'atteindre des régions du monde qui n'avaient pas entendu parler de ce mouvement de protestation. Elle a gagné le tournoi, je la félicite, et en plus, elle l'a fait en portant ses masques.
Q. Qu'as-tu pensé du tournoi de Cincinnati qui s'est arrêté ? Qu'as-tu pensé de l'implication de ce tournoi ?
R. Pour être honnête, je ne m'y attendais pas. Je pense qu'ils ont eu raison de le faire. Le tennis, seul en tant que sport, ne va pas permettre de changer les choses sensiblement. Lorsque j'ai entendu la nouvelle, j'ai été vraiment perplexe. Je pense que cela montre qu'une personne telle que Naomi peut vraiment provoquer des changements de taille.
Bonjour Coco. Lorsque tu es arrivée à Paris, tu as dit : "Je reviens dans ma ville préférée dans le monde." Pourquoi est-ce que cette ville est si particulière pour toi ? Pourquoi l'aimes-tu tant ? Et penses-tu que cette ville t'inspire et t'aide à jouer ton meilleur tennis ?
Pourquoi j'aime Paris ? Lorsque j'avais 10 ans, c'est la première ville où je me suis rendue. Je suis allée dans une académie de Paris et, depuis, j'adore cette ville : la culture, l'architecture, la gastronomie, tout ! C'est une ville si différente de la mienne. Surtout les croissants... Je dois dire que c'est ce que je préfère à Paris ! Je n'ai pas encore manger de crêpes car j'ai dû manger sainement, mais lorsque le tournoi sera terminé, je vais me goinfrer de crêpes.
Penses-tu que jouer à Paris t'aide à jouer ton meilleur tennis ?
Oui, bien entendu, lorsqu'on se sent bien dans une ville, on joue mieux, ça se voit sur le court.
Pour rebondir sur la question précédente, beaucoup de joueurs noirs s'entraident. Vous ne vous connaissez peut-être pas beaucoup, mais est-ce que vous pourriez envisager de faire une déclaration commune ?
Nous sommes des personnes individuelles, singulières. Je sais ce que Frances a fait, la vidéo qu'il a publiée. Je n'ai pas vraiment réfléchi à l'idée d'une déclaration commune. Tout le monde est opposé au racisme, que l'on soit blanc ou noir. Je pense que c'est mieux si nous sommes tous réunis. Voilà pourquoi le mouvement aujourd'hui a une portée mondiale et fait la Une dans tous les pays. Ce ne sont pas seulement les noirs qui manifestent, ce sont également les autres citoyens, quelle que soit leur couleur.
Pour être honnête, je pense que tous les joueurs sur le circuit doivent conjuguer leurs efforts, et beaucoup de joueurs l'ont fait. On doit vraiment se réunir, être ensemble, et pas seulement les joueurs noirs ou les joueurs blancs.
Publié le par Aude MAZ