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Corentin Moutet défie Sinner : "J'espère aller plus loin"

Roland-Garros
Mis à jour le par Aude MAZ

Un premier huitième de finale à Roland-Garros et un ticket pour les Jeux olympiques... Corentin Moutet a redonné le sourire au camp tricolore. Déplacé sur le court Suzanne-Lenglen alors qu'il devait évoluer sur le court Simonne-Mathieu, le joueur de 25 ans a encore fait vibrer les supporters vendredi en s'offrant le scalp de Sebastian Ofner. Dernier Français en lice chez les Messieurs, Moutet jouera son deuxième huitième de finale en Grand Chelem, après l'US Open 2022. Ce sera contre Jannik Sinner ce dimanche, en night session. Cerise sur le gâteau, ce succès lui a permis également d'obtenir son ticket pour les Jeux olympiques, puisque Adrian Mannarino ne les disputera pas et que Giovanni Mpetshi Perricard est désormais derrière au classement live Paris 2024. Corentin pourra jouer libéré contre Sinner dès 20h15.

Corentin Moutet s'offre un 8e à Roland et un été olympique

 

Retrouvez ici le tableau Messieurs de Roland-Garros 2024

Retrouvez ici le tableau Dames de Roland-Garros 2024

 

"Le travail paye toujours, je savais qu'on travaillait bien et c'était une question de temps"

Bravo Corentin. Tu as été opéré il y a à peu près un an et demi, tu es descendu aux alentours de la 140e place mondiale.

Combien ? 170.

 

On sent que tu as beaucoup travaillé depuis pour revenir à ce que tu estimais de ton niveau. Tu es tout proche de ton meilleur classement. Je t'ai beaucoup vu sur les réseaux sociaux dire : "Je travaille, ça va venir, mon heure viendra." Peux-tu replacer le parcours, avec tout le travail depuis un an et demi pour retrouver ton niveau et tes sensations ? Tu as l'impression que cela paye aujourd'hui ?

Oui, aujourd'hui, il a payé aussi à d'autres moments dans l'année. C'était dur de travailler, dans la tête, dur dans tout, les entraînements étaient beaucoup plus intenses d'avoir ce handicap. C'était une période compliquée, mais mon équipe m'a soutenu. On a traversé un peu cette tempête tous ensemble. Mais c'est dur, parce qu'on remet en question mes choix, les gens avaient oublié aussi que j'avais ce handicap. Quand je perdais un match, que je redescendais au classement, ça ne leur paraissait pas normal, alors que j'étais à une main. C'était une période compliquée. Je suis content, cela m'a forgé, je croyais en moi, l'objectif était de retrouver cette deuxième main, ça a mis plus de temps que prévu. Le travail paye toujours, je savais qu'on travaillait bien et c'était une question de temps. Ce n'est jamais linéaire, on a beau travailler dans l'ombre, ça ne paye pas toujours tout de suite, il faut être patient, continuer, travailler, être persévérant.

 

Vous aviez très bien commencé le premier set, on a senti que vous perdiez pied un peu. L'adversaire jouait très bien aussi. On a senti aussi des moments d'agacement. Que se passe-t-il dans votre tête ? Ces agacements, est-ce qu'ils servent à vous motiver, ou vous essayez de lutter contre pour ne pas sortir du match. On a presque l'impression dans le premier set que c'était difficile de rester dans le match.

Non, ce n'était pas difficile de rester dans le match. Je suis assez ambitieux pour vouloir gagner, c'était l'objectif principal, rester dans le match, rester concentré pour ne pas perdre le fil. C'était agaçant, je jouais plutôt bien, lui m'impressionnait, frappait fort en revers, servait bien, retournait bien. Même en coup droit, je pensais qu'il serait plus passif, et il me faisait mal aussi. J'ai très bien commencé le match, lui a été un peu plus passif. Tel qu'il a commencé à entrer dans le terrain, c'était vraiment dur de trouver des solutions, ça allait vite. C'était frustrant, j'avais l'impression qu'il fallait qu'il baisse de niveau pour que je puisse respirer. Du coup, c'est frustrant, on ne sait pas si cela va arriver.

Non, des agacements, on en a tous je pense, certains le montrent plus que d'autres, ça se voit peut-être plus sur ma tête que sur les autres, mais je pense que parfois, on est tous agacés au fond de nous. C'est un équilibre à trouver entre rester motivé, essayer de se relancer avec ça, rester positif et ne pas trop en faire. Parce qu'après, on peut perdre sa concentration et perdre aussi de l'énergie.

 

"C'est un tournoi qui nous accompagne dans notre jeunesse quand on est à l'école, pour ceux qui révisent le bac..."

C'est ton deuxième huitième de finale en Grand Chelem, mais ici c'est à Roland-Garros, devant ton public. Peux-tu nous dire ce que tu ressens intérieurement maintenant à l'instant T ?

Je suis super content, super fier. C'est un tournoi que je regarde depuis que je suis petit. En tant que Français, qu'on suive le tennis ou non, c'est un tournoi qui nous accompagne dans notre jeunesse quand on est à l'école, pour ceux qui révisent le bac... Je ne suis pas allé jusque-là, mais ceux qui révisent le bac, souvent on le met en fond. Moi, j'étais en internat, mais de 12 à 15 ans, on le mettait à la télé, pendant qu'on s'entraînait. C'était l'objectif pour nous tous ! C'est quelque chose que tout le monde connaît en France. Même les gens qui ne connaissent pas le tennis, c'est un peu le seul truc qui relie les gens, l'image du tennis en France. C'est forcément une satisfaction, et je suis super heureux d'être en deuxième semaine ici. J'espère aller plus loin évidemment, mais c'est déjà une bonne étape. Je suis content d'y être.

 

"Les JO, c'est l'objectif d'une vie, à Paris, c'est quelque chose qui est immanquable"

Tu te replaces idéalement pour la course à la qualification olympique. Te dire que tu vas jouer avec l'équipe de France cet été, comment ça se passe dans la tête ? As-tu pu l'aborder un peu avant avec Paul-Henri ?

Je n'ai pas eu le temps, je me suis qualifié aujourd'hui ! C'est un objectif, dès que j'ai su que le lieu était à Paris, c’était direct mon objectif principal. Évidemment, ça ne délaisse pas les autres, c’est un rêve pour moi de jouer les Jeux Olympiques, de rencontrer les autres athlètes français ; c'est mythique en tant que sportif. Même si dans le tennis on a les Grands Chelems, cela a peut-être moins de valeur auprès du public que les autres sports, qui est vraiment leur compétition phare. Moi, c'était un rêve, et c’est la première chose à laquelle j’ai pensé lorsque je me suis blessé, je suis dit : « C’est le mauvais timing, je suis 51e mondial, les Jeux Olympiques arrivent bientôt… » C'est le premier truc auquel j’ai pensé lorsque je me suis blessé. J'avais peur de les rater. Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est sûr, mais je suis bien placé. Je ne peux pas mentir, c'était l'objectif principal. On avait même commencé à discuter avec mon équipe que si je perdais tôt ici, j'allais peut-être jouer en Challengers la deuxième semaine. C'est l'objectif d'une vie, à Paris, c'est quelque chose qui est immanquable.

Publié le par Aude MAZ

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