Corentin Moutet est au 3e tour : "Je vis pour ces moments-là"
Roland-GarrosCorentin Moutet performe dans ce Roland-Garros 2024. Après avoir été brillant lors de son entrée en lice contre Nicolas Jarry, Moutet a continué sur sa lancée ce jeudi en domptant le Kazakh Alexander Shevchenko, auteur d'un très mauvais début de match (6-4, 6-2, 0-6, 6-3). Le fruit d'un travail de longue haleine, récompensé à Paris. Moutet aura un coup à jouer au troisième tour puisqu'il affrontera l'Autrichien Sebastian Ofner, auteur de deux remontadas lors des premiers tours. Le Français aura l'avantage de la fraîcheur vendredi.
Corentin Moutet au troisième tour de Roland-Garros 2024
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L'aventure continue surtout, sur un court où tu as vraiment été adopté par le public depuis le début du tournoi.
C'était super, il y avait une belle ambiance, c'était encore un match d'un bon niveau. J'ai bien joué, un adversaire un peu différent avec un profil différent. J'ai dû un peu augmenter mon niveau de jeu ou changer de façon de jouer au troisième set et quatrième set, parce qu’il a été plus agressif. Je ne sais pas à quoi c’était dû, s’il était plus fatigué. Moi, je sentais qu'il était un peu fatigué physiquement, c'est peut-être ça qui l'a poussé à être plus agressif, en tout cas il a joué très vite après le troisième set et le quatrième set. C'était oublier ce troisième set, s’en servir pour apprendre et rebondir un peu au quatrième set.
Je voulais savoir si tu tirais des bénéfices de cette longue période où tu as été blessé, où tu as dû jouer à une main. J'ai trouvé que tu avais une grande qualité de slice. Est-ce que cela vient aussi de cette période ? Est-ce que tu as l’impression que cela aurait pu améliorer ton toucher de balle et ta main d’une manière générale ?
Oui, cela m'a amélioré dans plusieurs domaines, physiquement, parce que cela m'a demandé de prendre beaucoup plus mon coup droit. Cela a automatisé un peu mon jeu. C'était déjà la direction qu'il devait prendre, mais quand on a un revers c'est plus dur d'automatiser ça. Cela m'a été aidé là-dedans, j'avais moins de solution, c'étaient plus des schémas répétés, simples, robotiques, des choses qui ne sont pas faciles pour moi à faire. Cela m'a appris ça aussi et cela m'a appris à être rigoureux, parce que je ne pouvais pas me tromper dans mes schémas de jeu, sinon je le payais à chaque fois avec mon revers, et puis évidemment mon slice vu que je n’avais que cela. Cela, je pense, amélioré.
On s'était parlé de la sérénité que pouvait procurer le fait de jouer sur un court couvert, parce qu'on sait qu'on va jouer, qu'on va être programmé. A l'inverse, est-ce que tu peux raconter le stress, l'attente et le fait que tout se soit précipité ? Tu viens hyper rapidement, tu as tes affaires, demain tu rejoues, cela va hyper vite. Est-ce que tu peux raconter tout ça ?
Le truc, c'est qu'on finit tard, j'ai encore plein de choses à faire pour la récupération. Il faut que j'essaie de faire tout vite pour ne pas me coucher trop tard. Le sommeil est la chose la plus importante dans la récupération. Quand on finit tard, c'est compliqué, après ça va, j'ai passé une journée où je me suis beaucoup reposé, je n'ai eu qu'une interruption. Ça allait quand même, mais ce n'était pas l'idéal, mais ça va, ce n'était pas une journée compliquée à gérer aujourd'hui. Même si l'attente était longue, on se repose, on attend, j'ai dormi. On fait tous différemment, mais ce n'était pas une des journées les plus compliquées, pour moi en tout cas.
"Comme si tout le travail de long prenait du sens"
On parle beaucoup de l'ambiance à Roland-Garros avec le public français. Tu es un joueur très expressif sur le court, tu l'as montré ce soir. A quel point tu as besoin d'extérioriser parfois et à quel point tu peux arriver à te nourrir de ces ambiances comme tu as eues ce soir ?
Cela procure de l'adrénaline d’avoir une ambiance comme ça quand tu arrives sur le terrain, d'être autant soutenu. C'est un peu comme si tout le travail de long prenait son sens. Je vis pour ces moments-là et ils sont rares dans une saison. Non, c'est un plaisir, j'essaie d'en profiter au maximum. Sur le terrain, j'essaie d'être comme je suis, avec mes qualités et mes défauts, en essayant de toujours rester performant. De temps en temps, cela me joue un peu des tours, je suis comme je suis, mais l'important est de s'en rendre compte et d'essayer de corriger, quand ça va dans le mauvais sens. J'essaie tous les jours de m’améliorer. Il y a des moments où c'est mieux, d'autres où c’est moins bien, mais c'est ma personnalité, c'est comme cela.
Est-ce que tu peux nous parler de ta relation avec ton coach ? C'est extrêmement rare de voir un coach et tout un clan qui chantent et qui sautent ; qui ne saute pas n’est pas Moutet. Pour te relancer, j’en parlais avec lui à la fin du match, et il m’a dit : j’ai senti aussi qu’il avait besoin de cela, de sentir qu’on était là, notamment à la fin du troisième. Est-ce que tu peux raconter un petit peu comment tu fonctionnes avec Petar ?
C'est quelqu'un qui est passionné aussi par le tennis. Il a autant de passion que moi, il a une énergie incroyable. Il a une énergie incroyable. En tant que joueur, c'est près mieux d'avoir ça, parce qu'il y a des jours dans l'année, les années sont longues, les entraînements sont durs, on s’entraîne tous les jours. Il y a des jours où c’est compliqué d’aller à l’entraînement, on est fatigué pour X ou Y raisons, des problèmes personnels, ou peu importe, mais ce n’est pas facile tous les jours. Avoir quelqu'un qui a autant d'énergie positive tout le temps, cela aide à donner son maximum au quotidien. Evidemment, il vit le match comme je le vis et c’est rare ; c'est précieux d'avoir un entraîneur comme ça. Il y en a beaucoup qui sont calmes, peut-être qu'ils le sont à l'intérieur, mais lui le montre beaucoup. Cela ne me dérange pas, il vit le match avec moi, on est dans la même aventure au final. C’est cool de le voir comme ça.
Tu as eu des moments de frustration dans le troisième set, début du quatrième. Dans ces moments, qu'est-ce qui se passe dans ta tête ? Qu'est-ce que tu te dis pour remettre tout en marche et sortir de ces moments où tu peux te tendre ?
Je suis frustré de ne pas trouver de solution. Lui jouait beaucoup mieux, il était agressif. Je n'arrivais pas à trouver de solution. Dès que j'essayais d'être plus agressif, je ratais pas mal. Cela ne sortait pas de beaucoup à chaque fois, mais ce n’était jamais assez pour gagner le jeu. Du coup, cela se faisait en plusieurs étapes. Au début, je me disais qu’il fallait continuer, que ce n’était pas comme ça que j’allais gagner le match, qu’il fallait continuer à y aller, à prendre plus de marge sur les lignes. J'ai fait un mauvais set, il a fait un bon set. À ce niveau, cela va très vite. Il y en a un qui baisse, l'autre qui joue mieux. Dans ma tête, j’étais à essayer de trouver une solution, d'analyser la situation. Lui, je pense que c'était compliqué de jouer 3 sets de ce niveau. C'était assez impressionnant son niveau de jeu au troisième set. Donc, aussi de me rassurer, de me dire que l'orage va passer, qu'il faut tenir, qu’il faut être courageux. Je savais qu’au quatrième set, il fallait être courageux, que cela n'allait pas être facile de redémarrer directement bien. Donc il fallait être courageux, tenir au score et puis y aller et continuer à y aller.
"Le service à la cuillère ? C'est un coup comme un autre..."
Une question sur ton service à la cuillère. On commence à en parler de plus en plus souvent. Ce n'est pas anodin de le répéter régulièrement. Cela devient une marque de fabrique. Tu peux essayer d’expliquer si tu la joues à l'instinct à chaque fois, s’il y a des moments dans le match où tu le sens un peu parce que tu l’as fait plusieurs fois encore ce soir ? Tu peux développer cet aspect ?
Pour moi, c'est un coup un peu comme un autre à vrai dire. Pourquoi on ne pourrait pas servir par le bas ? On peut servir par le haut. On peut faire des amorties, pourquoi on ne peut pas le faire au service ? Je trouve que c'est un coup comme un autre tant qu'il reste performant et que ce n'est pas pour se moquer de l’adversaire. Je le fais pour gagner le point à chaque fois quand j’estime que c'est le bon coup à jouer. Je n'ai pas grand-chose à dire là-dessus. Il faudrait que je regarde mes statistiques, mais je gagne beaucoup de points quand je l’ai fait. Si c'était l'inverse et que j'en perdais plus que j’en gagnais, j'aurais arrêté de le faire. Pour moi, c'est une manière autre de gagner un point. Je m'en sers du coup.
Publié le par Alexandre HERCHEUX