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Novak Djokovic : "Je ne continuerais pas à jouer si..."

Roland-Garros
Mis à jour le par Alexandre HERCHEUX

Alors qu'il n'a toujours pas atteint la moindre finale cette année, Novak Djokovic reste tout de même un sérieux prétendant au titre à Roland-Garros, lui qui vise un 25e titre du Grand Chelem. Après son succès sans impressionner face à Pierre-Hugues Herbert, le tenant du titre a montré un bien meilleur visage ce jeudi pour éteindre Roberto Carballes Baena, 6-4, 6-1, 6-2. Au troisième tour, Nole se frottera à Gaël Monfils ou Lorenzo Musetti. Souvent chahuté par le public au cours de sa carrière, le Serbe a bien entendu évoqué en conférence de presse le sujet chaud du moment : le public français de Roland-Garros, et notamment le match bouillant de David Goffin mardi soir.

Novak Djokovic au 3e tour de Roland-Garros 2024

 

Retrouvez ici le tableau Messieurs de Roland-Garros 2024

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Djokovic, énervé par un fan dans le premier set : "Au moment où je m'apprêtais à frapper la balle, il s'est mis à crier"

Au premier set, tu as parlé rapidement avec l'arbitre de chaise à propos d'un fan. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

En fait, il a crié quelques mots pendant l'échange, Carballes avait fait une amortie, et ça a commencé dès le début du match, à plusieurs reprises. Il soutenait mon adversaire, ce n'était pas un problème ça, mais je trouvais qu'il était gênant parce qu'il était très près. Et au moment où je m'apprêtais à frapper la balle, il s'est mis à crier. J'ai donc demandé à l'arbitre, mais il a dit que cela ne pouvait pas être considéré comme une gêne.

 

"Je soutiens les joueurs qui se rebellent contre le public qui leur manque de respect"

A ce propos, le public est un sujet de conversation. Iga leur a parlé sur le même sujet. Tu l'as entendue. Ensuite, on a entendu Amélie qui a dit aujourd'hui « pas d'alcool dans les tribunes ». Que penses-tu du public ici, des fans ?

Ce sont des fans très passionnés. Parfois, ils ne sont pas faciles et j'ai eu des histoires d'amour véritable avec le public, des matchs difficiles. J'ai connu les deux situations. De toute évidence, on veut toujours être celui qui est soutenu ou tout au moins ressentir une atmosphère neutre sur le court mais ça, cela n'est pas possible. Il y a des cas notamment, lorsqu'on joue contre des Français, comme ça a été le cas avec Goffin, au moins au premier tour, il faut être conscient que l'on se lance dans une grande bataille qui ne concerne pas que votre adversaire, qui n'implique pas que votre adversaire, mais c'est un petit peu normal. Ils soutiennent leur préféré, homme ou femme, pour jouer, notamment lorsque ce sont les Outsiders.

J'ai vu quelques points du match de Goffin, et c'est vrai qu'ils peuvent être bruyants et mal se conduire à certains moments, mais cela fait partie du sport. On est différent du foot ou du basket mais, dans le même temps, on veut quand même en tant que joueur avoir une bonne ambiance. J'aime bien voir les fans qui aiment, j'aime bien voir cette atmosphère. Wimbledon, de toute évidence, c'est différent, de par son histoire, sa culture, ses traditions mais dans les autres tournois, on aime bien quand les fans soutiennent et chantent et scandent, mais c'est vrai que la frontière est très fine. On passe assez facilement la ligne pour manquer de respect vis-à-vis des joueurs. Je comprends qu'un joueur comme Goffin, l'autre jour, ait réagi parce que j'ai vécu ce type de situation à plusieurs reprises. Je suis d'accord avec, je soutiens les joueurs qui se rebellent contre le public qui leur manque de respect. Ce n'est pas tolérable mais il est vrai qu'on ne veut pas trop perdre d'énergie à lutter contre cela, mais on peut simplement se rebeller quand quelqu'un est en train de vous harceler.

 

"Je ne continuerais pas à jouer au tennis si je ne pensais pas que je ne pouvais pas aller jusqu'au bout"

Novak, plus généralement, tu as deux matches derrière toi, compte tenu de ton début de saison, combien de matches comme celui-ci te faut-il pour te dire, au plan mental et aussi compte tenu de ton tennis : ça y’est, je suis celui qui a gagné tous ces Chelems et je peux en gagner un autre ?

Il y a toujours cette conviction en moi, je peux gagner un Grand Chelem, c'est pour cela que je suis ici, c'est pour ça que je me bats. Sinon, à l'âge que j'ai, je ne continuerais pas à jouer au tennis professionnel et à m'engager dans des Chelems si je ne pensais pas que je ne pouvais pas aller jusqu'au bout. Je pense que j'ai ce qu'il faut pour aller loin mais, comme je l’ai dit lors de la conférence de presse d'avant tournoi, je ne veux pas trop me projeter au-delà des jours, parce que je n'étais pas forcément en bonne forme avant d'arriver à Roland-Garros. Mes croyances sont toujours là, mes objectifs aussi, je vise la plus haute étoile, si je puis dire. Mais je suis conscient du présent et de ce que je dois faire au jour le jour pour être le plus en forme possible et à mesure que le tournoi se déroule et être au top au bon moment, quand cela compte le plus.

 

 

"Les matchs contre Nadal sur terre battue ont été de vraies frustrations pour moi dans ma carrière"

Une question sur Rafa. Tu as joué contre lui tellement de fois. Pour toi, à quel moment a-t-il été à son sommet ?

Oui, j'ai joué contre lui tellement de fois que je pense qu'il a été au sommet à plusieurs reprises et, notamment, j'ai joué pas mal contre lui, ici, à Roland-Garros. La première fois, je ne sais plus si c'était en 2006 ou 2007 et la dernière fois, on a joué en 2022. J'ai vu et j'ai été témoin de son évolution sur le terrain, il a amélioré son revers à mesure qu'il prenait de l'âge. Il était conscient de ses problèmes physiques, ce qui faisait qu'il était obligé d'être plus agressif sur le court. Il arrivait à lifter son coup droit mieux que quiconque et il arrivait à la fois à défendre et à attaquer sur son coup droit, mais avec son revers, il était bien meilleur à la fin qu'au début de nos rencontres.

Bien entendu, au cours des dix premières années de sa carrière, ici, à Roland-Garros, il était en meilleure condition physique et se déplaçait mieux, puis il a dû s’adapter. Je pense qu'il a fait un travail fantastique, notamment sur son revers. Je trouvais son revers très constant et c'était une arme redoutable. Pour jouer contre Rafa, il fallait essayer de trouver ce revers, de le sortir du court et d’ouvrir le coup droit. Mais il a tellement amélioré son revers et sa position sur le court qu’il est devenu quasiment impossible de trouver un point faible sur le fond de court pour le contrer, par exemple. Nous avons eu des matches fantastiques l’un contre l’autre, mais puisqu’on est ici, à Roland-Garros, certains matches sont à mentionner, notamment ce match en 5/7, en demi-finale, je crois qu’on a fait 9/7 au cinquième set en 2012 ou 2013. Ça a été très dur, il n'avait pas joué son meilleur tennis mais moi, c'est probablement le meilleur match que j'aie fait contre lui l'année où j'ai gagné contre lui en quarts de finale, l’année où j’ai perdu en finale, c’était en 2015.

En 2021, quand j'ai gagné, on avait joué une demi-finale très longue, très tard dans la nuit et l'année d'après, c'est lui qui m'a battu en séance de nuit en quarts de finale. Comme je l'ai dit à de nombreuses reprises, ça a été mon plus grand adversaire, mon plus grand rival. Les matchs contre lui sur terre battue ont été de vraies frustrations pour moi dans ma carrière, mais cela m'a aussi permis de devenir un meilleur joueur en essayant de comprendre ce qu'il fallait faire pour le surpasser, pour essayer de gagner contre lui, notamment à Roland-Garros. Comme il l'a dit l'autre jour sur le court, Roland-Garros, ça a toujours été la plus grande montagne à grimper, notamment contre lui. On a fait des matches absolument fantastiques l'un contre l'autre.

 

"Je me concentre presque seulement sur les Grands Chelems, cette année les Jeux Olympiques et le fait de jouer pour mon pays"

Quand tu es dans les Grands Chelems, ta motivation semble aussi forte que jamais et qu'est-ce qui se passe quand tu es à l'entraînement durant les semaines intermédiaires ? Est-ce que tu es toujours aussi compétitif ou est-ce que tu dois un peu lutter pour garder cet état d'esprit ?

J'ai dit récemment que je devais me battre avec ma motivation, de sorte qu’elle soit constante au cours de toutes ces années de tennis professionnels. Je savais que le moment arriverait, tôt ou tard, où j'aurais des semaines un peu off, comme on dit, en essayant de me pousser pour arriver à donner sur le court ce que je dois donner. Mais du point de vue de mon engagement dans les semaines d'entraînement et de pratique, je dirais que cette force, cette dynamique n'a pas baissé, sur quoi que ce soit, qu'on se mette d'accord avec mon équipe, ce qu'il me demande de le faire, je le fais, au plan physique, mental, pour la préparation. Je fais ce qu'il faut. Mais il est vrai que dans mon esprit, je me concentre presque quasiment sur les Grands Chelems, cette année les Jeux Olympiques et le fait de jouer pour mon pays. C'est ce qui me pousse le plus à l'heure actuelle. Les autres tournois, peut-être que ça va être mal pris ce que je vais dire, mais j'ai fait beaucoup de tournois de l'ATP au cours des années, j'en joue toujours ; ils font partie de ma carrière, de mon succès mais, effectivement, pour moi, c'est devenu un peu plus dur de me pousser pour être au top pour chaque tournoi.

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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