Petra Kvitova : "Je ne veux pas regarder trop loin"
Roland-GarrosPetra Kvitova avait bien mal commencé la partie face à Leylah Fernandez. Menée 5 jeux à 1, service à son adversaire la jeune Leylah Fernandez, la Tchèque a effacé une balle de set avant de remonter petit à petit. Elle en efface même une deuxième à 5-3. La Canadienne un peu atteinte, la deuxième manche a tourné plus logiquement du côté de la Tchèque qui l'a emporté 7-5, 6-3 en deux heures de jeu après un gros combat.
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La Tchèque bénéficie d'un tableau relativement dégagé jusqu'en demi-finale, mais elle ne le sait pas encore. En effet, la Tchèque ne regarde pas son tableau et évite de se projeter que l'adversaire suivante. Et ce sera la Chinoise Shuai Zhang, tombeuse de la Française Clara Burel. Une bonne opportunité pour la tête de série n°7, mais cette dernière se méfie. Elle n'oublie pas de rappeler qu'elle n'est pas une pure terrienne. Mais elle prévient, contre la chinoise, ça va cogner fort.
Félicitations pour ton match. L'autre jour, tu as dit que tu n'avais pas beaucoup vu Leylah jouer, mais après l'avoir jouée, tu n'oublieras certainement pas ce match de sitôt ?
Oui, je ne l’avais pas jouée, je ne savais rien sur elle, seulement le fait qu'elle était gauchère. J'ai vu quelques jeux ou quelques matchs quand elle a joué contre Hercog au tour précédent, mais c'est toujours différent d'être face à l'adversaire par rapport à le regarder de l'extérieur. Je pense qu'elle joue un excellent tennis. Elle se déplace très bien, elle va chercher des balles incroyables et si elle a une opportunité, elle la saisie. C'était donc très difficile et je suis heureuse d'avoir réussi à gagner contre une gauchère. C'est aussi différent, mais je suis tellement heureuse d'avoir réussi à renverser la situation au premier set. Je ne savais pas que j'allais réussir à gagner le premier set, mais je suis revenue dans mon jeu pour réussir à remporter le set. C'était formidable pour moi de remporter le premier set et je suis très heureuse d'avoir été présente mentalement.
Félicitations pour cette victoire. Tu étais menée 5-1 dans le premier set, que s’est-il passé dans ta tête ? Comment tu rebondis par rapport à ce score ?
Comme je l'ai mentionné, je n'ai pas eu l'impression de revenir. Je me suis battue sur chaque point, j'ai essayé d'avoir mon rythme, de jouer mon jeu, d'être un peu patiente pour être prête pour le deuxième set et d'un seul coup, le match s'est renversé : j'ai servi un petit peu mieux, j'ai remporté mes jeux enfin et cela m'a donné un peu plus de confiance en moi. J'ai sauvé une balle de set également et je me déplaçais bien, je jouais un peu plus intelligemment, j'essayais de monter plus souvent au filet parce que depuis la ligne du fond, c'était difficile de faire des coups gagnants. Je comptais les points. C'est un peu comme cela que j'ai résolu la difficulté du premier set et que j'ai surmonté cette difficulté.
Pendant 10 ans, on a parlé de l'évolution du tennis tchèque avec la qualité des joueuses et on peut dire la même chose pour le tennis canadien avec Leylah et d'autres joueuses. Qu'est-ce que cela te dit par rapport à ces fédérations qui sont capables d'investir de l'argent dans tous ces talents pour permettre à ces joueurs et ces joueuses de croître, de progresser et de devenir des champions et des championnes ?
C'est formidable d'investir de l'argent dans des jeunes talents. On en a en République Tchèque aussi et notre jeune génération de joueuses tchèques est incroyable. On est très heureuses. Nous sommes juste en train de nous motiver les unes les autres. On voit comment les autres jouent, c'est un peu des collègues mais aussi des adversaires. On veut donc s'améliorer. C'est bien pour l'énergie, pour les entraînements et tout cela. C'est la même chose au Canada, probablement. Il y a Eugénie, bien sûr, qui a des résultats incroyables et c'était la première qui a montré que c'était vraiment possible d'être présente sur les grands tournois et de s'améliorer jour après jour et c'est formidable.
Tout le monde dit que tu es une des plus gentilles joueuses dans le tennis et certains disent la plus gentille. On sait que tu as un grand passé de gagnante, comment fais-tu pour imposer ton style de jeu à ton adversaire et comment est-ce que tu les pétrifies, si tu peux me permettre le jeu de mot ?
Bien sûr, si les autres le disent cela fait plaisir mais je ne suis pas sûre que ce soit vrai. En tout cas, j'essaie d'être fair play et je l'ai fait depuis que j'étais enfant. Quand je jouais les petits tournois quand j’étais enfant, les adversaires essayaient de tricher un petit peu et mes parents étaient très en colère par rapport à cela, ils n’aimaient pas cela, mais ils m'ont dit : « Ne le fais pas, si elle le fait, fais-le aussi ». J'ai dit : « Non, si la balle est bonne, je ne peux pas dire qu'elle est dehors ». J'essaie de rester fair play et de me comporter normalement. On est toujours des êtres humains. C'est comme cela que je vois la vie. Le tennis, à mes yeux, est un sport de gentlemen et c'est comme cela que je ressens les choses.
C'est bizarre d'être de l'autre côté de l'écran et de faire ces conférences de presse de cette manière. Est-ce que c'est plus facile, plus difficile par rapport aux conférences de presse normales ? Est-ce que cela fait une différence de faire cela dans une langue qui n'est pas ta langue maternelle, même si on ne le remarque pas d'après ton excellent anglais ?
Je préfère être en face à face, face aux différentes personnes mais, de toute façon, c'est comme cela que cela fonctionne dans le monde entier et pas seulement dans le tennis : dans d'autres professions, il n’y a plus de voyage, de conférence à travers le monde et tout se fait en ligne à travers vidéoconférence. On a déjà la chance d'avoir la possibilité de le faire, je suis donc très reconnaissante que vous soyez connectés. C'est formidable de pouvoir se parler, même à travers ces écrans. Il n'y a rien à faire, bien sûr, c'est toujours mieux d'être face à face mais, pour moi, cela va, si pour vous aussi cela va aussi.
De quoi as-tu besoin encore à ce niveau du tournoi pour passer le tour suivant ? C'est peut-être la plus grande occasion pour toi à Roland-Garros avant longtemps ?
Je ne pense pas aussi loin. Je sais qu'il y a beaucoup d'excellentes joueuses qui sont encore dans le tableau et je ne suis pas une terrienne, j'adore jouer sur terre, j'ai grandi sur terre, mais il y a des plus grandes spécialistes de terre battue que moi dans le tournoi. Je regarde juste le tour suivant, je ne regarde pas trop loin et je ne serai jamais quelqu'un qui regarde très loin. Il y a trop de choses à penser, je préfère avoir l'esprit clair, me concentrer uniquement sur la prochaine adversaire. Je ne regarde pas le tableau après mon match. Mon entraîneur me dit qui je vais rencontrer, c'est comme cela que je fonctionne. Je ne veux pas regarder trop loin. J'étais en demi-finale en 2012 et je sais que je peux jouer bien ici et ça, c'est important pour moi.
Par rapport à la prochaine adversaire, Zhang Shuai, vous vous êtes rencontrées à plusieurs reprises, deux matchs sur terre battue, c'était 1 partout. Peux-tu nous parler du défi de jouer contre Zhang Shuai ?
Je suis très heureuse de la jouer, elle est une des plus gentilles joueuses ici. Elle dit toujours « bonjour ». Je suis très heureuse de la rencontrer au deuxième tour, on s'est jouées à Newheaven sur dur et à Prague sur terre battue. Elle joue très bien, c'est une joueuse agressive et c'est comme cela qu'elle joue bien et ce type de Roland-Garros lui convient très bien. On a un peu le même style, on se connaît bien l'une et l'autre et je dois faire comme aujourd'hui, me battre sur chaque point. Il n'y a pas vraiment de tactique quand vous jouez contre une frappeuse, il va falloir que je cogne moi aussi.
Publié le par Aude MAZ