Sofia Kenin, en finale : "Je dois contrôler mes nerfs"
Roland-GarrosLa tornade Sofia Kenin est en finale de Roland-Garros. Titrée à Melbourne en début d'année, l'Américaine de 21 ans est très proche de renouveler l'exploit Porte d'Auteuil. Ce jeudi, elle a dompté Petra Kvitova, 6-4, 7-5 pour se hisser en finale du tournoi. Une très belle performance qui confirme tout le potentiel de l'Américaine. Volcanique, Kenin devra garder ses nerfs si elle veut espérer battre Iga Swiatek en finale. Un vrai défi.
Sofia Kenin, qualifiée pour la finale de Roland-Garros
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En conférence de presse, l'Américaine est revenue sur tout l'aspect psychologique de la finale qui approche et sait comment aborder la rencontre. "Bien sûr, j’ai des papillons dans le ventre, je veux gagner mais je dois contrôler mes nerfs. Il y a une bonne possibilité que je gagne, ce serait formidable mais c'est déjà formidable d'être ici et j'espère franchir l'étape suivante pour soulever le trophée. On va voir comment les choses fonctionnent pour moi samedi", a-t-elle expliqué. Son expérience à Melbourne pourrait avoir son importante contre une Swiatek qui va découvrir ce que représente une finale de grand chelem. En Junior, les deux jeunes joueuses s'étaient affrontées à Roland en 2016 et Iga Swiatek s'était imposée. Ce match sera sans doute dans la tête des deux femmes même si leur jeu a évolué et l'enjeu n'est pas du tout le même.
Félicitations pour cette victoire. Qu'est-ce que cela signifie pour toi d'être en demi-finale de Grand Chelem en 2020 ?
C'est tellement incroyable. Je suis tellement reconnaissante par rapport à comment je joue et comment les choses vont pour moi. Ce n'est pas facile d'arriver en finale d'un Grand Chelem, et deux fois la même année, c'est vraiment incroyable !
Félicitations. Quel est-on niveau de confort par rapport à toutes ces étapes que tu as franchies en ayant été déjà en finale ? Est-ce que ce sera un avantage pour toi par rapport à une qui n'a jamais été en Grand Chelem ?
Oui, je vais utiliser ça comme un atout. Je vais être nerveuse par rapport à la finale. J'ai déjà été dans cette situation. Je l’ai fait. Je l’ai surmontée. Je connais les émotions d'être dans une première finale de Grand Chelem, j'espère qu'elle sera nerveuse et tendue. Je sais à quoi m'attendre. J'espère que ça va bien fonctionner pour moi.
Bravo. Comment tu te sens en ayant sauvé toutes ces balles de break dans le deuxième set, en ayant eu un mauvais jeu et en étant revenue au niveau ? Quel a été ton état d'esprit pour continuer à aller de l'avant ?
On était à 5-3. Elle servait. On était à 30 A et elle a sorti des excellents points. J'ai eu un passage à vide. Elle a très bien joué à 5-4 aussi. Je suis motivée pour continuer à me battre. Je m'attendais bien sûr à ce qu'elle joue mieux. J'ai eu un passage à vide, mais j'ai continué à aller de l'avant. Je suis très heureuse d'avoir converti pour gagner 6-5. J'ai essayé de clôturer. J'ai sauvé une balle de break ou deux, je suis très heureuse de l'avoir sauvée.
Bonjour Sofia. Tu vas rencontrer Iga en finale. Qu'est-ce que tu te rappelles du match que tu as joué contre elle en Junior il y a quatre ans ?
Je me rappelle que j'ai perdu mais je ne me rappelle pas comment j'ai joué. Je n'étais pas aussi à l'aise que maintenant sur la terre battue. J'ai commencé à m'y sentir à l'aise l'an dernier. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé peut-être que j'ai perdu 6-4 6-4. Elle a bien joué ce match. Nous sommes des joueuses différentes maintenant. Je vais voir ce qu'elle a fait. Elle a fait d'excellents résultats. Elle a joué un excellent tennis. Je sais que je joue bien aussi. Je vais profiter aujourd'hui et me préparer demain pour samedi.
Est-ce que tu penses que tes réalisations cette année ont changé comment les gens te voient dans les cercles tennistiques ? Tu penses que tu as le respect aux Etats-Unis et tu es plus célébrée que tes compatriotes ?
Absolument. Je pense que j'ai senti plus de pression. Les gens commencent à me connaître. Garder ce tennis et jouer un très bon tennis est incroyable. Je vois les gens qui me regardent. J'espère que tous mes fans m'attendront aux Etats-Unis et qu'ils m'acclameront, me soutiendront. Les gens me respectent. Je suis heureuse. Pas facile d'avoir du respect ; c'est beaucoup plus facile de le perdre. Si les gens me respectent, je vais essayer de garder cette lancée.
Si tu devais mentionner un aspect de ton jeu où, en tant que personne, qui a été l'élément-clé pour les succès que tu as eus cette année dans les Grands Chelems par rapport à avant cette année, que dirais-tu ?
En tant que personne, bien sûr, mon jeu s'est amélioré. J'ai beaucoup travaillé. Je pense que mon état d'esprit a beaucoup changé. Je pense que j'ai le droit d'aller plus loin dans les tournois. J'essaie de me mettre la pression. En tant que personne, j'ai grandi en confiance, surtout en allant vers des Grands Chelems. Voilà c'est un peu des deux, mais en tant que personne j'ai bien sûr progressé.
Félicitations ! Je voudrais savoir : est-ce que tu es impressionnée par Swiatek qui n'a perdu que 23 jeux et aucun set en 12 sets, comme Nadal chez les hommes ? Est-ce que c'est quelque chose qui te choque, qui t'impressionne ou pas du tout ?
Bien sûr, elle joue un excellent tennis, elle a des résultats fantastiques. Mais Petra n'avait pas perdu un set ici non plus. Ça ne veut rien dire, si je joue bien. Comme je dis, elle joue excellemment bien. Elle est arrivée en finale. Elle a de belles victoires. Elle a beaucoup de confiance et elle et est sûrement très enthousiaste avec la finale. J'espère que mon expérience de Melbourne va m'aider pour samedi.
Félicitations. Tu es une battante incroyable et une fille qui résout les problèmes de manière incroyable. Est-ce que tu peux parler de cette partie du processus : qu'est-ce que tu te dis ? Est-ce amusant d'essayer de voir comment casser l'adversaire et se sortir de situations difficiles ?
Oui, je suis tout à fait quelqu'un qui résout les problèmes dans un match de tennis. On doit s'attendre à des situations difficiles. L'adversaire veut gagner. Elle veut trouver tes faiblesses. Il faut être intelligente et savoir comment résoudre les problèmes et s'attendre à avoir une situation difficile, des situations sous pression. Bien sûr, je l'adore, pas quand c'est trop fou avec un score où je suis à la ramasse, mais évidemment, je ne m'attends pas à avoir une victoire 6-0 6-0 en demi-finale, en particulier contre Petra qui joue un excellent tennis. J'ai beaucoup de respect pour elle. Il faut adorer le jeu, la compétition, adore être contre une adversaire et avoir cet état d'esprit. Comme je l'ai dit dans mes précédentes conférences de presse, je déteste perdre et j’adore gagner donc je fais tout pour gagner.
Félicitations. Tu as dit que tu ne pensais pas que tu pouvais monter en puissance, mais qu'est-ce qui a vraiment bien fonctionné dans ton jeu aujourd'hui ?
J'ai bien retourné. Elle a un gros service. Et je savais plus ou moins où elle aimait servir sur les points délicats. Je ne pouvais pas la dominer en puissance. Je savais que je devais ajuster mon jeu, contrôler les points, essayer de dicter le point, ne pas lui donner de balle facile et avoir un bon service. C'est très important pour moi d'avoir de bons services et plus de premières balles que de deuxièmes, être agressive et saisir mes opportunités.
Si tu écrivais un film sur toi, comment te décrirais-tu comme joueuse sur le court ? Que dirais-tu sur ton attitude et sur tes manières, tes tics, etc., pendant un match ?
Je suis vraiment une battante. Je me suis améliorée. Je me bats pour chaque point. Ce n'est pas facile. Mais si c'était un livre, peut-être « j'ai gagné un Grand Chelem, je suis en finale de Roland-Garros ». C'est très particulier. C'est vraiment un pitch intéressant. J'espère que je pourrai écrire une autre page où je pourrai dire « j'ai gagné Roland-Garros ». Ce serait formidable.
Tu as parlé un peu de la victoire contre Serena l'année dernière qui t'a donné confiance sur la terre battue. Est-ce que tu peux te comparer comme une joueuse sur terre battue par rapport à ce match où tu es maintenant ? Est-ce que ce match t'a convaincue que cette surface fonctionnait pour toi ; ça a ouvert ta vision sur comment tu pouvais être sur cette surface ?
Avant ce match contre Serena je jouais bien mon premier match. Mais je n’aimais pas la terre battue. Ce n'était pas ma meilleure surface. Je me sentais prise en défaut pour la puissance, je ne contrôlais pas les points, ne me déplaçais pas très bien. C'était un peu une bataille pour moi. Après avoir joué contre Serena ça m'a boosté la confiance en moins. Je n'ai pas joué mon meilleur tennis à Rome. La terre battue n'était pas bien pour moi à ce moment-là. Mais je devais avoir une bonne lancée et j'adore la terre battue, je joue un excellent tennis, peut-être mon meilleur, je me déplace bien, glisse bien, j'arrive à m'adapter à la surface et j'adore la terre battue !
Félicitations. Je me rappelle que tu avais dit à New York que tu n'avais pas de problème pour glisser sur la terre battue et ça a été à nouveau démontré. Qu'en est-il de ton service car certains disent que tu ne vois pas la balle pendant que tu l'as lance mais juste une demi seconde ça ; cela fait-il partie de ton jeu ?
J'ai eu cela durant toute ma carrière. C’est un peu différent comme style, mais j’ai eu de bons résultats avec ce service et ce serait dommage d'essayer de changer cela maintenant. J'ai amélioré mon service et j'ai l'impression de bien servir et quel que soit le style, tant que la balle rentre dans le carré, cela fonctionne pour moi.
Tu as parlé de l'aspect mental et comment tu étais nerveuse pour aller en finale. Comment tu travailles sur cela ? Iga travaille avec un psychologue sportif et elle l'a fait depuis quelques années. Est-ce que tu fais quelque chose comme cela ? Comment améliores-tu l'aspect mental de tes matchs ?
J'ai vu ce Tweet de Tennis Channel WTA qui disait que j'allais être assez nerveuse pour aller vers la finale. Mais non, je n'ai pas cela. J'ai vu qu'elle a cette solution qui l'a beaucoup aidée mais moi, je me connais, je sais comment gérer cela. J'aimerais plutôt avoir un kiné plutôt qu'un psychologue, etc. Mais je ne sais pas, on va voir.
Félicitations pour cette victoire pour aller en finale. Quand tu as remporté ton premier Grand Chelem en Australie, cela arrive avec beaucoup de succès, les sponsors veulent te parler et tout le tralala. Avec la pandémie, cela a dû être difficile parce que tu ne pouvais pas vraiment te déplacer et voyager. Est-ce que cela a été une déception cette année et comment as-tu ajusté ton programme par rapport à cela ?
Oui, c'était très perturbant ce qu'il s'est passé. J'ai gagné un Grand Chelem et, bien sûr, on s'attend à recevoir plus d'attention, des contrats, etc., mais à cause de la pandémie, tout s’est arrêté ; presque tout a été mis en pause et c'était vraiment très décevant mais, comme je l'ai dit dans d'autres conférences de presse précédentes, je n'avais pas la motivation quand tout était fermé et tout était arrêté. Il a fallu du temps que je retrouve ma motivation. Finalement, je l'ai retrouvée et maintenant je joue mon meilleur tennis. J'ai très bien joué en Australie et maintenant je joue aussi bien et peut-être mieux. Je ne peux donc pas me plaindre de comment la situation a évolué pour moi. Je suis donc très reconnaissante.
Je voudrais savoir par rapport à ta relation avec ton père comme entraîneur, est-ce que tu veux en parler ?
Je travaille avec lui depuis toute ma carrière. Il me connaît mieux que n'importe quel autre entraîneur. Cela a très bien fonctionné. Il y a d'autres personnes sur le circuit qui ont un père qui sert d'entraîneur et pour moi cela fonctionne et je ne vais pas le changer.
Tu nous as dit que tu te sens très proche d'une victoire spéciale ici à Paris. Quelle est la différence entre penser que tu peux gagner un Grand Chelem et savoir que tu peux gagner un Grand Chelem ?
Bien sûr, j’ai des papillons dans le ventre, je veux gagner mais je dois contrôler mes nerfs. Il y a une bonne possibilité que je gagne, ce serait formidable mais c'est déjà formidable d'être ici et j'espère franchir l'étape suivante pour soulever le trophée. On va voir comment les choses fonctionnent pour moi samedi.
Publié le par Alexandre HERCHEUX