Marion Bartoli : "Ne pas engager de physio était une erreur"
WTAMarion Bartoli a connu une fin de carrière paradoxale. La Française peut se vanter d'avoir fini avec un sacre à Wimbledon en 2013, le rêve de toute joueuse sur le circuit. Toutefois, cette réussite a précipité la fin de carrière de l'ancienne 7e mondiale, usée par le circuit, et incapable de repartir au front après cet exploit. L'après-carrière a d'ailleurs été très difficile avec des soucis de santé et la nécéssité de se reconstruire. Pour Behind The Racket, l'actuelle chroniqueuse et animatrice sur RMC s'est confiée sur cette difficile gestion de l'après-carrière. Passionnant.
Marion Bartoli envisageait un retour en mars 2018
"Je voulais tellement un Grand Chelem que mon esprit a poussé mon corps jusqu'à ce que je gagne Wimbledon. Mais lorsque j'ai enfin gagné, je me suis sentie vide"
"J'ai gagné Wimbledon en 2013 et j'ai pris ma retraite quelques semaines plus tard. Lorsque vous gagnez un Grand Chelem, vous êtes au sommet du monde et vous ne voulez pas abandonner car vous avez enfin obtenu la récompense de votre dur labeur. Mon esprit voulait continuer mais mon corps ne pouvait plus jouer. J'ai consacré toute ma vie à rivaliser avec les meilleurs joueurs du monde. Les heures supplémentaires d'entraînement et de remise en forme ont eu raison de mon corps. Je ne pouvais plus continuer à jouer en souffrant. Je voulais tellement un Grand Chelem que mon esprit a poussé mon corps jusqu'à ce que je gagne Wimbledon. Mais lorsque j'ai enfin gagné, je me suis sentie vide. Je n'avais plus de ressources pour revenir sur le court. C'était douloureux car je ne pouvais pas capitaliser sur ma victoire. Heureusement, j'ai trouvé la mode et le design. J'ai obtenu mon diplôme de mode au Central Saint Martins de Londres, ce qui m'a fait oublier la douleur de ne pas pouvoir jouer au tennis. J'ai longtemps dessiné pour Fila. Mon succès en dehors du court m'a aidé à effacer mentalement mon identité passée de joueur de tennis. Sans la mode, ma situation aurait été pire.
"Ma plus grande erreur a été de ne pas engager un physiothérapeute privé"
"Quand on mûrit et qu'on acquiert de l'expérience, on réfléchit à sa vie. Ma plus grande erreur a été de ne pas engager un physiothérapeute privé, ce qui aurait prolongé davantage ma carrière. Mon corps souffrait constamment, c'était douloureux d'être sur le court, mais engager un kinésithérapeute était coûteux et les prix de la WTA étaient moins élevés qu'à l'époque. J'ai récemment entendu Maria Sharapova parler de son expérience sur le circuit, elle disait qu'elle était dans son propre monde, extrêmement concentrée, je dirais que mon expérience était similaire mais pas aussi extrême. Je suis devenue amie avec quatre joueurs, mais le reste du vestiaire était hors de mes plans. Vous pouvez toujours jouer dur tant que vous respectez chaque adversaire, ce que j'ai toujours fait."
Publié le par Alexandre HERCHEUX