ATP - Nadal, retrouver le feu sacré sur son ocre mystique
Par Bastien RAMBERT le 27/07/2015 à 13:59
Pour la première fois depuis 2007, Rafael Nadal va disputer un tournoi sur terre battue après Roland-Garros. Un choix non anodin après une première partie de saison où l'Espagnol, désormais 10e au classement ATP, a souvent été l'ombre de lui-même.
Revenir aux bases. Voici le programme de Rafael Nadal en ce moment. Dixième joueur mondial, l'Espagnol de 29 ans est engagé cette semaine au tournoi ATP 500 de Hambourg sur terre battue à l'heure où les autres mastodontes du tennis mondial (Djokovic, Federer, Murray) se reposent avant d'attaquer la tournée nord-américaine sur dur. Avec 66 titres dans sa besace dont 14 du Grand Chelem, le nonuple vainqueur de Roland-Garros, vaincu cette année en quarts de finale Porte d'Auteuil par Novak Djokovic, n'est pas venu en Allemagne juste pour tenter d'ajouter une ligne supplémentaire à son palmarès. Il veut se retrouver. Un chantier au vu de la moitié de son exercice 2015.
Au moment d'attaquer Hambourg, Nadal se présente avec un bilan de 34 victoires pour 12 défaites cette saison. C'est déjà plus de revers qu'en 2005, 2006, 2008, 2010 ou encore 2014 sachant qu'en 2012, il n'avait pu jouer après Wimbledon (et jusqu'à Vina Del Mar début février 2013) suite à une lourde blessure au genou gauche. Plus que d'autres immenses champions, "Rafa" a connu des couacs, perdant contre des adversaires largement à sa portée. Sauf qu'en 2015, l'Espagnol ne dégage plus cette impression d'un compétiteur quasi-inébranlable, au moral d'acier. Le Majorquin se bat avec les armes du moment mais ne trouve pas la solution. Il peut désormais craquer sous la pression, comme au deuxième tour de Wimbledon (son dernier match en date) avec deux doubles fautes de suite contre l'Allemand Dustin Brown (alors 102e mondial), qui ne s'était pas fait prier pour envoyer le taureau brouter l'herbe londonienne.
Hambourg, une terre salvatrice ?
Pour Nadal, l'heure est plus que jamais à la Reconquista (reconquête). Son physique le laisse enfin tranquille. Il va donc falloir se débarrasser de ce nuage au-dessus de sa tête. "Je joue ici car j'ai perdu plus de matchs ces six derniers mois que lors des dix dernières années. Mon corps veut plus de matchs" expliquait-il en conférence de presse d'avant-tournoi. Nadal a déjà gagné Hambourg, en 2008 contre Roger Federer à l'époque où l'épreuve allemande était encore dans la catégorie des Masters Series. Désormais, c'est un ATP 500. Une bonne rampe de lancement pour un Nadal qui a remporté deux titres cette année : Buenos Aires et Stuttgart, deux ATP 250. Il ne faut pas cracher dans la soupe mais tout cela est indigne d'un joueur qui est l'égal de Pete Sampras au niveau des titres en Grand Chelem, qui a remporté l'or olympique à Pékin en 2008, la Coupe Davis à quatre reprises et passé 141 semaines en tant que numéro un mondial.
Nadal n'a pas disputé la moindre demi-finale en Grand Chelem cette saison ni remporté de Masters 1000 sur sa surface fétiche, la terre battue (46 titres au total). C'est la première fois que cela lui arrive depuis 2004 c'est-à-dire avant son premier sacre à Roland-Garros. Un signe. On peine vraiment à retrouver le rouleau compresseur capable de lâcher ses coups droits enroulés le long de la ligne. Son lasso n'est plus aussi explosif, son revers chancelle et les moments clés ne sont plus sa spécialité. Certains tirent la sonnette d'alarme, d'autres l'enterrent, ses fans irréductibles rappellent qu'il a réalisé d'innombrables comebacks tandis que l'idée d'un changement de coach germe dans pas mal d'esprits. Nadal n'en a cure : il veut rester avec son oncle Toni, son coach de toujours. A la vie, à la mort, l'Espagnol défend sa structure avec laquelle il a tant gagné. Est-ce un bon ou un mauvais choix ? Les prochains mois nous le diront. En attendant, Nadal veut revenir aux bases et mordre à nouveau dans un trophée. La Reconquista passera tout d'abord par un premier tour compliqué contre Fernando Verdasco. Déjà un bon test pour savoir si le taureau est de nouveau prêt à encorner ses adversaires.