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Clément Chidekh : "Quand on dépasse les attentes, ça fait plaisir"

INTERVIEW
Mis à jour le par Alexandre HERCHEUX

Sans faire de bruit, Clément Chidekh a réalisé une saison 2024 pleine. En jouant une trentaine de semaines cette année, l'Arlésien, vainqueur de son premier Challenger à Glasgow, a progressé à vitesse Grand V. 572e mondial en février dernier, le joueur de 23 ans a conclu sa saison 191e à l'ATP. Un énorme bond qui lui permettra de découvrir l'Open d'Australie en janvier prochain. Une consécration pour Clément, qui se souvient encore des joutes mémorables de Nadal sur les courts de Melbourne et qui ont bercé son adolescence. Basé à Marseille à la Team Tennis Elite de Lionel Zimbler et Martin Vaisse, Chidekh compte bien poursuivre sa progression en 2025 et enchaîner les quatre tournois du Grand Chelem, comme il l'a expliqué à Tennis Actu. Bilan de sa saison 2024 et ses objectifs pour 2025. ENTRETIEN.

L'ENTRETIEN Clément Chidekh sur Tennis Actu

 

"Il y a encore des progrès à faire mais dans l'ensemble, ça a été une grande réussite cette année"

Clément, comment vas-tu ? Après une saison 2024 intense, tu es en peine prépa physique et tourné vers 2025 ?

Merci, Alexandre, merci beaucoup déjà de m'avoir sur Tennis Actu. C'est un peu un rendez-vous bilan qui me fait du bien aussi, ça fait du bien de parler pour faire le point. C'est quelque chose qui nous permet de comprendre des choses. Donc, merci pour ça. Et je suis en pleine forme, un peu fatigué, au lendemain de ma première semaine de prépa foncière.

 

Parlons de ta saison 2024. Tu étais 572e mondial en février, tu as fini l’année avec un best ranking à la 191e place. J’imagine que tu es plus que satisfait de cette année.

Ouais, satisfait, si on parle de classement, même plus que satisfait, parce que, voilà, j'ai atteint la barre du top 200, qui n’était pas forcément quelque chose que je m'étais fixé comme objectif. Donc, c'est vrai que quand on dépasse les attentes, ça fait toujours plaisir. Mais les attentes de classement du début qui était l’Australie, gagner un Challenger… ce sont les attentes que j'avais sur ma saison et des attentes que j'essayais de remplir avec des objectifs qui dépendent plus de moi. J'avais l'objectif de jouer trente tournois en bonne santé, après ma longue blessure de 2023. C’est ce que j'ai fait exactement, trente tournois. Il y a un peu à gratter, parce que voilà, je pense qu'il y a deux tournois où je n’étais pas forcément particulièrement présent dans la tête. Donc, il y a encore des progrès, mais ça, c'est si on est vraiment pointilleux puisque dans l'ensemble ça a été une grande réussite. J'avais aussi des objectifs de progression et de jeu que j'ai atteints je pense, mais je peux aller encore en chercher. Ça a été rapidement mis dans la liste d'objectifs de 2025, donc, en espérant que j'arrive à les cocher avec autant de réussite que cette année-là.

 

Tu as battu trois Top 200 cette année, avec ta plus belle victoire en carrière contre Ajdukovic, 117e mondial au moment du match. Il y a eu un sacre en Challenger. En quoi as-tu progressé ?

Je pense que ça va être aussi l'objectif de ma saison en 2025. J’ai joué en Chall’ mais nettement moins que les autres joueurs de mon classement. J'ai passé encore pas mal de temps dans les futures, où je pense que j'ai eu pas mal de succès, ce qui est positif. J'ai vraiment l'impression d'avoir réussi à passer ce cap-là. Je suis allé chercher quatre victoires à ce niveau. Mais sur le circuit challenger, il y a quand même eu encore des belles victoires, certes, mais une constance moindre, et je pense que la marge de progression est à aller chercher là-dessus. On va appeler ça une saison de confirmation l’année prochaine, mais en sachant que je ne vais pas évoluer sur les mêmes circuits, j'appellerais plutôt ça une saison d’affirmation. Je dois progresser maintenant sur mes jeux de service. C'est vraiment le coup primordial. C'est celui où j'ai la plus grosse marge de progression et si je veux évoluer à un meilleur niveau, ce sera forcément avec une meilleure stabilité.

 

"A Roland-Garros, c'est le 1 et 1 le plus agréable que j'ai pris de ma vie"

Belle saison mais aussi apprentissage difficile, il y a eu Roland-Garros, ton premier match en Grand Chelem, avec une défaite sèche contre Zizou Bergs. Comment vois-tu ce moment avec du recul ?

Honnêtement, je pense que ça fait partie de mes qualités. Je suis capable de prendre du recul assez rapidement et après le match, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que j'étais juste contre un joueur meilleur que moi et le résultat sur la quinzaine l’a confirmé. Derrière, il fait quand même un troisième tour. C'était juste un joueur meilleur, un des tous meilleurs joueurs en termes de niveau de jeu que j'ai joué. Dans la liste, je mettrais Ugo Humbert quand il est un peu redescendu en challenger, et que je l'avais joué. Je me suis senti en-dessous, clairement, surtout avec le peu d'expérience que j'avais. C'est tellement une belle récompense de jouer un grand chelem, surtout moi qui joue en future. J'ai cette philosophie de jouer tous les tournois comme si c'était des qualifs en Grand Chelem, parce que ce sont les tournois futures, les tournois challengers qui m'emmènent sur ces courts-là. Je pense que j'ai fait plutôt du bon travail sur le fait de jouer Roland et ce sera pareil pour l’Australie. Je pense que cette constance dans l'approche mentale des événements, c'est quelque chose qui va faire ma force. À Roland, je pense que c'est le 1 et 1 le plus agréable que j'ai pris de ma vie, parce que c'est vrai qu’on est en France, une vraie ode au sport, une célébration du tennis dans les tribunes, Normalement voilà, quand tu prends 1 et 1 devant du public, tu passes un mauvais moment. Là, je jouais juste un joueur trop fort et au final, j'ai passé un bon moment et j'ai beaucoup appris. J'ai vu un peu comment ça fonctionnait. C'est le premier. Je n’ai pas forcément retiré de déception et je pense que c'est quelque chose sur lequel j'ai appris, qui a aussi montré les limites de mon jeu. Dans, l'ensemble, ça a été une expérience très positive.

 

"L'Open d'Australie, c'est le Grand Chelem que j'avais le plus envie de jouer"

Finir l’année Top 200 signifie que tu seras à l’Open d’Australie, ton premier tournoi du Grand Chelem hors de Roland-Garros. C’est une fierté ?

J'espère que ça ne va pas faire grincer des dents. Quand on est français, c'est vrai qu'on a tendance à dire que Roland-Garros est le meilleur Grand Chelem. Mais moi, je suis du sud, j’ai peut-être un peu moins d'attache avec Paris et le fait que ça soit aussi sur terre battue qui n’est pas la surface sur laquelle je m'exprime le mieux… Cette combinaison-là fait que ce n’est pas forcément mon Grand Chelem préféré. Si je devais en choisir un, je pense que ça serait l'Open d’Australie. J'ai des souvenirs que j'ai plus jeune, de ce pays lointain, qui fait un peu rêver. Ce sont mes premiers souvenirs à la télé. Je me rappelle de la demi-finale Nadal-Verdasco, du Nadal-Djoko, qui finit en cinq heures trente, ça c'est vraiment mes plus beaux souvenirs. Pour moi, l’Australie, c’est le Grand Chelem que je regardais avant d’aller en cours. C’est le Grand Chelem que j’avais le plus envie de jouer. Je n’ai jamais voyagé aussi loin. Je vais couper mon voyage. Je vais jouer en première semaine en Thaïlande, et après j’irai en Australie. Ce sera ultra-intéressant de partir sur dur extérieur. Le premier challenge du début de saison arrive vite. Je serai accompagné du coach qui vient de rejoindre notre structure à Marseille. Ce sera une belle aventure humaine. C’est l’occasion de mettre des bonnes bases pour 2025.

 

Tu nous avais expliqué en début d’année que tu avais eu une période compliquée à la sortie de tes études aux USA,  et qu’arriver à Marseille t’avait aidé. Maintenant, tu es totalement épanoui et à a ta place sur le circuit ?

C’est ça. Je pense que c’est la leçon de la saison. En 2024, j’ai eu l’impression de récolter ce que j’ai semé avant. J’ai évolué dans mon fonctionnement. J’essaie de me créer une routine, un quotidien, pour profiter de tout mais que ce soit durable et efficace pour performer. C’est un juste milieu pas simple à développer. Je vais peut-être changer de centre d’intérêts, de situation perso, il faut s’adapter pour continuer de m’épanouir. J’ai senti cette année qu’il n y’a rien d’autre que j’ai envie de faire où je serais plus heureux.

 

Tu parlais de situation personnelle ? Peux-tu préciser ?

Oui oui, bien sûr. Ça peut être une relation sentimentale… Là, j’ai eu un moment difficile car il y a eu une séparation avec mon coach américain. Il a eu un rôle plus proche que celui de coach. Pour moi, qui est sensible, l’humain est primordial. Je serai amené à voyager avec Luca Sanchez, qui joue le double. Je sais que ça me fera du bien parce que c’est un ami et ça me fait plaisir de voyager avec lui. On voulait vivre de ce sport et voyager, ça se réalise. Tout changement peut avoir des répercussions sur le mode de fonctionnement. Je joue pour rendre ce qu’on m’a donné. Il n’y a rien de mieux que de voir la fierté de mes proches.

 

"Les quatre qualifs de Grand Chelem en 2025 sont un souhait"

Quels vont être les objectifs, tes souhaits pour 2025 ? Jouer les quatre tournois du Grand Chelem sur une année ?

J’aime bien ta formulation des souhaits. On ne va pas changer une équipe qui gagne. Je vais essayer de rester sur la même ligne de conduite. Déjà, être en forme sur une trentaine de semaines. J’espère rebelote l’année prochaine. Je veux aussi continuer à progresser. Et les quatre qualifs de Grand Chelem sont un souhait oui. Le Top 100 n’est pas un objectif immédiat mais le Top 150 et être tête de série sur quelques challengers, ça pourrait m’aider à passer une étape supplémentaire. Je vais avoir une nouvelle équipe autour de moi. On reste à Marseille mais c’est le coach qui m’a eu de mes 12 à mes 16 ans qui sera avec moi. C’est Christophe Camus. Il faisait quelques semaines avec Fabrice Martin. On va faire quelques semaines ensemble. Un poil de changement et on va essayer de continuer à progresser.

 

Ton rêve, c’est toujours l’Equipe de France de Coupe Davis ? Ça n’a pas changé ?

Le format actuel fait nettement moins envie. Il est moins intense émotionnellement que la Coupe Davis que j’ai connue en grandissant. On sentait le soutien du pays ou les ambiances hostiles. Il semble que ça va se rapprocher de l’ancien format. Je ne dirais pas que c’est un rêve absolu dans le format actuel mais ça restera un rêve de porter les couleurs de la France. Il y a aussi les JO pour avoir ces couleurs. Je n’ai jamais porté les couleurs de mon pays et je sais que ça me fera vibrer.

 

Tu espérais la bonne santé, jouer 30-35 semaines et savourer chaque moment sur le circuit en 2024. Ça s’est bien passé. Que peut-on te souhaiter pour 2025 ?

J’espère que je pourrais parler de la saison 2025 avec le sourire, que je serai heureux et en bonne santé. Le classement suivra si je joue 30 semaines à 100%. J’espère être épanoui et je n’ai pas de doute si je suis en forme sur les semaines souhaitées.

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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