Julien De Cuyper, jackpot au Congo : "Six prochains mois assurés"
INTERVIEWJulien De Cuyper est un homme heureux. Et rassuré. Actuel 1858e au classement mondial, ce jeune Français de 25 ans, menacé de perdre son unique point ATP – acquis en novembre 2023 lors d’un tournoi à 15 000 dollars en Thaïlande –, a bénéficié d’un heureux alignement des astres. Initialement inscrit à plusieurs tournois en Chine, il a dû renoncer à y participer en raison d’une règle de l’ATP qu’il avait négligée. Ce contretemps inattendu l’a finalement propulsé au Challenger 50 de Brazzaville, en République du Congo. Profitant d'un tirage au sort favorable dans un tournoi au niveau particulièrement faible, le Messin a su saisir l'opportunité. Il partage son incroyable aventure au micro de Tennis Actu.
Julien De Cuyper après son incroyable aventure africaine
Habitué des tournois en Asie du Sud-Est, comment vous-êtes vous retrouvé à disputer ce Challenger 50 à Brazzaville ?
Ce n'était pas du tout prévu. J'habite à Bangkok en Thaïlande, j'étais à Taïwan la semaine précédente et j'avais une tournée asiatique prévue. Je m'étais inscrit au Challenger en Afrique juste pour voir ! Ça m'intéresse toujours de jeter un coup d'oeil aux tableaux, et quand j'ai reçu le mail du Challenger, je me suis inscrit. Sauf que je ne connaissais pas une règle de l'ATP : quand tu rentres dans un Challenger, même avant la date limite de retrait, ils te dégagent de partout. Et donc ils m'ont dégagé d'Asie. Mon plan A était de rester en Asie, j'habite là-bas, les tournois sont biens, et je n'avais aucun interêt à venir en Afrique, à 12.000 kilomètres ! Si je voulais jouer cette semaine, je n'avais pas d'autre choix que de venir. Donc je me suis dit "bon allez, on va venir" et je me suis inscrit dans la foulée au Mozambique. Les listes étaient anormalement faibles. Donc je me suis dit qu'une opportunité s'offrirait peut-être à moi.
"Je ne pense pas pouvoir gagner 4 points avec une telle facilité dans les prochaines échéances"
Finalement, le destin vous a souri puisque vous avez remporté un match sur place, synonyme de 4 points ATP. Le jackpot, non ?
C'est bien la première fois en dix ans que j'ai vraiment eu un tirage favorable (sourire). Et il est bien tombé. C'est vrai que pour 4 points ATP, c'était presque cadeau. 4 points c'est une demie en 15.000$. Je ne pense pas pouvoir gagner 4 points avec une telle facilité sur les prochaines échéances. À la base, je devais jouer les qualifs. Et ça m'arrangeait même parce qu'on jouait pour trois points, d'autant que le niveau des qualifs était vraiment très faible. Au final, j'ai fait "bye" et "bye", je me suis retrouvé directement dans le tableau final. Et là, je me suis dit, c'est la loterie. Et j'ai chopé la wild-card (Dhruva Mulye, non-classé et battu 6-0, 6-3), donc c'est très bien tombé.
Est-ce qu'on peut parler d'un petit braquage ?
Là, c'est 4 points qui sont cadeau, ouais. Bon maintenant, il fallait venir. Deux jours avant de partir, je n'étais pas sûr de venir. C'était même plutôt non. C'est vraiment parce que je me suis fait virer de mes tournois en Chine quoi (où il s'était inscrit avant de cocher Brazzaville, NDLR). À la base, je n'étais pas très content de venir en Afrique (sourire). Avec Calvin (Hemery, battu en quarts au Congo), on s'est dit qu'on n'allait pas en jouer tous les jours des Challengers comme ça.
De Cuyper a cédé au deuxième tour contre le Roumain Jianu (n°1) 6-1, 6-3
"Ils ont sorti le tournoi il y a trois semaines. Donc plein de joueurs l'ont loupé"
Aviez-vous déjà vu un tournoi Challenger d'un niveau aussi faible ?
Non, jamais. Ce qui se passe assez souvent, c'est qu'au niveau des 3-4 derniers entrants, ça chute. Même si le tableau est très fort, en fin de liste, parfois ça peut chuter. Mais à ce point, non, je n'avais jamais vu ça. Mais la raison est simple. Ils ont sorti le tournoi il y a trois semaines, ou un mois. Et c'est juste bien tombé pour moi parce que le soir j'étais sur mes mails, et j'ai vu tournoi de Brazzaville, donc plein de joueurs ont loupé, n'ont pas vu le tournoi.
Comment avez-vous trouvé les infrastructures ?
J'ai été agréablement surpris. C'était la seule partie du monde où je n'étais jamais allé encore. J'avais un peu entendu de tout, j'avais vu de tout aussi sur les réseaux. Mais ils ont mis les moyens en place pour ce tournoi. Il y avait beaucoup de main d'oeuvre, les terres battues étaient convenables, ce n'était pas des terres battues de dingue, mais ce n'était pas non plus des champs. Franchement, ils ont mis les moyens, il y avait de la musique... Finalement, c'est un très bon tournoi. Les gens sont gentils, l'hotêl est à côté, il y a des navettes souvent. Je n'ai rien à redire.
Vous allez prendre 543 places au classement mondial pour vous retrouver à la 1295e place mondiale à la prochaine mise à jour du classement. Qu'est-ce que cela va changer pour vous ?
Là où c'est bien tombé, c'est que l'hiver en Asie, les listes sont blindées. Ça va m'assurer d'être tête de série en qualifications, de choisir ma programmation comme j'ai envie de la choisir et de rentrer dans quelques tableaux. Ça m'a assuré les 6 prochains mois, c'est pour ça que je suis content d'avoir fait ce choix. Mais je ne m'emballe pas, 4 points, ce n'est même pas le début d'une marche, donc je suis soulagé.
Publié le par Timothée THOMAS-COLLIGNON