Azarenka : "Tous ces commentaires, c'est de la merde"
Open d'AustralieSi Victoria Azarenka avait réalisé une honnête saison 2022, elle n'était pas la plus attendue en demi-finale de l'Open d'Australie. Son adversaire de ce mardi, Jessica Pegula, n°3 mondiale était favorite au départ, mais elle a été surpassée par la Biélorusse qui a livré une copie impeccable (6-4, 6-1) pour s'offrir un dernier carré, dix ans après sa dernière apparition à ce stade en Australie. Elle avait alors gagné le tournoi pour la deuxième fois consécutive. Pour la tête de série n°24, ce n'est pas le niveau qui est revenu, mais plutôt un calme intérieur retrouvé, qui lui permet de faire de belles performances depuis le début de saison et d'avoir à jouer une belle demi-finale contre Elena Rybakina.
Victoria Azarenka est en demi-finale de l'Open d'Australie
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"J'étais à un point où je ne trouvais rien qui me faisait me sentir bien dans ma peau"
Après avoir savouré sa victoire du jour : "Bien sûr, je suis très contente du match d'aujourd'hui, j'ai senti que j'avais tout très bien exécuté, ça valait tous les efforts pour arriver à ce résultat. Je suis très excitée, je sens que maintenant j'apprécie beaucoup plus être sur le terrain", a-t-elle d'abord expliqué avant de détailler ce qu'elle a traversé mentalement ces derniers temps, elle qui était très anxieuse : "Ce n'est pas quelque chose que vous reconnaissez tout de suite, c'est quelque chose qui se construit jusqu'à ce que vous arriviez à un si mauvais point où rien n'a de sens. J'étais à un point où je ne trouvais rien qui me faisait me sentir bien dans ma peau, pas même une prière. Le moment où j'ai cassé des raquettes à Ostrava a été un moment critique pour moi, depuis j'ai essayé de tout simplifier, je ne voulais pas être positif, juste neutre. J'ai accepté l'anxiété que j'avais, la peur que j'avais, mais j'ai surmonté tout cela. J'ai appris à construire ce processus étape par étape au lieu d'être tellement axé sur les objectifs, sur les processus. Aujourd'hui, je suis heureux de tout ce que j'ai vécu, heureux de moi-même, tout cela m'a aidé à être plus ouvert, tolérant et compatissant. "Compatissant" était un mot très difficile à comprendre pour moi".
La Biélorusse, elle a ensuite expliqué concrètement ce que ça change sur le terrain : "J'aime tout, mais surtout être capable d'accepter tout ce qui se passe. Si je ne joue pas bien, je commence à chercher une solution pour le surmonter, cela dans le passé aurait réagi en me faisant chier. J'ai l'impression d'apprécier le processus, bien que ce soit un cliché de dire cela, beaucoup de gens le disent, mais c'est en fait ce que je ressens. Même si je l'ai dit dans le passé, je ne l'ai pas dit avec la compréhension comme maintenant."
"Les présomptions, les jugements, tous ces commentaires, c'est de la merde car personne ne connaît l'histoire complète"
En 2013, Azarenka menait 6-1, 5-3 contre Sloane Stephens avant de manquer cinq balles de match et de quitter le court. Pendant 10 minutes, "Vika" avait été se faire soigner avant de revenir et conclure. A l'époque, la Biélorusse avait été très critiquée. Interrogée à ce sujet, elle s'est montrée très directe. "Mais est-ce que vous savez vraiment ce qui s'est passé il y a dix ans ? C'est un des pires moments que j'ai vécus. La façon dont on m'a traitée, la façon dont j'ai dû me justifier jusque tard dans la nuit parce que personne ne me croyait... En fait, ça me fait penser à ce que Novak a dit cette année à propos des doutes sur sa blessure. Je ne sais pas, mais j'ai l'impression qu'il y a cette volonté de créer une histoire avec un méchant et un gentil. Mais il n'y a pas de méchant ou de gentil, nous sommes juste des humains normaux qui traversent beaucoup de choses. Les présomptions, les jugements, tous ces commentaires, c'est de la merde car personne ne connaît l'histoire complète. Et peu importe le nombre de fois où je donnerai ma version, ça ne changera rien. Mais c'est marrant que vous évoquiez cela parce que cela m'a demandé dix ans pour passer à autre chose."
Publié le par Aude MAZ