Tennis. ATP - Gilles Simon critique et remonté : "Chacun ne pense qu'à lui"
Par Alexandre HERCHEUX le 21/05/2020 à 08:04
Avec toute son expérience et son intelligence, Gilles Simon fait partie des joueurs toujours très intéressants en conférence de presse et en interview. Pour 20 Minutes, le Niçois est revenu sur le report de Roland-Garros et le problème de gouvernance dans le monde du tennis. Gilles Simon n'a pas mâché ses mots.
Vidéo - Simon après sa défaite contre Auger-Aliassime à l'Open 13 !
"En déplaçant Roland, la FFT n’a pas pensé à sauver le circuit mais à sauver le tournoi, les emplois"
Si beaucoup sont tombés sur Roland-Garros lors du passage en force pour obtenir un report au mois de septembre, Gilles Simon a une vision bien différente et considère que tout le monde aurait fait et voulait faire la même chose. "Roland a pris cette décision parce qu’on lui laisse la place pour le faire. Le reste, c’est le bal des faux-culs. Tous les autres étaient en train de se poser la question de se positionner sur ces dates. L’US Open essaiera de se sauver de la même façon, on ne sait pas encore comment. En déplaçant Roland-Garros, la Fédération n’a pas pensé à sauver le circuit, mais à sauver le tournoi, les emplois, et je comprends. Le problème, c’est que personne n’a les moyens de les en empêcher." a-t-il expliqué avant de glisser un petit tacle à Wimbledon : "Quand tu as pris une assurance pandémie par le plus grand des hasards qui va rapporter 140 millions quoi qu’il arrive, c’est facile d’avoir le beau rôle et de donner des leçons de morale aux autres."
"Tout le monde réfléchit à des ajouts cosmétiques... ça me donne envie de pleurer... "
Après ce constat, le Niçois s'est montré déçu que les instances ne réfléchissent pas ensemble à l'amélioration de la gouvernance du tennis mais plutôt à des détails concernant le jeu. "Cette période aurait dû servir seulement à ça, de voir que ça ne fonctionne pas comme ça devrait et de modifier le système en profondeur. Sauf que tout le monde est en train de réfléchir à des ajouts cosmétiques. Les coachs sur le terrain, des formats différents, un super tie-break en Australie, puis un arrêt à 12-12 à Wimbledon, ça me donne envie de pleurer tellement c’est débile. Pour moi le tennis va bien, il continue et il continuera de plaire. Le gros problème, c’est que personne ne pense à faire la promotion de ce sport dans son ensemble. Pour que le tennis aille mieux, il faut que les gens arrivent à travailler ensemble. Quant aux joueurs, je n’en parle même pas."
"Chacun ne pense qu’à lui"
Enfin, Gillou n'est pas convaincu par l'enchaînement US Open puis Roland-Garros au mois de septembre. Selon lui, ce ne sera pas possible de jouer ces deux tournois en respectant les règles de quarantaine. "C’est assez simple. S’il faut faire 14 jours de quarantaine dans une chambre d’hôtel quand on arrive quelque part, on aura besoin de s’entraîner 15 jours derrière pour être un peu près d’attaque. Ça veut dire un tournoi tous les mois et demi. Et trois semaines avant Roland, il y a l’US Open, qui va lui aussi s’assurer que son tournoi ait lieu. Or, comment on va faire pour jouer les deux ? La fédération américaine va approcher les joueurs, démarcher quelques top players pour qu’ils viennent et on va se retrouver avec d’un côté tous les Américains qui privilégient l’US Open, de l’autre les Français qui vont à Roland, en gros. Alors l’ATP peut choisir d’en sanctionner un et de ne pas accorder de points, mais si Rafa décide de faire l’autre et que le prize money est aussi important, vous pensez qu’il va se passer quoi ? Chacun ne pense qu’à lui."