Tennis. ATP - Les Français sont-ils plus performants en 2016 ?

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Chaque semaine, chaque tournoi, c'est la même rengaine : le public français se penche sur les performances des Tricolores. S'en suit alors son lot de déceptions, et de commentaires parfois cinglants sur le manque de mental et de régularité des joueurs français. Pour autant, les performances de nos Bleus sont-elles moins bonnes d'une année sur l'autre ? Les Gasquet, Tsonga, Monfils, Simon ou autres Chardy, Paire et Pouille (entre autres) progressent-ils ou au contraire régressent-ils ? La rédaction de Tennis Actu s'est penchée pour vous sur l'évolution des résultats des Français du Top 100 sur la première moitié de la saison en 2016 par rapport à 2015. Découvrez sous la vidéo une analyse que nous avons voulu être la plus objective possible.

Une présence accrue en Grand Chelem, pour des résultats plutôt mitigés

Commençons par comparer les résultats des Tricolores dans les tournois du Grand Chelem. En ce qui concerne la participation aux tableaux principaux de ces tournois, on s'aperçoit vite qu'il y a plus de joueurs français cette année par rapport à 2015 : 13 à l'Open d'Australie (pour 12 en 2015), 16 à Roland-Garros (pour 14 en 2015) et 17 à Wimbledon, un record (pour 12 en 2015). Cela est dû non seulement à une plus forte présence dans le Top 100, mais aussi au fait que plus de Français ont réussi à s'extirper des qualifications de ces tournois en 2016. En ce qui concerne les résultats, il n'y a pas forcément que du mieux. A l'Open d'Australie, les Tricolores ont fait mieux cette année : en effet, seuls Richard Gasquet et Gilles Simon avaient atteint le troisième tour en 2015, alors que cette année Gilles Simon a fait mieux en atteignant les huitièmes, tout comme Jo-Wilfried Tsonga. De plus, Gaël Monfils a de son côté été jusqu'en quarts de finale. Mais dans les deux autres tournois du Grand Chelem joués jusque-là, les Bleus ont fait moins bien : la meilleure performance à Roland-Garros en 2015 était une demie à mettre au crédit de Tsonga, tandis que Gasquet atteignait également les demies à Wimbledon (et Simon les quarts). Cette année, le meilleur parcours tricolore Porte d'Auteuil aura été un quart de finale pour Gasquet, suivi par un troisième tour pour Simon, Tsonga et Jérémy Chardy. Cependant, au All England Club, même si aucun Français n'a été cette fois en demies, quatre ont passé le cap de la première semaine, contre deux seulement en 2015 : Gasquet et Nicolas Mahut (stoppés en huitièmes), ainsi que Tsonga et Lucas Pouille (qui ont été jusqu'en quarts, une première pour le jeune Pouille). Reste aux Bleus à faire mieux que Tsonga et Gasquet à l'US Open à la fin du mois d'août, nos deux compatriotes ayant atteint le stade des quarts de finale l'an passé.

Moins de tournois gagnés début 2015, pour autant de présences en finale début 2016

Si on regarde la première partie de saison (de janvier à fin juin) en 2015, on peut se rendre compte que trois joueurs français avaient remportés quatre tournois : deux pour Richard Gasquet (Montpellier et Estoril), un pour Gilles Simon (Marseille) et un pour Nicolas Mahut ('s-Hertogenbosch). Fin juin 2016, seuls deux Tricolores avaient remporté un tournoi sur le circuit : Gasquet à Montpellier et Mahut à 's-Hertogenbosch. Les deux joueurs cités conservant leurs titres acquis l'année précédente, aucun nouveau tournoi n'a été remporté cette année par un Français. Par ailleurs, il y a eu autant de joueurs français présents en finale de tournois cette année qu'en 2015, avec donc moins de succès. En effet, six joueurs avaient disputés une finale en début d'année 2015 : en plus des quatre ayant remporté un titre, Adrian Mannarino avait perdu à Auckland, et Gaël Monfils avait perdu la finale à Marseille contre son ami Gilles Simon. Cette année, trois joueurs ont participé à quatre finales différentes : la palme revient à Gaël Monfils, qui n'a plus remporté de titre depuis Montpellier en 2014, et a encore échoué deux fois en finale cette année (Rotterdam face à Klizan et Monte-Carlo face à Nadal). Certes, c'était lors d'un ATP 500 et d'un Masters 1000, qui plus est avec un match de haut vol face au roi de la terre battue. Hormis « la Monf' », deux autres Bleus ont perdu une finale : Paul-Henri Mathieu face à Gasquet à Montpellier, et le jeune Lucas Pouille, qui disputait sa première finale ATP à Bucarest (perdue contre Verdasco dans un contexte pluvieux).

Bilan : au-delà des résultats, les joueurs français progressent au classement

Ce constat est vrai pour les joueurs présents dans le Top 100. En effet, comme indiqué plus haut, ils sont plus nombreux, et une majorité d'entre-eux a progressé au classement. Si on prend le classement ATP fin juin 2015, plus aucun Tricolore n'apparaissait dans le Top 10. En 2016, il y en avait au moins un : Richard Gasquet (n°10). Derrière le n°1 français, Tsonga stagne au 12ème rang, Monfils progresse du 18ème au 16ème rang, alors que Simon recule du 13ème au 20ème rang. Mais ce n'est pas au niveau des quatre mousquetaires que la différence se fait le plus sentir. En effet, quatre joueurs qui étaient hors du Top 100 ou aux alentours en 2015 ont réalisé une très belle progression en 2016 pour pénétrer ou faire leur retour dans l'élite mondiale. C'est le cas du vétéran Stéphane Robert (36 ans), qui a progressé de 392 places entre juin 2015 et juin 2016 pour passer du 471ème au 79ème rang mondial. Les autres progressions sont à mettre au compte de Pierre-Hugues Herbert (+70 pour passer du 151ème au 81ème rang mondial), Paul-Henri Mathieu (+68 pour passer de la 127ème à la 59ème place mondiale) et Lucas Pouille (+66 pour passer du 96ème au 30ème rang mondial, le Français s'approchant même du Top 20 au mois de juillet). Parmi les cinq autres Français présents dans le Top 100 en 2015, seuls deux d'entre-eux ont reculé au classement : Adrian Mannarino, qui a perdu 21 places (passant du 34ème au 51ème rang mondial) et Julien Benneteau, longtemps blessé et éloigné des courts, qui a perdu 497 places (passant du 50ème au 547ème rang mondial). Sinon, Benoît Paire a progressé (+45, du 68ème au 23ème rang mondial), tout comme Jérémy Chardy et Nicolas Mahut.

Au-delà des statistiques et du classement, on peut s'apercevoir que les Tricolores vont plus loin dans les tournois en général, et qu'ils sont plus réguliers qu'il y a un an. Cependant, on voit rarement un joueur français arriver au bout d'un tournoi. On peut donc se mettre à penser que le mental pèche lorsqu'il s'agit de franchir les dernières marches, souvent les plus hautes. Mais avec l'émergence de jeunes espoirs comme Lucas Pouille (22 ans) ou Pierre-Hugues Herbert (25 ans) au plus haut niveau, tout cela pourrait certainement changer dans les années à venir. Ce qui n'a pas échappé à Yannick Noah, le capitaine de Coupe Davis, qui n'a pas hésité à lancer ces deux joueurs lors du quart de finale remporté en République Tchèque il y a moins d'une semaine.