Tennis. ATP/WTA - Navratilova : "Pour Federer et Serena, c'est du temps perdu"
Par Tennis Actu le 23/05/2020 à 18:05
Membre de l'Académie Laureus, Martina Navratilova, s’exprime dans une interview accordée à Laureus.com. Confinée dans sa maison en Floride, elle fait face aussi à la situation : "Dans ces moments-là, je pense que cela nous fait aussi réaliser à quel point nous avons eu la chance de pratiquer du sport pour gagner notre vie, mais cela manque à tout le monde, c'est toujours une si grande partie de nos vies."
Vidéo - Navratilova sur la situation du tennis et celle de Laureus
"Pour les vieux joueurs comme Roger et même Rafa, et surtout Serena, c'est plus difficile"
"Seule la guerre a empêché les grands tournois de se dérouler, maintenant c'est cette pandémie et pour des joueurs comme Roger Federer et Serena Williams, c'est du temps perdu. Surtout pour Serena, Wimbledon étant sa meilleure chance de battre le record de Margaret Court. Elle est bloquée sur 23 titres et essaie d'atteindre 24, voire 25. C'est une occasion perdue, quand on ne rajeunit pas. Si j'étais dans cette situation, je deviendrais dingue de ne pas pouvoir jouer.
Tout le monde est dans le même bateau, mais pour les vieux joueurs comme Roger et même Rafa Nadal et, surtout, Serena Williams, c'est plus difficile, sans aucun doute. Je compatis avec eux, parce que c'est un ennemi contre lequel on ne peut pas lutter, on espère juste que ça va finir par disparaitre et qu'on pourra jouer l'année prochaine.
Novak Djokovic est juste derrière Roger et Rafa dans la course aux grands titres, mais je pense que celui qui est le plus touché est Roger Federer, parce qu'il est l'aîné de loin. Mais il faut faire avec. Comme l'a dit Billie Jean King, "les champions s'adaptent"."
"Tenez bon, les choses vont s'améliorer, nous allons nous en sortir"
Cette pandémie qui frappe l'Europe, qui frappe l'Amérique, n'a pas encore vraiment atteint l'Afrique et certains pays d’Asie... comment ces pays vont-ils faire face à cette situation ? Comment allons-nous les aider ? Peut-être que Laureus peut trouver un moyen de prendre de l'avance, car tous ces projets vont être impactés de manière beaucoup plus importante.
Et bien sûr, quand on se préoccupe de rester en vie, économiquement, on souffre et on donne forcément moins aux organisations caritatives. Elles sont les premières à partir. Il va donc être très difficile de poursuivre tous ces projets. Nous devons faire en sorte que l'argent continue à circuler d'une manière ou d'une autre. Chaque projet est différent, chaque situation est différente et vous devez le rendre spécifique pour ce moment particulier. J'ai participé à un petit projet à Fort Lauderdale, où j'ai essayé de mobiliser du monde pour coudre des masques, quelque chose qui peut sauver des vies.
Je pense qu'à long terme, cette pandémie aidera ceux qui ont pu être négligés. J'espère que cela améliorera leur statut et montrera à quel point ils sont nécessaires à notre bien-être. J'espère également que d'une manière ou d'une autre, nous trouverons un moyen de nous en sortir et que peu de gens souffriront. Enfin, à tous les enfants et adultes des projets Laureus, je dis : "Tenez bon, les choses vont s'améliorer, nous allons nous en sortir"."
Martina Navratilova très préoccupée par la situation de nombreux jeunes.
Au cours des 20 dernières années, Laureus Sport for Good a récolté plus de 150 millions d'euros pour le secteur du sport au service du développement, touchant et contribuant à changer la vie de près de six millions d'enfants et de jeunes. Laureus Sport for Good soutient actuellement plus de 200 programmes dans plus de 40 pays qui utilisent le pouvoir du sport pour transformer des vies.
"Dans de nombreux pays, Laureus a donné aux enfants l'occasion d'être eux-mêmes, de participer à des compétitions, de jouer, de se socialiser et même de recevoir une éducation dans un espace sûr dont ils ne peuvent pas bénéficier, pour quelque raison que ce soit, avec leur famille, leur quartier ou leur pays.
Je suis très fière d'avoir participé à certains de ces projets. J'ai participé à un projet de boxe dans l'East End de Londres, et je suis même allée sur le ring. Je me suis aussi rendue à plusieurs reprises dans un bidonville de Mathare, dans la banlieue de Nairobi, dont on ne peut pas imaginer les conditions. Il y a 10 000 enfants qui jouent au football, qui font des études, qui sont en bonne santé, qui se soignent, qui reçoivent des conseils de prévention sur le VIH. Et maintenant vous ajoutez à cela, le coronavirus, et la distanciation sociale dans des endroits où les gens sont entassés à dix dans un tout petit espace, c'est délicat."