Tennis. Chronique - Henri Leconte : "Nous, les médias, on exagère toujours !"
Par Alexandre HERCHEUX le 30/11/2020 à 11:46
Henri Leconte, c'est l'un des joueurs, si ce n'est LE joueur le plus populaire du tennis français. Finaliste de Roland-Garros en 1988, vainqueur de la Coupe Davis en 1991 et ancien numéro 5 mondial, Henri Leconte, également consultant pour Eurosport, est connu et aimé pour son franc-parler. Un véritable passionné et amoureux de tennis qui a forcément un avis sur tout ce qui touche à la petite balle jaune. C'est donc pour cette raison qu'Henri nous a fait une nouvelle chronique sur Tennis Actu. Cette fois, l'ancien joueur Tricolore nous a dressé un petit bilan de la saison des Tricolores. Il en a profité pour parler du manque de travail au niveau mental en France. LE point faible français selon lui. Tout cela en restant tout de même positif quant à l'avenir du tennis français avec les belles progressions de Fiona Ferro chez les femmes ou Ugo Humbert et Hugo Gaston chez les hommes.
Vidéo - Chronique - Le bilan de Henri Leconte sur le tennis français
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"Une année dure et difficile pour nos joueuses et joueurs Français !"
"Ça a été une année dure et difficile pour nos Français. La motivation est très compliquée à trouver pour certains. On a cru à un moment que Gaël pouvait faire quelque chose. Ça n'a pas été le cas. On a eu aussi de belles surprises : les deux Hugo/Ugo, Ugo Humbert et Hugo Gaston. Il faudra confirmer. On est encore bien loin. Ugo Humbert est top 30 donc c'est bien. Hugo Gaston monte doucement et se prépare pour 2021. Tout le monde repart à 0. Ce sera compliqué pour Gaël, Richard, Gilles, Jo. Il faudra faire des choix, qu'il y ait du changement. On voit que des joueurs prennent de nouveaux entraîneurs comme Fognini ou Auger-Aliassime. Il va y avoir du changement et ce sera le moment de changer des choses. Lucas, on ne sait pas où il en est. On souhaite qu'il revienne vite mais ça n'a pas l'air d'être le cas. Il a des années devant lui. On est tous un peu dans l'incertitude concernant les joueurs et joueuses françaises."
"En France, la fédération ne fait pas assez pour aider ses joueurs mentalement"
"Avec cet arrêt brutal, il faut se remotiver et changer des choses. Il ne faut pas se voiler la face, les meilleurs du monde ont les structures pour s'adapter à ces difficultés. La période est très dure et il faut vraiment travailler le mental. En France, la fédération ne fait pas assez pour aider ses joueurs mentalement. On est encore sur d'anciennes méthodes et on n'évolue pas. Le mental, c'est la clé. Ils s'entraînent tous bien. Mais le mental n'est pas assez travaillé et même moi quand je jouais c'était pareil. En France, on a du mal. On a l'impression qu'on a honte, on se cherche des excuses. C'est quand même dommage."
"Aujourd'hui, il y a Fiona Ferro qui arrive et il faut en être heureux !"
Aucune joueuse ne fait partie du top 40 de fin de saison pour la première fois depuis 1981 : "Je ne pense pas que ce soit inquiétant. C'est probablement un tournant. Je pense qu'au contraire il faut être heureux de voir Fiona Ferro arriver avec de nouvelles envies, une façon de travailler différente. Une nouvelle ère arrive. Le tennis féminin évolue. On a de très bonnes joueuses. Pour certaines, leur jeu ne suffit plus, tout le monde sait comment jouer contre elles. Elles n'ont pas su évoluer dans leur jeu. Ce n'est pas du tout un reproche mais seulement un constat objectif. Certaines ont eu des hauts et des bas, des problèmes personnels. Que ce soit pour Caro Garcia ou Kiki Mladenovic, le mental est la clé je pense. Aujourd'hui, il y a Fiona Ferro qui arrive et il faut être heureux."
"Nous, les médias, on exagère toujours..."
"Nous, les médias on exagère toujours, je m'inclus. On veut toujours voir un Français gagner Roland-Garros. Quand on voit les préparations, on n'est pas honnête. Tant que l'on n'a pas un joueur qui gagne Monte-Carlo, qui joue très bien sur terre avant Roland, on ne peut pas avoir d'ambition. Mais ce n'est pas le cas. Les joueurs ont peur d'arriver à Roland-Garros parfois parce qu'il y a une telle pression des médias et des supporters, que les joueurs se disent que s'ils ne sont pas bien préparés, ils vont se faire déchirer. Ce n'est pas simple d'avoir un Grand Chelem dans son pays. Tim Henman a connu ces difficultés à Wimbledon et Andy Murray a finalement réussi à y arriver. En France, on aime bien mettre la pression. Il faut l'accepter et les joueurs doivent l'accepter. Mais, il peut y avoir un côté positif mais aussi négatif... On attend tous un successeur à Yannick. C'est à la fois normal et humain tout ça."