Tennis. Chronique Salliot - Ces vécés fermés de l'intérieur
Par Eric Salliot le 21/03/2016 à 07:51
Vidéo - La sérénade d'Herbert et Mahut à l'US Open 2015
La nouvelle chronique d'Eric Saliot insipré après le premier titre en Masters 1000 de Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert qui peut poser, à court terme, un vrai problème de choix à Yannick Noah. Un capitaine qui détient les clés. "Les vécés étaient fermés de l’intérieur »… Ce titre mythique d’un film de Patrice Leconte – avec Coluche et Jean Rochefort – m’est immédiatement venu à l’esprit après le succès remporté par la jeune paire Nicolas Mahut-Pierre-Hugues Herbert. Pourquoi ? Laissez-moi vous expliquer. D’abord je dis donc « jeune » car leur première association remonte à novembre 2014, au Challenger de Mouilleron-Le Captif. Que de chemin parcouru depuis. Un Chelem décroché à l’US Open, une participation au Masters de Londres. Presque dix ans séparent ces deux garçons pétillants, toujours disponibles et francs avec la presse, avides de progresser avec l’expertise de l’Australien Mark Woodforde. Incontestablement, ils se sont trouvés. Il y a de l’amour qui transpire. Conscients de leur potentiel, ils ont un rêve avoué : disputer les Jeux Olympiques de Rio. Sauf blessure, ils représenteront la France au Brésil. Reste à savoir si, quelques semaines auparavant, ils répéteront en Coupe Davis. Mais voilà, les vécés semblent fermés de l’intérieur.
Sous le capitanat d’Arnaud Clément, Nicolas Mahut a connu deux sélections. Un immense souvenir au côté de son pote d’INSEP Julien Benneteau à Francfort. Un autre, douloureux, sur le gazon du Queen’s avec Jo-Wilfried Tsonga. Pour reprendre le langage jeun’s de Gaël Monfils, ce samedi-là, ça n’avait pas « matché ». La greffe n’avait pas pris. Pas manque d’affinités. N’entrons pas dans les détails d’une semaine d’entraînement foirée. Quelques mois plus tard, le Manceau, montré du doigt, avait répliqué par voie de presse que c’était aussi à Nicolas Mahut d’assumer ses responsabilités de (meilleur) joueur de double. Appelé dans l’équipe pour ce fameux match de Londres, Pierre-Hugues Herbert avait sans doute compris le malaise. Mais quand on étrenne le fameux survêtement, on ouvre des grands yeux ébahis.
Quand Yannick Noah a repris l’équipe, il a réuni une douzaine de joueurs pendant Bercy pour évoquer son projet. Tout le monde devait se sentir concerner. Sauf que pendant l’Open 13, il a livré sa première sélection. Et les non retenus ont été informés par un simple texto, voire pas du tout… Les quinze jours passés ensemble en Guadeloupe par le quatuor magique valent de l’or. Gilles Simon a reconnu qu’il lui tardait que cette bande soit alignée sur une feuille de match. Noah n’a pas perdu son temps : il les a fait parler au coin du feu, a analysé le fonctionnement intime de chacun, cerné leur motivation. Il les a même encouragé à verrouiller l’équipe de France.
Si cette équipe de France était véritablement fermée de l’intérieur ? En communicant hors-pair, Noah ouvrait une petite porte : « J'aimerais aussi que Mahut et Herbert gagnent des matches, des tournois, et qu'ils mettent la pression. Ce qui n'a pas été le cas sur ce début de saison. Mais j'imagine le frétillement s'ils se mettent à gagner des gros tournois. J'adorerais que ce genre d'énergie se diffuse entre les gars. » Phrase prononcée lundi matin à mes confrères de L’Equipe Vincent Cognet et Franck Ramella. « Captain Yann » avait le blues : à cinq heures du matin, ses gars venaient de prendre le chemin de l’aéroport pour rallier Indian Wells. Il les chambre mais il les aime déjà comme ses mômes.
Sur la terre battue de Baie-Mahault, on pouvait aisément faire sans Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut. Mais si le quart de finale en République Tchèque se déroule effectivement sur surface rapide, on fait quoi ? On prend le risque d’aligner de nouveau Gasquet et Tsonga, qui n’aiment pas fondamentalement le double ? Qui ont autant de combinaisons en magasin que John Isner a de plans de rechange. Bien sûr, on sait les complications qu’entraînerait un changement radical de stratégie. Un ou deux membres du quatuor serait naturellement éjecté. Dur à vivre. Les options en simple seraient définitives. Les Etats-Unis ont fonctionné comme cela pendant des siècles avec les frères Bryan. Autre interrogation : Jo et Nico pourront-ils de nouveau cohabiter ensemble au sein d’un groupe ? C’est encore loin. Yannick Noah a le temps de faire fabriquer des clés pour déverrouiller ces fameux « vécés fermés de l’intérieur "