Tennis. Dopage - La Russie sera-t-elle vraiment aux Jeux de Rio ?
Par Clémence LACOUR le 14/05/2016 à 12:28
Vidéo - Un système de dopage organisé aux JO de Sotchi ?
L'Est aurait-il une histoire d'amour encore vigoureuse avec le dopage ? Il est avéré que les pays du bloc communistes avaient pour habitude de s'appuyer sur les performances sportives de leurs athlètes pour mettre en avant leur régime politique, et il semblerait bien que cette tradition ait été poursuivie par la Russie de Vladimir Poutine, lors des Jeux de Sotchi, notamment. Après l'affaire Maria Sharapova, et alors que la joueuse russe a été "protégée" par le ministre des sports de son pays, après l'affaire Eduard Vorganov dans le cyclisme c'est cette fois des soupçons de dopage à grande échelle qui a été révélée par le New York Times le 12 mai.
Une tricherie organisée en haut lieu
Grigory Rodchenkov, ancien patron du laboratoire de Moscou, actuellement réfugié aux Etats-Unis, a raconté par le menu au New York Times comment son pays avait mis en place un vaste programme de dopage organisé supervisé par le Kremlin. " Nous étions très bien équipés, nous savions ce que nous avions à faire et nous étions parfaitement préparés pour Sotchi, comme jamais auparavant. Cela a fonctionné comme une horloge suisse" a-t-il déclaré. 14 membres de l'équipe russe, dont des médaillés, auraient bénéficié de ce système : des fondeurs, Alexandre Zubkov, double-champion olympique de bobsleigh, Alexandre Tretiakov, médaillé d'or en skeleton. En cuisine, les services secrets russes auraient remplacé les échantillons prélevés sur les athlètes par d'autres, plus blancs que blancs. Histoire de remettre au goût du jour le fameux pot belge utilisé naguère par des cyclistes de haut niveau, Grigory Rodchenkov avait inventé une nouvelle recette : un cocktail associant trois stéroïdes anabolisants, mélangé à de l'alcool pour réduire la fenêtre durant laquelle ils pouvaient être détectés. Pour appuyer ses dires, il a apporté au journal américain des copies de courriers électroniques échangés avec le ministère des sports, dans lesquels sont mentionnés les noms des athlètes inscrits dans ce programme.
Le Kremlin dément, le CIO inquiet ?
La Russie, qui avait fini première au tableau des médailles, dément tout système de dopage et met en avant ses athlètes "exceptionnels". Le ministre des sports a dénoncé jeudi "des affirmations absurdes et sans fondement" et l'un des athlètes incriminés a tout nié en bloc : "Tout ça, c'est de la sale politique. Dans ces déclarations, il n'y a rien de vrai, ce ne sont que des rumeurs". Il faut dire que la Russie s'est déjà vu interdire la participation à des compétitions internationales d'athlétisme et pourrait se voir exclue des Jeux Olympiques de Rio. Cette mise à l'écart a été provoquée par un rapport accablant de l'Agence Mondiale anti-dopage (AMA) publié en novembre , qui avait réclamé la suspension de ce même laboratoire antidopage de Moscou, coupable d'avoir détruit quelques 1417 échantillons. Le CIO, après ce grand déballage dans le New York Times, s'est dit "inquiet", tout en rappelant que "Le fonctionnement du laboratoire (de Sotchi), incluant le système de contrôle qualité, se conformait aux règles internationales et au règlement". Alors, la Russie sera-t-elle de la fête à Rio ? C'est le CIO qui statuera sur la question.