Tennis. FFT - Lionel Maltese : "Sans Roland-Garros 260 millions s'envolent"
Par Alexandre HERCHEUX le 02/04/2020 à 20:28
Lionel Maltese est le responsable du développement économique à la FFT. Son avis est donc très intéressant et nos confrères de L'Equipe ont pu l'interroger sur le report de Roland-Garros et toutes les polémiques autour de cette décision. Difficile de justifier le passage de force de la FFT pour imposer son tournoi entre le 23 septembre et le 4 octobre 2020. Et pourtant, le membre de la FFT a des arguments économiques et politiques qui font réfléchir...
Vidéo - Il n'était pas question de ne pas avoir de Roland en 2020 !
"On savait qu'on allait prendre une vague médiatique contre nous"
La lucidité voire sa froideur de Lionel Maltese est frappante pour analyser la situation. Le responsable du développement économique de la FFT savait bien que de nombreuses critiques émergeraient mais qu'il fallait le faire pour le tennis français. "Le fait qu'on ait été les premiers à se positionner, ça a fait bouger les lignes, mais la décision n'a pas été prise du jour au lendemain. C'était une réflexion de plusieurs semaines. Cependant, on était sûr que nous devions le décider, parce qu'il n'y avait pas de discussion commune en cours. Wimbledon et l'US Open auraient fait la même chose. Même les gens de l'ATP nous disent aujourd'hui qu'à notre place, ils auraient fait pareil (il se dit d'ailleurs que le Masters 1000 de Miami était sur le point de se positionner sur les dates préemptées par Roland-Garros), parce que c'est un tel bordel... On savait qu'on allait prendre une vague médiatique contre nous, qu'on allait être détestés pendant quelques jours, mais on a joué les intérêts de la France et de ses clubs." a-t-il dit.
"Les quatre Grands Chelems pour sauver le tennis mondial"
On comprend bien que dans ce calendrier 2020 si particulier, la priorité sera donnée aux Grands Chelems et aux Masters 1000. Les tournois qui rapportent le plus d'argent. Logique, et les joueurs et institutions ne peuvent pas se passer de cet argent selon Maltese. "En situation d'urgence il faut que les quatre Grands Chelems essayent de se tenir pour sauver le tennis mondial, pour qu'il reste le plus hétérogène possible, le plus global possible, qu'il ne tombe pas dans une niche de performance. Les petites nations pourraient ne pas s'en relever et on risquerait de revenir, à terme, à la situation des années 1920, quand Américains, Britanniques, Français et Australiens se disputaient uniquement entre eux les grands titres."
"On a joué les intérêts de la France"
Et les conséquences d'une année sans Roland-Garros ? Elles seraient bien sûr catastrophiques pour tout le tennis français, notamment amateur qui est financé en partie grâce aux marges de la Porte d'Auteuil. "S'il n'y a pas de Roland-Garros cette année, ça aura un grand impact sur le tennis amateur auquel le tournoi permet de reverser 100M€ chaque année. La FFT a un statut avec une délégation ministérielle de service public. On ne crée pas de valeur pour l'actionnaire, parce qu'il n'y en a pas. Mais sans tournoi cette année, ce sont 260 millions d'euros qui s'envolent. La FFT devrait alors s'endetter énormément pour maintenir le niveau d'emploi dans le tennis amateur. On a la responsabilité de familles entières. Les salaires, on n'a pas le droit de les baisser en France, et c'est normal. Il va falloir continuer à payer la masse salariale. Mais la rémunération dans le sport va forcément changer, à haut niveau et à bas niveau" a-t-il déclaré.