Tennis. Histoire - Les N'Godrela font briller le tennis Kanak
Par Clémence LACOUR le 02/01/2016 à 10:36
Vidéo - Nickolas N'Godrela et Gérard Winter
De nombreux Français vont jouer à Nouméa. Il y a parmi eux des noms et des têtes connus : Adrian Mannarino, Edouard Roger-Vasselin ou encore Julien Benneteau font partie de ceux-là. Ils vont aller prendre sur ce Challenger les premiers précieux points qui vont leur permettre une ascension au classement ATP. Il y en a d'autres, moins connus du grand public, comme Maxime Chazal ou Quentin Halys, mais il y en a encore encore d'autres qui, lorsqu'on lit le tableau, nous font demander : "Mais c'est qui, lui ?". Et là, on tombe sur de jolies histoires. A Nouméa, donc, est inscrit dans le grand tableau Nicolas N’Godrela, 31 ans, titulaire d'une wild-card. Il n'a pas de points à l'ATP et est classé 1198e. C'est en fait son père qui est connu : Wanaro « Bill » N’Godrela fut, de tous les temps, le joueur de tennis Kanak le plus doué. Nicolas confiait en 2014 à Outsider Mag : "J’ai débuté à trois, quatre ans, je ne me rappelle même plus. Mon père était professeur de tennis, j’ai grandi près de ses courts. Après l’école, j’allais taper la balle contre le mur en l’attendant".
De belles performances en carrière
Wanaro N'Drogela, né à Nouméa, passe rapidement professionnel, ce qui l'empêchera de disputer certaines compétitions, dont la Coupe Davis, avant l'arrivée de l'ère Open. Le Néo-Calédonien joue dans les années 1970 sur tous les plus grands tournois du monde. 71e à l'ATP, il réalise de belles perforlmances. Il se hisse en quarts de finale à l'Open d'Australie, et au troisième tour de Roland Garros. Grand spécialiste du double, il joue la Coupe Davis avec les Bleus et devient demi-finaliste à Roland-Garros en double mixte en 1975. En Coupe Davis, il compte deux victoires, l'une face à la Norvège avec Jean-Baptiste Chanfreau (1973) et le seconde face au Portugal (1974). Le premier "tweener", c'est lui qui le subit, face à Guillemo Vilas.
La passion du tennis, malgré le racisme
Etre Noir, et Kanak, sur le circuit professionnel n'est pas forcément chose aisée. Waro N'Drogela vit les meilleurs moments de sa carrière, sous couleurs françaises, alors que naît au même moment le nationalisme Kanak. Sous le regard réprobateur de la France, les militants réclament l'indépendance, la reconnaissance de la culture Kanak, ou encore une réforme foncière qui permettrait de gommer les effets de la colonisation. C'est donc dans ce contexte politique difficile qu'il évolue, et d'autant plus difficile qu'aucun athlète noir n'avait avant lui atteint un tel niveau. Alors que l'Apartheid règne en Afrique du Sud, il est mis à la porte d'un restaurant réservé aux Blancs. La fédération sud-Africaine finit par s'excuser. Retiré du circuit en 1976, il fonde un centre d'entraînement sur ses terres, afin de transmettre sa passion et son expérience. Malgré deux AVC, après lesquels il a du recouvrer la vue, il enseigne toujours le tennis à Nouméa.