Tennis. Interview - Grégoire Barrère : "Je suis gentil même trop gentil"
Par Alexandre HERCHEUX le 28/12/2019 à 13:48
Tennis Actu le suit depuis ses débuts et l'a vu grandir au fil des années. A 25 ans, Grégoire Barrère a franchi un cap cette saison en devenant début septembre le 76e joueur français membre du top 100 dans l'histoire du tennis. Une performance remarquable qui met en évidence le travail et la régularité de la progression du Tricolore. Soutenu par Tecnifibre depuis 15 ans, Greg Barrère a toujours cru en ses chances malgré des doutes, notamment à la fin de la saison 2017. Déterminé et rigoureux, l'actuel 98e mondial a atteint le deuxième tour de Roland-Garros pour la toute première fois de sa carrière en 2019 avant de confirmer à Wimbledon et à l'US Open en atteignant le même stade de la compétition. Top 100 à 25 ans, le Français pourrait vivre une deuxième partie de carrière excitante si sa progression constante se poursuit. Avec sa gentillesse habituelle, Greg Barrère avait livré à Tennis Actu l'analyse de sa saison mais aussi ses prochains objectifs et ses ambitions futures dans un entretien en septembre dernier.
Vidéo - Quand Tennis Actu découvrait Grég Barrère et tapait la balle
.@GregBarrere is now in the Top100!
— Tecnifibre (@tecnifibre) 10 septembre 2019
Such a long road together since 2004...
Congrats Greg, keep #FightSmart pic.twitter.com/mLwyIanH2i
Vous revenez des Etats-Unis, battu par un très bon David Goffin au deuxième tour de l’US Open, quel regard portez-vous sur la tournée américaine et plus particulièrement cet US Open ?
Ma tournée a mal débuté en perdant dès le premier tour à Los Cabos et au premier tour des qualifs de Montréal. Je me suis retrouvé en dehors des qualifs de Cincinnati. Du coup, je suis resté m’entrainer 15 jours en Amérique et ça m’a fait du bien. Ça m’a permis de tenir même quand il faisait chaud et même quand les matches étaient longs (Ndlr : 4h01 contre Cameron Norrie au premier tour de l’US Open.). J’ai pu faire un bon premier tour.
Avec 2 titres à Quimper et Lille en Challenger, 3 2e tour consécutif en grand chelem et une entrée dans le top 100, comment voyez-vous votre année avec un peu de recul. Est-ce que tous vos objectifs ont été atteints, ou même dépassés, cette année ?
C’est bien sûr une bonne année oui. Je n’avais pas vraiment d’objectif. C’était plutôt dans le jeu que ça se situait, pas dans les résultats. Je savais qu’en jouant un bon tennis, les résultats et le classement suivraient. Donc vraiment, je n’avais pas d’objectif en début d’année. Je prends tout (rires). C’est ma meilleure année mais je ne m’enflamme pas pour autant. Encore une fois, je n’ai pas d’objectif précis.
Le 25 septembre 2017, tu étais 698e mondial. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce qu’il se passait dans ta tête lors de cette fin de saison 2017 et est-ce que vous imaginiez remonter aussi rapidement et progresser comme cela en 2 ans.
C’était vraiment une période dure, même pour aller à l’entraînement, c’était compliqué. J’ai beaucoup réfléchi, j’ai changé des choses, notamment ma structure d’entrainement. Je m’entraine à la All in Tennis Academy avec Marc Gicquel et Nicolas Copin. Nous sommes basés à Aquaboulevard à Paris l’hiver et Marnes la Coquette l’été (Ndlr : Stade de la Marche). Grâce à ça, j’ai progressé physiquement mais aussi mentalement. Je ne me suis plus focalisé sur le classement mais plutôt sur le jour J pour être plus performant. Ça m’a permis de me mettre moins de pression et du coup je me suis senti libéré. Je pensais plutôt à mon jeu et ce que je devais faire.
Avez-vous le sentiment que quelque chose à changer ? Que ce soit par rapport aux fans ou même la sollicitation des médias ?
Evidemment. Depuis que je suis top 100, j’ai eu quelques appels pour faire des interviews. J’ai plus de sollicitations. Les Français étaient très encouragés à New-York donc j’ai eu beaucoup de soutien. Mais malgré tout, pour l’instant ça n’a pas changé grand-chose pour moi.
Pour les internautes et les fans de tennis qui vous découvrent seulement, pouvez-vous dire qui est Grégoire Barrère ?
Je suis assez calme, sur le court mais aussi en dehors. Je suis quelqu’un de gentil et même parfois je dirais trop gentil… (rires) Je pense être aussi quelqu’un d’assez simple en fait, je suis un peu comme tout le monde. J’aime la vie, j’aime manger, j’aime m’amuser. Vraiment comme tout le monde.
Pouvez-vous nous parler de cette relation spéciale entretenue avec Tecnifibre depuis maintenant 15 ans ?
Oui c’est assez particulier. C’est mon tout premier sponsor raquette, ils ont toujours été là pour moi. Même quand c’était difficile pour moi, ils étaient là. Je les remercie vraiment pour ça. C’est une histoire qui dure. Je suis très content et les raquettes me plaisent donc c’est le principal. Je connais un peu tout le monde dans la boite, je suis attaché à eux donc c’est un peu comme famille pour moi.
Et maintenant, il reste un peu plus de deux mois, quels sont vos objectifs pour la fin de la saison ?
Je vais aller à Metz et ensuite au Challenger d’Orléans. Je veux surtout performer et rester dans les 100. L’objectif c’est vraiment d’être directement dans le tableau de l’Open d’Australie et de ne pas passer par les qualifs. On perd beaucoup d’énergie, c’est vraiment dur les qualifs en grand chelem. C’est important pour moi de ne plus passer par ça. C’est ça mon objectif. »
En 2018, vous étiez sparring-partner de l’équipe de France de Coupe Davis, est ce qu’aujourd’hui, avec ce top 100, vous visez une place en équipe de France ?
Ça reste un rêve pour l’instant. Vu la densité de joueur dans le top 100 (Ndlr : 13) ce sera très dur. Il faut être dans le top 30 pour y arriver. Si ça m’arrive ce sera super mais pour l’instant je n’y pense pas trop.
Et à long terme, quelles sont tes attentes ? Quelles sont tes ambitions pour l’année 2020 et la seconde partie de ta carrière.
Je veux toujours progresser, faire un peu mieux tout ce que je fais actuellement. Je veux réussir à me battre contre les meilleurs joueurs et monter au classement. Je ne me fixe pas de limite sincèrement. Je vais jouer à fond et m’entraîner à fond. Je ne me dis pas qu’il faut être top 20 dans 2 ans, 3 ans… J’aimerais bien sûr mais je prends jour par jour. L’année prochaine mon rêve ce serait de goûter à une deuxième semaine de Grand Chelem parce que je n’ai pas réussi à enchaîner plusieurs victoires en Majeur jusqu’à maintenant. (Ndlr : hors victoires en qualifications).