Tennis. ITW - Stéphane Robert : "Melbourne, c'est mon préféré"
Par Clémence LACOUR & Emmanuel POTIRON le 17/01/2016 à 19:24
Vidéo - Stéphane Robert à Melbourne et à l'Open d'Australie 2016 !
Avec le concours de notre partenaire Hope And Spirit, Stéphane Robert, le seul Français membre du Pro Team Hope And Spirit de Daniel Meyers, revient en images sur sa qualification pour le grand tableau de l'Open d'Australie. Son premier tour, ce sera mardi. En attendant, Stéphane Robert nous parle de "son" Melbourne pour Tennis Actu. A lire aussi son interview sur son match de qualification et ce qui fait la substantifique moëlle de son tennis : la créativité et le plaisir de jouer.
Vous avez eu un match un peu difficile, mais c'est quand même passé, au final ?
Dans le premier set, je n'ai pas pris beaucoup de plaisir car je me suis cherché en fait ; j'étais un peu en dedans. J'ai fini par trouver beaucoup de calme, car tout tourne autour de ça. Une fois que j'ai retrouvé du calme, je me suis dit : "Bon, voilà, tu vas accepter ce qui va se passer", et tout d'un coup, je me suis mis à beaucoup mieux servir, à beaucoup mieux jouer, à trouver les bonnes zones. Quand tu trouves les bonnes zones, que tu as une bonne vision, que tu mets la balle où tu veux, eh bien, là, je commence à prendre beaucoup de plaisir, à être plus créatif, plus agressif, plus dangereux. Et au final, il y a souvent plus de victoires. Mais bon, le plaisir, ce n'est pas le plaisir de la victoire ; le plaisir, c'est d'avoir une vision et de le faire, elle est là l'histoire. Je me marre avec les gars du club, que ce soit moi qui suis 200e mondial ou le gars à 15/4 qui voit la zone libre et qui lâche un coup droit, eh bien, il connaît cette sensation-là. C'est génial. Quand j'arrive à toucher ça, franchement, c'est le Graal. Pour tout le monde. Là, je l'ai fait aujourd'hui, je l'ai fait il y a deux jours. Le premier tour a été plus compliqué. Bon, je manque de rythme aussi, je n'ai pas joué depuis longtemps, donc ça se met en place petit à petit.
Y-a-t-il quelque chose de particulier avec l'Australie? J'imagine que c'est un endroit particulier ?
Oui... Honnêtement, je me plais un peu partout. Je prends plaisir à jouer à Roland-Garros et je prends plaisir à jouer en Australie. Je me regale. Mais bon, c'est un pays que j'adore. Là, après, je vais aller jouer en Tasmanie, après l'Open d'Australie. Je me mets pas de limites, j'ai un calendrier et je m'amuse. Je voulais aller à Hawaï après, mais ça fait beaucoup de voyages. J'espère que je vais jouer l'année prochaine pour aller à Hawaï. Je profite de la vie sur le circuit pour visiter le monde, et c'est une chance exceptionnelle. Quand j'avais 25 ans, j'étais redescendu au classement, je m'étais dit "Maintenant c'est fini, tu reviens, tu joues, tu vas t'amuser, profiter au maximum de chaque tournoi, de chaque endroit où tu vas. " Et ça, que je joue les Challengers ou les grands tournois. Quand je joue les grands tournois, c'est génial, mais je m'amuse autant sur les Challengers. J'ai fait une tournoi en Asie au mois d'octobre, c'était génial, en Inde, au Vietnam, en Thaïlande... Des pays que je ne connaissais pas trop ou du tout. C'est une chance extraordinaire. Je préfère regarder le bon côté des choses. Je pourrais regarder les choses qui sont un peu plus difficiles, mais au final, je m'en sors relativement assez tranquillement financièrement, donc il n'y a pas de soucis.
Vous n'êtes donc pas un galérien ?
Ah non, je ne suis pas un galérien, non !
Et là, question niveau de jeu, vous en êtes où ? Vous avez 36 ans, il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont cet âge avec ce niveau-là, vous jouez Top 100, forcément, pour être dans le grand tableau d'un Grand Chelem ?
Peut-être oui... Mais tout ça, c'est relatif. Mon état d'esprit, quand je me sens ben et que je suis bien préparé, c'est que je peux battre n'importe qui. Ou presque. Je n'ai pas à me mettre de limites. Là, je me suis encore posé la question pendant le match. Dans le premier set, je prends 6-1 et je me suis dit : "Tu te dis que tu peux battre n'importe qui... Regarde, tu prends 6-1. T'es à côté de la plaque". Ca n'a pas été un électrochoc, mais bon, je me suis dit : "Essaye de te reconcentrer, de trouver des solutions". Moi, je joue, si ça se passe mal, j'essaye de trouver les solutions pour que ça aille mieux. Là, aujourd'hui, j'ai réussi à trouver les solutions... Tant mieux. Chaque match, se présentera de la même manière, que je joue un Top 10 ou un Top 100. J'ai pas battu 50 milles Top 10, mais j'en ai battu un. Donc je sais que c'est possible. Et je me dis que tout est possible. Maintenant, il faut que j'arrive à me mettre dans cet état dans lequel j'étais aujourd'hui, où j'étais bien dans la zone, bien dans mes pompes, et après, je joue du bon tennis. Après, je gagne, je perds, ça c'est autre chose. En tout cas, je joue du bon tennis, et je me fais plaisir.
Est-ce que vous revendiquez votre créativité ? Est-ce que vous sentez que vous en avez besoin et que c'est ça qui gêne les autres ?
Ma créativité, elle est aléatoire. Quand je suis comme aujourd'hui ou comme il y a deux jours, je suis vraiment en mode créatif. Bon, il y a deux jours, c'est mon adversaire qui m'a aidé à être créatif car lui aussi l'a été. Souvent, il y a un effet miroir entre les joueurs. Aujourd'hui, ça a été différent, mais il y a eu un moment où j'ai essayé de retrouver cet état-là, et dans ces moments-là, oui je suis créatif. Il y a des moments où je suis moins créatif car je suis un peu plus dans la victoire. Il y a des moments où mes exigences en terme de plaisir, elles sont moindres. En ce moment, je sens que je suis pas mal, donc j'ai des exigences en termes de plaisir de jeu. Il y a des moments où je dois me satisfaire de moi, car je sens que je suis un petit peu moins bien. Mais là, en ce moment, j'en profite car je sens que je me sens bien. En plus, les conditions font que, voilà, j'adore venir jouer ici. C'est un pays qui me plaît beaucoup, je commence en plus à connaître un peu de monde ici. Je régale un peu les gens, ils sont contents de voir tout ça. Moi, je me nourris aussi de l'énergie de tous ces gens qui sont autour de moi, et qui viennent me féliciter, parce que je sais que je fais plaisir aux gens, et ça fait partie du jeu. C'est aussi une évolution dans ma façon de voir les choses. Il y a quelques années, j'étais dans cette notion de vouloir faire du show, et j'arrivais à me perdre. Je faisais du show, et ma concentration, à un moment, elle dérapait. Là, maintenant, j'arrive à plus faire la part des choses et à gérer tout ça. J'arrive à jouer un tennis un peu plus "statistique" qui, moi, me fait pas rêver, mais il y a des moments où il en faut un peu quand même.
Vous préféreriez jouer un gros joueur au premier tour, ou en fait, ça vous est égal ?
Souvent, je préfère jouer des petits tranquilles, mais bon, je m'adapte. Le job, il est à faire tout le temps. Si je joue un grand sur un grand court, il y aura d'autres conditions de jeu à faire, et moi, il faudra que je trouve des solutions pour arriver à être performant. Honnêtement, le plaisir ne dépend pas de si je joue un grand joueur ou un petit joueur. L'autre fois, j'ai joué, il n'y avait personne dans le public, moi, ça m'est égal. Ce qui m'intéresse, c'est quand j'ai la balle dans la raquette et que je sens qu'elle part bien. Il est là mon plaisir ! Il n'est pas à me dire : "Là, y'a des gens qui vont venir m'applaudir". Je sais que si je joue bien, les gens vont être contents de me voir jouer, mais ma priorité, c'est mon plaisir à moi sur le terrain finalement.
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu