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Tennis. INTERVIEW - Valentin Royer en rêve : "Je veux jouer sur les grands courts..."

Par Timothée THOMAS-COLLIGNON le 16/04/2025 à 20:00. Mis à jour le 21/04/2025 à 18:30.
INTERVIEW
Photo : Tennis Actu

S'il y a bien un Français qui a le vent en poupe, c'est lui. Valentin Royer, classé au 115e rang mondial, vit un début de saison canon. Après 34 matchs en 2025 - il est cette semaine engagé dans le Challenger d'Oeiras et s'est qualifié pour le deuxième tour -, le Français de 23 ans n'a concédé que sept défaites et a (déjà) empoché deux titres à Kigali en mars. À cent petits points de "craquer" le Top 100, le poulain de Julien Gillet, en confiance, garde la tête froide. Dans une interview fleuve accordée à Tennis Actu, il revient sur sa formation en Europe de l’Est, ses premiers souvenirs de Roland-Garros — clairsemés par sa Game Boy — et son sentiment de toucher du doigt son rêve de "jouer les meilleurs joueurs et sur les plus grands courts."

Vidéo - L'ENTRETIEN Tennis Actu avec Valentin Royer

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Tennis Actu : Valentin, vous êtes désormais aux portes du top 100 (115e ATP). Un début d’année en fanfare pour vous, avec deux titres en Challenger notamment. Quelles sont vos impressions sur cette forme du moment ?

Valentin Royer : Très content, forcément, des résultats. Ça prouve que le travail fourni en amont (l’année dernière) et en début d’année est en train de payer, donc c’est que du positif. Maintenant, je pense qu’il faut qu’on bosse encore plus dur pour passer ce cap du top 100. On fait de notre mieux avec ma team, avec mon entraîneur, mon préparateur mental, mon physio, pour aller le plus loin possible cette année. On est super contents de ce début de saison.

 

L’année dernière, vous disputiez vos premières qualifs en Grand Chelem, et là, vous êtes déjà aux portes des tableaux finaux. Une progression rapide…

Ouais, après rapide, je ne sais pas si c’est le bon terme, parce que j’ai commencé ma carrière pro fin 2019, après la fin de mes juniors. On est en 2025, donc ça fait 3 ou 4 bonnes années, si on ne compte pas l’année Covid, l’année 2020. Beaucoup de joueurs dans le top 10 n’ont pas passé 3 ans en Challengers non plus, donc chacun son rythme. Je n’y suis pas encore, et je peux vite redescendre. C’est pour ça que je travaille le plus dur possible pour arriver dans le top 100 dès que possible. Je pense qu’il ne faut pas être pressé, il faut rester concentré sur son projet, dans sa bulle avec sa team, parce que ce n’est pas en rushant (précipitant) les choses qu’on y arrive forcément plus vite.

 

Justement, pouvez-vous nous parler un peu de votre structure ? Avec qui vous entraînez-vous et qui vous accompagne sur les tournois ?

Je m’entraîne à Montpellier avec Julien Gillet, mon entraîneur depuis trois ans. On travaille ensemble là-bas. Il n’y a pas énormément de joueurs sur place, mais je m’entraîne beaucoup avec un joueur qui est à peu près 500ᵉ mondial (460e), Florent Bax. C’est un peu mon pote/sparring-partner, on s’entraîne beaucoup ensemble là-bas. Donc voilà, ma base, c’est Montpellier.

 

Pour les suiveurs de Tennis Actu qui n’ont pas forcément eu l’occasion de vous voir en match, comment décririez-vous votre style de jeu, vos points forts, les aspects à améliorer ?

Moi, je suis un puncheur du fond de court, avec un service assez conséquent, qu’on veut développer davantage pour l’avenir : un service puissant et destructeur, puis un jeu de fond de court agressif.

 

Chez nos confrères de Tennis Legend, vous disiez que vous conservez un problème de confiance en vous. Vous vous dites : « Ce mec-là, je ne vais pas forcément le battre, je suis moins bon que lui… » Avec vos victoires récentes, avez-vous accumulé de la confiance et changé d’état d’esprit ?

Oui, comme je l’ai dit, la confiance se construit petit à petit, pas uniquement grâce aux victoires. Mais ces succès m’ont permis de comprendre que je suis capable de battre n’importe qui. Peu importe qui est en face, je suis persuadé que je peux gagner. Même si ce n’est qu’une infime chance contre les meilleurs joueurs, je me dis que tout est possible avec mon niveau de jeu.

 

Quels sont précisément les points de votre jeu sur lesquels vous vous êtes amélioré et qui vous font réaliser que vous pouvez désormais rivaliser avec les meilleurs ?

Le déplacement, qui n’était pas forcément mon point fort. On a beaucoup travaillé dessus, et aujourd’hui, je suis dans la moyenne de déplacement du top 100. Je dois encore m’améliorer pour viser le niveau des gars du top 50, top 20, top 10. Mon service aussi : il s’est beaucoup amélioré, mais il faut encore qu’il prenne un autre step (nouveau palier) pour concurrencer les meilleurs mondiaux. Dans le tennis, le service et le retour sont primordiaux pour performer au plus haut niveau. Et évidemment, il y a le mental : je travaille plus cet aspect dernièrement pour développer une mentalité de vainqueur et ne pas me fixer de limites.

 

"La première fois que mon père m’a emmené à Roland-Garros, j’avais entre 8 et 10 ans, et je m’en foutais complètement, j'étais sur ma Nintendo !"

Vous êtes 115ᵉ mondial cette semaine, et Roland-Garros approche à grand pas… Vous y pensez ?

Oui, bien sûr. C’est un super tournoi que j’ai découvert l’année dernière en qualifications. Je vais peut-être le préparer autrement si j’ai la possibilité d’avoir une wild-card grâce à la FFT. Mais rien n’est sûr. Je me prépare donc pour les qualifications et, si je suis directement dans le tableau final, tant mieux. En aucun cas, je me considère déjà qualifié.

 

Rien n’est sûr, mais vous semblez en très bonne position pour l’obtenir, peut-être deuxième derrière Richard Gasquet...

Je laisse les gens en parler pour moi, on va dire (sourire).

 

Quel est votre premier souvenir de Roland-Garros ?

Mon premier souvenir de Roland, c’est plutôt un souvenir de Rafael Nadal. J’ai une anecdote : la première fois que mon père m’y a emmené, j’avais entre 8 et 10 ans, et je m’en foutais complètement. Je regardais quatre jeux, puis je repartais sur ma Game Boy ou ma Nintendo... Et je m'en foutais complet en fait, pour moi, c’était trop long, et pour moi ce n'était pas ça le tennis en fait. Et un jour, on m’a proposé d’être ramasseur de balles là-bas, mais pour moi ça ne faisait pas de sens de ramasser les balles parce que je détestais ça. Ce sont mes premiers souvenirs de Roland-Garros. Ensuite, j’ai fait Roland en juniors pendant deux ou trois ans, puis l’année dernière, mes premières qualifs chez les pros, c'était très impressionnant, une belle expérience. Et cette année, j’ai envie d’y aller pour performer et battre des mecs au plus haut niveau.

 

"Cette mentalité de marche ou crève m'a beaucoup apporté"

Vous avez beaucoup grandi dans les pays de l’Est, notamment à l’académie de Janko Tipsarević (ex 8e mondial), en Serbie. Patrick Mouratoglou a récemment confié que les Français auraient moins cette rage de vaincre que les joueuses et joueurs des autres pays… (« En Serbie, même en Italie, les gars ont une ambition de fou (…) alors qu’en France, on considère qu’avoir de l’ambition, c’est être prétentieux »). Qu’est-ce que cette formation vous a apporté ?

Je ne vais pas commenter ce que dit Patrick Mouratoglou, mais de mon expérience, cette mentalité de "marche ou crève" m’a beaucoup apporté, surtout sur la valeur du travail. Je n’ai pas peur de m’imposer de grosses charges d’entraînement parce que j’ai appris à la dure dans ces pays-là. La France m’a apporté énormément sur le plan technique, mais en Serbie, j’ai découvert cette rigueur très exigeante.

 

"En Serbie, il y avait des grosses charges de travail. Et tu fermes ta bouche"

Vous avez un exemple d’entraînement particulièrement difficile ?

Pas des trucs exceptionnels, des grosses charges de travail assez jeune en fait. J’y étais quand j’avais entre 12 et 14 ans, au début de la puberté, où il faut se construire. À ce moment-là, j’étais parfois un peu nonchalant, pas très professionnel. Dans ma famille, personne n’était sportif de haut niveau, donc on ne savait pas trop comment faire. En Serbie, il y avait des grosses charges de travail, de longues séances de course autour du stade, puis du tennis, et tu fermes ta bouche. Tu n’as pas le droit de parler et de te plaindre, c’est très carré. Un jour, en hiver, la piste d’athlétisme était presque entièrement sous la neige : on n’avait qu’une voie dégagée, mais tout le monde s’entraînait. J’ai fini par vomir. Et c’est marrant, j’étais en train de vomir mes trippes et les mecs à côté, qui connaissaient mon préparateur physique, étaient en train de se foutre de ma gueule. Ils disaient "c’est qui lui" (rires).

 

"Je sens que je me rapproche du plus haut niveau, donc ça me met encore plus les étoiles dans les yeux"

Quel est votre rapport au tennis ? Encore une passion ou juste un travail ?

Je ne peux pas nier le fait que ce soit mon travail, parce que c'est ma seule source de revenus. Mais aujourd'hui, le tennis est ma passion. Vivre de mon sport, c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé, en fait. Alors, évidemment, je ne rêvais pas d'être 115e mondial.  Je rêvais d'être dans le top 10 mondial, et de pouvoir jouer sur les plus grands courts du monde, contre les plus grands joueurs du monde. J'y suis pas encore, c'est pour ça qu'il y a encore beaucoup de travail, il y a encore un long chemin devant moi. Mais, en tout cas, je me rapproche, et je sens que je me rapproche, donc ça me met encore plus les étoiles dans les yeux, parce que je me dis "Ah ouais, c'est toute proche !" Et puis, je me rapproche petit à petit, parce que les qualifs' des Grands Chelems, tu es un peu dans le bain, tu vois les autres, tu vois les Alcaraz dans les vestiaires, les Djoko, tu te dis "Ah ouais, tu touches du doigt", tu vois, un peu. Donc, ouais, ça commence à se concrétiser.

 

"Quand je vois ce que je suis capable de produire sur le terrain, je me dis que je peux battre les meilleurs"

Aujourd’hui, parmi les meilleurs, qui vous impressionne le plus ? Alcaraz ? Djokovic ?

Au début de ma vie tennistique, je détestais le style de Novak (Djokovic), j’étais fan de l’exubérance de Nadal, de son énergie dégagée sur le terrain. Mais avec l’expérience, je réalise à quel point ce que Novak fait est exceptionnel. Je pense même qu’il est le meilleur joueur de tous les temps, bien que je reste un énorme fan de Rafa. Aujourd'hui, Sinner est très impressionnant dans sa manière de jouer, forcément. Mais je n'ai plus autant cette fougue de gamin à dire "ouais, lui c'est incroyable ce qu'il fait"... Maintenant, quand je vois ce que je suis capable de produire sur le terrain, je me dis que je peux battre ces mecs-là.

 

Vous êtes proche des joueurs serbes sur le circuit. Avez-vous pu échanger avec Novak Djokovic ? D'autant que vous comprenez parfaitement le serbe...

Non, pas du tout. Il est très dans sa bulle, protégé par sa team, et c’est normal. On ne s’est jamais vraiment parlé.

 

Sur le circuit, avec qui êtes-vous le plus proche ?

Bizarrement, j’ai plus de copains étrangers que français. Je suis proche de joueurs portugais, de gars des Balkans… En junior, je m’ouvrais plus aux étrangers. Je voyais souvent les Français rester ensemble, et moi, j’avais un fonctionnement différent.

 

Vous êtes 115ᵉ cette semaine, comment voyez-vous votre programmation pour les semaines à venir ? Comptez-vous jouer davantage de qualifs de tournois ATP ?

Oui, à mon classement, la programmation est encore très importante. Je dirais jusqu’à la 50ᵉ-60ᵉ place, c’est crucial. L’objectif, c’est de mixer les qualifs d’ATP et les gros Challengers (100 ou 125). Les Challenger 75, ça reste intéressant, mais il y a eu un ajustement de points. En ce moment, je suis à Oeiras (Portugal). Ensuite, je fais les qualifs de Madrid (Masters 1000), je me repose, puis les qualifs de Rome. Après, je prendrai un autre Challenger avant Roland-Garros. On verra si je suis en qualifs ou dans le tableau.

 

Quand vous allez disputer ces Masters 1000 à Madrid ou à Rome, au vu de votre confiance actuelle, vous vous sentez capable de battre des joueurs classés 70ᵉ, 80ᵉ ?

Bien sûr ! Je n’y vais pas les mains dans les poches. J’y vais pour performer, ça c'est une certitude. Jusqu'où je ne sais pas, mais en-tout-cas, j'y vais pour performer, et je ne veux pas me fixer de limite dans ces tournois-là.

 

"On a rehaussé l'ambition pour 2025 mais l'objectif reste le même : entrer dans les 100"

Je sais que vous n’aimez pas te fixer un objectif de classement précis, mais vous avez quand même des rêves pour cette saison. Qu’est-ce qui vous satisferait en fin d’année ?

On s’était dit, l’année dernière, qu’en 2025, je devais intégrer le top 100. Aujourd’hui, j’en suis très proche, donc forcément, on a rehaussé un peu l’ambition, mais l’objectif reste le même : rentrer dans le top 100. C’est un chiffre symbolique, un rêve de gosse. Et aussi me qualifier dans les tableaux finaux de Grand Chelem. Ce serait déjà un super objectif accompli pour 2025.

 

Si vous pouviez être sûr de remporter un seul match dans un tournoi cette année, lequel choisiriez-vous ?

Je ne préfère pas répondre (sourire)...



L'info en continu

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Classement Mondial ATP

1 ITA SINNER Jannik9730 pts
2 ALL ZVEREV Alexander8085 pts
3 ESP ALCARAZ Carlos7850 pts
4 USA FRITZ Taylor4815 pts
5 GBR DRAPER Jack4440 pts
6 SRB DJOKOVIC Novak4130 pts
7 NOR RUUD Casper3715 pts
8 AUS DE MINAUR Alex3635 pts
9 ITA MUSETTI Lorenzo3550 pts
10 DAN RUNE Holger3440 pts

Classement Mondial WTA

1 BLR SABALENKA Aryna11118 pts
2 POL SWIATEK Iga6773 pts
3 USA GAUFF Cori6603 pts
4 USA PEGULA Jessica6243 pts
5 ITA PAOLINI Jasmine4875 pts
6 USA KEYS Madison4824 pts
7 RUS ANDREEVA Mirra4781 pts
8 CHI ZHENG Qinwen4193 pts
9 USA NAVARRO Emma3797 pts
10 ESP BADOSA GIBERT Paula3761 pts
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