Tennis. ITW - Alizé Cornet : "Il faut croire en sa structure"
Par Marie BELJEAN le 18/01/2014 à 10:08
Plus aucune chance française dans cet Open d'Australie suite à l'élimination, plus tôt dans la journée de ce samedi, d'Alizé Cornet par la numéro 3 mondiale, Maria Sharapova. Une défaite sans appel, en deux sets, 6-1, 7-6 (6), qui stoppe net le parcours australien de la tricolore. Alizé Cornet est revenue sur cette partie mais aussi sur toute son organisation avec Georges Goven et sur la situation du tennis français féminin. Entretien quelque peu décalé de la numéro un française.
Alizé, une défaite en deux sets contre Sharapova... selon vous est-elle méritée ? Avez-vous des regrets ?
Je pense que c'est deux sets assez mérités en fait puisqu'au premier je n'ai pas trop existé dans le match. J'étais prise de vitesse, pas trop en jambes, assez vite détachée et ensuite elle a pris les commandes du set assez rapidement. Au deuxième, je regrette, à 3-1, de ne pas avoir confirmé mon break pour vraiment passer devant. Je me suis battue jusqu'au bout comme toujours de toute façon. J'ai eu des occasions, j'ai même eu une balle de set. J'ai quelques regrets mais ce n'était pas un match super, c'est surtout ça qui me déçois... En plus physiquement je n'ai pas pu être à 100 % donc c'était un peu décevant contre une joueuse qui joue aussi vite. J'ai une douleur au pied droit et sur les courses latérales côté revers j'avais un peu de mal. Je pense qu'elle n'est pas bête, elle l'a vu et après elle me déportait toujours de ce côté avec son revers croisé et son coup droit décroisé et c'était pas facile de défendre de ce côté là. Mais bon, elle joue bien, elle n'a pas beaucoup de failles. J'aurai juste bien aimé faire un troisième, même juste pour le "fun".
Pour la cinquième année consécutive, pas de Françaises en huitièmes de finale. On a vu Amélie Mauresmo, qui est franchement désolé, alors quand-est ce que ça va sourire ?
Comme je l'ai dit hier, moi ce qui m'agace un peu c'est que j'ai des tableaux assez fermés et j'en peux plus parce que je pense avoir le niveau pour aller en huitièmes. Au troisième tour, à part à Wimbledon où j'ai vraiment laissé passer ma chance, à chaque fois j'ai un mur. C'est un obstacle que je n'arrive pas à franchir pour l'instant. Je vais vraiment essayer de bien jouer pour pouvoir être dans les têtes de série 24 à Roland-Garros et dans ce cas là éviter une fille de 1 à 8. Après je peux très bien perdre au premier tour aussi, ce n'est pas une science exacte mais au moins j'aurais peut être un tableau légèrement plus "ouvert" ce qui me permettrait de ne pas buter au troisième tour comme à chaque fois, parce que c'est ça qui est frustrant.
On dit aussi que les filles n'arrivent pas à se "tirer vers le haut", que la relève tarde à arriver. Qu'en pensez-vous ?
Oui mais après c'est le début d'année donc il faut laisser le temps aux filles de se mettre dans la saison. En tout cas, moi, je suis très contente qu'avec Caroline on joue aussi bien en double. Pour la Fed Cup, et même pour le tennis français, c'est bien d'avoir une paire française qui marche bien. On se régale et même si Kristina est très bonne en double pour l'instant, en Fed Cup ça pourrait être utile. Je suis aussi là pour leurs montrer la voie. Elles vont bientôt me suivre, ne vous inquiétez pas. En tout cas j'ai vraiment envie d'avoir ma deuxième semaine, là, ça commence à me titiller un peu...
Amélie Mauresmo a aussi dit que les Françaises n'avaient pas de véritable structure. "Kiki" et Caroline devraient peut-être suivre votre exemple non ?
C'est leurs décisions, leurs choix. Je ne me sens pas assez éloignée en terme d'âge pour leurs dire ce qu'elles doivent faire ou pas. Je reste une jeune aussi, dans la même génération qu'elles. Je n'ai pas envie de faire "la maman" à leurs apprendre la vie. Moi je l'ai payé par le passé de ne pas avoir de structure cohérente. C'est une erreur que je ne referais plus. Le fait d'avoir la structure que j'ai actuellement, qui est aussi bien organisée, cadrée, avec des gens qui savent où ont doit aller.. bah c'est pour ça que je rejoue bien et que je suis dans le top 25 et à mon avis ça va continuer de progresser. Le seul conseil que je peux leurs donner c'est de s'organiser, mettre toutes les chances de son côté, essayer de bien s'entourer. C'est vraiment la clé numéro 1 pour aller le plus haut possible. Mais voilà, elles font leurs expériences aussi, je pense que ça les forme. Finalement, moi aussi je suis passée par là.
Soyons clairs, des parents trop présents pour "Kiki"(Mladenovic) et Caroline (Garcia) ?
Non j'ai pas dit ça. Moi, ma mère a été très présente jusqu'à tard, même encore maintenant, mais jamais dans le tennis. C'est important la présence des parents à nos côtés, ça nous fait relativiser, ça nous donne un gros soutien. Après je n'ai jamais eu des parents impliqués dans mon tennis. Je pense que j'ai eu de la chance. J'avais ma vie familiale et ma vie professionnelle distincte. J'ai eu des parents toujours très cool et je suis contente de ça. Je ne peux pas juger le fait d'avoir "trop de parents", "pas assez de parents"... Après il faut que la joueuse de sente bien. Avec Wozniacki ça a marché alors pourquoi pas avec les autres. Chaque structure à son petit truc qui gagne mais il faut savoir se remettre en question aussi.
Pour parler de cette structure, qu'est-ce que ça change exactement ? On sent vraiment la différence entre le moment où il y en a pas et celui où on devient plus professionnel ?
On ne le sent pas immédiatement et c'est pour ça qu'il faut prendre une décision, être quasiment sûr que c'est la bonne et s'y tenir. Parce que en fait s'y on veut des résultats immédiats, c'est-à-dire dans les 2-3 prochains tournois il faut que ça marche, là, effectivement, les coachs risquent de défiler et ça risque de ne pas marcher. Moi quand j'ai commencé à travailler avec Georges, j'ai mis 3-4 mois avant de faire mes premiers résultats. Je n'ai jamais douté du bénéfice que m'apportait Georges et je pense qu'il faut vraiment avoir des projets à long terme, surtout quand on est jeune, croire en sa structure et ne pas douter quand ça ne marche pas tout de suite.
Propos recueillis par la Rédaction Tennis Actu