Tennis. Antalya (M15) - 1731, le premier matricule ATP d'Arthur Fils, 16 ans
Par Alexandre HERCHEUX le 25/01/2021 à 09:37
Tout s'accélère pour Arthur Fils. Victorieux de l'Orange Bowl en décembre, rebasculé 13e mondial au nouveau classement juniors, le Français a tâté le circuit professionnel sur des 15 000 $ à Antalya. Et il a vite appris. Le 19 janvier, l'Essonnien s'est payé l'Américain Tony Kodat, 908e mondial et surtout vainqueur de la précédente étape sur la terre battue turque. Un exploit XXL conclu après 2h17 de combat (3-6, 6-2, 7-5). La récompense est arrivée ce lundi avec le premier classement ATP d'Arthur Fils. Avec son petit point, il apparait au 1731e rang mondial. On imagine qu'il s'est jeté sur son ordinateur...
Vidéo - Arthur Fils, de retour des Amériques au micro de Tennis Actu
Tennis Actu l'avait interrogé il y a un mois. Il avait répondu avec beaucoup de modestie, de détermination voire de lucidité. Arthur Fils : un nouveau nom à retenir !
"Ce n’est pas parce que des mecs comme Thiem, Federer... ont gagné l'Orange Bowl que je vais forcément devenir pro !"
Alors Arthur tu viens de remporter l’Orange Bowl, un des plus prestigieux tournois juniors. Raconte-nous un peu ton aventure américaine ?
On est arrivés il y a deux semaines aux Etats-Unis pour s’habituer aux conditions. Pour moi, ça s’est bien passé. Le premier match a été le plus compliqué car j’ai dû sauver une balle de match. Ça a été le déclic. Je me suis dit : "si tu es capable de gagner en sauvant des balles de match, tu peux gagner tous les matchs." Ça m’a donné beaucoup de confiance et j’ai surfé là-dessus pour aller jusqu’au bout.
Tu fais partie d’un palmarès où l’on retrouve des noms comme Dominic Thiem, Roger Federer, Andy Roddick ou même Jim Courier… Qu’est-ce que ça fait ?
Je me dis que c’est plutôt bien mais il ne faut pas s’arrêter à ça. Ce n’est pas parce que des mecs comme Thiem l’ont gagné que je vais forcément devenir pro. Il y a aussi beaucoup de mecs qui l’ont gagné et qui n’ont pas réussi à percer. Je vais essayer de ne pas faire partie de ces joueurs. Il ne faut pas que je m’attarde trop sur ce titre et que je reste concentré.
Tu as vécu de très belles émotions mais tu as également réalisé une très belle opération. Tu es 44e mondial en juniors maintenant, tu vas grappiller des places quand les 2002 ne vont plus être classés. J’imagine que ça va te donner de belles ambitions en 2021 ?
Bien sûr ! Sans les 2002, je vais finir 13e ou 14e. Si les Grands Chelems se jouent, je serai tête de série. Ça ne va pas être plus simple mais j’aurai peut-être un 2e tour moins difficile. L’objectif ne change pas, mon but est toujours de gagner un Grand Chelem Junior.
Tu as disputé deux tournois chez les pros, seulement des qualifs. Peut-on s’attendre à te voir faire tes premiers pas en grand tableau chez les pros en 2021 ?
Avec un bon classement Junior, ça donne des places chez les pros. L’Orange Bowl m’a permis d’avoir ces places donc je pense qu’en 2021 je vais pouvoir être plus chez les pros.
166e mondial @ITFTennis juniors, Arthur Fils, 16ans, n’a pas tremblé pour s’offrir le titre à l’Orange Bowl en battant la tête de série 1 en finale! « Je suis arrivé ici en me disant que je pouvais gagner. Sinon ça ne servait à rien de venir. » https://t.co/T77sqdQ4Qp pic.twitter.com/zsFXAOjPsW
— FFT (@FFTennis) December 13, 2020
"Roger Federer ne s’est pas arrêté après avoir gagné l’Orange Bowl"
Pour ceux qui ne te connaissent pas, comment pourrais-tu te décrire ? En tant que joueur et dans la vie de tous les jours.
Je suis un joueur plutôt agressif, je joue beaucoup avec mon coup droit. Mon but, c’est de bien servir et tourner autour de mon revers pour jouer en coup droit. Dans la vie de tous les jours, je suis un gars plutôt normal (rires). Je ne vais plus à l’école, je suis des cours par correspondance. Je rentre souvent voir ma famille qui habite dans le 91, à Saint-Michel sur Orge. Je suis au CNE depuis un an. Je m’entraîne avec Jérôme Potier et Pierre Mazenq.
Et quelles sont tes inspirations ?
Roger Federer ! J’ai toujours aimé son jeu et la classe qu’il dégage. Nadal aussi, il se bat tout le temps et ne lâche rien.
J’imagine que gagner l’Orange Bowl a aussi été particulier parce que Roger Federer l’a gagné avant toi ? (Ndlr : en 1998)
C’est toujours sympa ! Se dire que je suis peut-être dans ses pas, c’est bien. Mais, il faut que je reste humble et concentré. Il ne s’est pas arrêté après avoir gagné l’Orange Bowl.
Comment ça se passe dans un tournoi comme l’Orange Bowl ? Est-ce qu’il y a une forme de concurrence entre tous les jeunes talents même en dehors du court ? Ou simplement l’ambiance est bonne et l’esprit de compétition n’apparaît que sur le court ?
Non non ! On part en groupe. Entre Français, il n’y a pas de concurrence. Si on s’affronte, voilà c’est la compétition mais on s’entend tous bien. Avec les étrangers, c’est différent. On se sent un peu plus en concurrence même en dehors du tournoi.
Frenchman Arthur Fils impressive at the 2020 Orange Bowl, taking the B18 title. pic.twitter.com/kBmFpECwU2
— Tennis Analytics (@TennisAnalytics) December 13, 2020
"J’aimerais bien gagner un 15 000$ début 2021 et peut-être même faire les qualifs de Roland-Garros"
Quels sont tes objectifs sur le long-terme et tes rêves ?
J’aimerais bien sûr gagner des Grands Chelems et être numéro 1 mondial. Le tournoi qui m’attire, même si j’adore Roland, c’est l’Australie. Quand j’étais petit, je me réveillais à 10h et y avait la night session. Je pouvais regarder, l’ambiance me paraissait super sympa et le court a l’air exceptionnel.
Concernant Roland-Garros, tu as tout de même gagné 2 matchs dans le tableau Junior pour ton premier Roland. Comment ça s’est passé ? Quel bilan as-tu tiré de ton Roland ?
Je suis arrivé à Roland avec un très bon été. J’ai eu de bonnes victoires donc je suis arrivé comme n’importe quel tournoi. Je passe mes deux premiers tours, dont le 2e tour contre le numéro 9, c’était deux très bons matchs et après je tombe sur un pote (Sean Cuenin) et ça ne se passe pas trop bien pour moi. Je pense que j’en sors avec plus d’expérience et en étant content. J’ai kiffé, c’était super bien et un premier Grand Chelem ne s’oublie pas.
Et tu n’as pas regretté que ce soit un Roland-Garros particulier, sans public ?
Pour un premier Roland, c’était bizarre. Il devait y avoir 100 personnes lors de mon deuxième tour, grand max. Après, quand on est concentré, ça ne dérange pas trop.
Ça t’a peut-être libéré d’une certaine pression ?
Alors non, je ne suis pas forcément un mec qui me met la pression à part le bon stress avant la rencontre. Je n’avais pas de pression par rapport à ça. J’ai seulement l’adrénaline avant le match.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2021 ?
J’aimerais bien gagner un 15 000$ début 2021 et peut-être même faire les qualifs de Roland-Garros.