Tennis. ITW - Benjamin Bonzi : "Le prize money... ce n'est pas le prestige !"
Par Alexandre HERCHEUX le 24/12/2020 à 15:44
Seul Français sorti des qualifications de Roland-Garros 2020, Benjamin Bonzi a replongé dans son quotidien en challenger pour finir la saison. Présent en Turquie fin octobre cette semaine pour disputer le tournoi d'Istanbul, Ben Bonzi avait accepté de discuter avec Tennis Actu. Son beau Roland-Garros, son ressenti concernant cette édition si particulière des Internationaux de France, sa fin de saison et début 2021 avec les qualifications de l'Open d'Australie en vue, ont été évoqués. Très honnête et franc, le Toulousain est également revenu avec nous sur la trop grande importance donnée par les médias aux prize money selon lui. Si bien sûr, les 84 000€ touchés grâce à son beau parcours parisien vont l'aider pour la fin de saison et le début 2021, Benjamin a insisté sur l'importance à ses yeux de disputer des tournois prestigieux, de performer et a rappelé que l'argent n'était pas sa priorité numéro 1 lorsqu'il dispute un tournoi. Intéressant comme toujours.
Vidéo - Le Mag Tennis Actu - Benjamin Bonzi à notre micro
"Tout l’aspect pression était absent. Donc pour se relâcher, c’était peut-être plus simple"
Benjamin comment ça va ? Tu t’es replongé en Challenger ? Pas trop dur d’enchaîner après Roland-Garros ?
Non pas du tout. J’ai pris le temps de couper quelques jours. Je me suis reposé et on est reparti assez vite en Challenger. La transition n’était pas dure à faire, on a besoin de jouer et on est habitué.
Ce Roland-Garros, comment tu l’as vécu ? Tu as été le seul Français à sortir des qualifs et tu as franchi le premier tour. Satisfait j’imagine ?
J’étais déjà très content d’avoir fait ce parcours en qualifs. Je suis arrivé là-bas sans avoir joué beaucoup de matchs. J’aurais préféré arriver mieux préparé donc j’y suis allé en tant qu’outsider. On sait que le niveau est très homogène en qualifs de Grand Chelem, j’ai eu pas mal de réussite au premier tour en sauvant 5 balles de match. C’est quelque chose qui m’a fait beaucoup de bien parce qu’après j’ai beaucoup mieux joué. Une qualif qui est arrivée, pas par surprise, mais en étant une belle récompense.
Et cette ambiance particulière ? Est-ce que c’est cet élément là aussi qui t’a permis de te libérer ?
Je pense. Le fait que les qualifs soient à huis-clos, ça a changé tout l’environnement. C’est plus calme, il n’y a pas de bruit de fond. L’ambiance à double-tranchant pour les Français n’était pas là. Tout l’aspect pression était absent. Donc pour se relâcher, c’était peut-être plus simple. Il y a eu aussi des conditions de jeu à partir du tableau final qui ont changé les choses.
"On avait tous un petit pincement au cœur de joueur"
Cette absence d’ambiance, tu as réussi à en tirer seulement le positif ou tu avais quand même un regret en toi durant toute cette semaine de qualifs ?
On avait tous un petit pincement au cœur de joueur dans ces conditions. En temps normal, ça reste une fête pour tout le monde. Personne autour des terrains, c’était un peu triste. Cela étant, je pense que l’essentiel pour tous les joueurs, c’était de pouvoir jouer les qualifs que l’on n’avait pas eues à l’US Open. Tout le monde s’est très vite recentré sur le jeu.
Kristina Mladenovic a répété plusieurs fois que pour elle, ce n’était pas le vrai Roland-Garros. Partages-tu ce point de vue ?
Non, moi j’ai profité à fond. L’absence de public enlève pas mal d’émotion c’est clair. Mais j’ai profité à fond, je me suis régalé du début à la fin, j'ai pris tout ce que je pouvais donc non je ne qualifierais pas ça de faux Roland-Garros.
"Dans tout l’aspect médiatique autour des belles histoires de Roland, l’aspect financier prend une part trop grande"
On avait discuté tous les deux de l’aspect financier au moment de l’annulation des qualifs de l’US Open, là on imagine que ça fait du bien pour 2020 ?
Bien sûr, c’est un aspect non négligeable. Après, dans tout l’aspect médiatique autour des belles histoires de Roland, l’aspect financier prend une part trop grande je trouve car nous sommes là avant tout pour les matchs et le prestige de ces tournois. Dire que l’on n’y pense pas, ce serait mentir mais c’est la dernière des priorités à ce moment-là. Je suis content d’avoir gagné cet argent là mais ce n’était pas le but à la base.
C’est toujours le sportif avant le financier ?
Bien sûr oui. Si je dois retenir un truc de ce Roland-Garros, c’est le 2e tour. Grâce à ça arrive ce prize money-là mais ce n’est pas le truc que je retiens en premier. Ce n’est pas le prestige.
"Honnêtement, je ne pense pas venir en Australie pour jouer que les qualifs"
Comment vois-tu ta fin de saison ? Tu t’es fixé des objectifs ?
Je vais encore jouer quelques challengers. Combien ? Je ne sais pas parce que selon les pays, les règles changent. Là je joue en Turquie, je sais qu’a minima je vais en faire encore 2. Après on verra. L’objectif c’est d’essayer de rester sur la même dynamique que Roland et de gagner le plus de matchs possibles. En termes de classement, non il n’y a pas de but précis.
Arrives-tu à te projeter sur 2021 ?
Oui, l’idée c’est d’essayer de jouer l’Australie. Ce ne sera pas le jouer coûte que coûte. S’il faut rester 15 jours en quarantaine, et seulement jouer un tournoi, ce ne sera pas la peine d’y aller. Il faut voir s’ils mettent des tournois avant, des Challengers. Honnêtement, je ne pense pas venir pour jouer que les qualifs. C’est un gouffre financier si tu pars avec quelqu’un. Et niveau décalage horaire, tu perds beaucoup de temps à l’aller et au retour. A voir le calendrier annoncé, les conditions et en fonction, je prendrai ma décision.