Tennis. ITW - Célia-Belle Mohr : "Être pro... ce serait une vie de malade !"
Par Alexandre HERCHEUX le 24/12/2020 à 18:59
Célia-Belle Mohr vit un rêve éveillé et ce n'est sans doute que le début. Agée de 18 ans, la Tricolore fait partie des beaux espoirs du tennis français et connaît une ascension fulgurante. Originaire du sud de la France, Célia est arrivée en 2017 à Montargis. Dès janvier 2018, elle intègre le CNED et son rêve commence. Ces débuts sont fracassants puisque dès son 2e tournoi ITF Junior, à Dijon, la Tricolore s'impose. Finaliste de son tout premier tournoi chez les grandes en juillet 2019, Célia-Belle Mohr semble avoir tout pour réussir, et il faut reconnaître que ses 1m83 lui permettent de faire de gros dégâts au service. Avec beaucoup de fraîcheur et de spontanéité, Célia avait accepté de parler en mai dernier de son début de carrière, de sa personnalité, et de ses rêves pour Tennis Actu.
Vidéo - Célia-Belle Mohr, 18 ans, et sa rencontre avec Naomi Osaka
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"L’idée, c’était de finir l’année dans le top 10 Junior"
Comment ça va ? As-tu pu rejouer depuis lundi ?
Moi ça va ! Le confinement s’est plutôt bien passé avec ma famille. J’ai pu sortir un peu cette semaine mais je n’ai pas encore pu jouer.
Comment as-tu géré le confinement ? Pouvais-tu quand même taper la balle ou alors ce n’était que du physique ?
J’ai fait beaucoup de physique, toujours avec l’attestation. Pas très loin. Il y avait des séances physiques qu’on m’avait données. J’avais la chance de pouvoir faire du mur.
Et mentalement ?
Honnêtement, ce n’était pas le plus difficile. Ce qui me tracassait, c’étaient plutôt les décès, les contaminations. C’est ce qui était vraiment difficile. A un moment donné, on a arrêté la télé parce que c’était stressant. La reprise du tennis passe bien après tout ça.
Avais-tu des cours à suivre aussi ?
Je suis en année sabbatique. Ma rentrée est en septembre, je pars sur une licence LEA, licence langue étrangère appliquée. Je la ferai à distance pour continuer les tournois et le tennis. Et j’ai eu mon Bac S l’année dernière.
En juniors, tu es 48e mondiale, tu as 3 titres, quel était l’objectif pour l’année 2020 avant l’arrêt du circuit ?
L’idée, c’était de finir l’année dans le top 10 et surtout aller chercher un bon résultat et m’amuser à Roland-Garros. Personnellement, c’est le tournoi que j’attends le plus. Un grand Chelem en France… Je suis en année de transition donc j’allais aussi commencer les seniors et donc je voulais aussi entrer dans le classement WTA.
Tu as déjà découvert les seniors. Pour ton premier tournoi chez les grandes, tu as atteint la finale, à l’Open des Contamines en juillet dernier, raconte-nous un peu cette performance ?
Franchement, je ne savais pas où j’étais. (Rires) J’avais eu la chance d’être invitée dans le tableau. Je ne me suis pas pris la tête. Les conditions étaient favorables pour moi aussi parce qu’étant en altitude, les balles rebondissent plus haut et comme je suis grande, ça m’aidait beaucoup. C’était un super tournoi, l’ambiance était top et tous les gens hyper gentils. La finale était particulière avec plusieurs interruptions mais c’était vraiment un bon tournoi.
Tu avais hâte de débuter ? Ou tu étais stressée ?
Honnêtement, j’avais plutôt hâte. Je pense qu’on est tous un peu stressés. Je me suis donnée à fond et j’ai joué.
Est-ce que la différence a été flagrante par rapport aux Juniors ?
Pour ce tournoi, je n’ai pas trouvé qu’il y avait une grande différence. Ça dépend des filles qui s’inscrivent et des périodes je pense. Mais pour les Contamines, je n’avais pas vu trop de changements.
"Je n’ai pas même pas eu le temps de voir passer les choses, de comprendre"
Qui est Célia-Belle Mohr, comment es-tu dans la vie ?
(Rires) Je pense que je suis une fille assez simple. Je vis à fond les choses en ce moment. Je suis assez déterminée je pense. (Rires) Ce n’est pas facile ! (Rires)
Et ton style de jeu ?
J’ai un jeu assez offensif avec un gros service. Je travaille de plus en plus ma montée à la volée parce que je suis grande et j’ai de l’envergure. Le service-volée va arriver.
1,83 m… J’imagine que ta taille et tes aptitudes physiques te donnent un avantage sur beaucoup de joueuses ?
On voit la différence au service. Je n’ai pas tout le temps des grands pourcentages d’aces mais mon service peut faire mal quand même. Je m’appuie vraiment sur cette arme en match.
Peux-tu nous parler de ton parcours ? Tu as eu une éclosion assez tardive. C’est seulement en 2017 à 15 ans que tu t’es révélée, c’est bien ça ?
J’ai grandi dans le sud de la France et je suis arrivée dans la région Centre-Val de Loire en 2017. J’ai toujours eu un cursus normal, je n’ai jamais connu l’école à distance. C’est en janvier 2018 que j’ai intégré le CNED. Je voulais vivre de ma passion et j’étais très positive. Je ne me prenais pas la tête, je ne savais même pas ce qu’était un ITF. Pour mon 2e ITF, à Dijon, j’ai gagné le tournoi, et ensuite tout s’est fait assez rapidement. Je n’ai pas même pas eu le temps de voir passer les choses, de comprendre. Mais en tout cas, j’en ai bien profité.
Qu’est ce qui a fait que tu franchisses ce cap à Montargis ?
Je ne sais pas. Au départ je ne suis pas venue là du tout pour ça. J’ai fait une partie de ma scolarité normalement ici et ensuite je suis partie sur les cours à distance mais de base, je ne suis pas venue pour ça. C’est quand la Ligue m’a repérée que j’ai voulu saisir ma chance pour pouvoir plus jouer au tennis et profiter de ma passion.
Et maintenant, c’est clair, tu veux en faire ton métier ?
Oui ! J’ai vu comment ça pouvait jouer. En Grand Chelem Juniors, tu vois les Seniors à côté et tu te rends compte.
Quels sont tes modèles, tes joueurs et joueuses préférés ?
La numéro 1, c’est quand même Serena Williams. J’aime beaucoup Andreescu, ce qu’elle dégage sur le terrain et son jeu. Une autre joueuse que j’aime beaucoup, c’est Muguruza. Je peux m’identifier un peu à elle par la taille. Chez les hommes, Federer et j’aime beaucoup Tsitsipas aussi.
Malgré déjà une belle puissance au service et en revers, Celia Belle Mohr s'incline au premier tour de l'@AustralianOpen juniors contre la Japonaise Saki Imamura (7/6, 6/3). pic.twitter.com/sQB5o8L6Ri
— FFT (@FFTennis) January 25, 2020
"A Roland, je m’assois et je vois Naomi Osaka à côté de moi"
Comment vois-tu la suite de l’année ?
Je suis dans le flou. S’il y a une deuxième vague, on repartira en confinement et l’année sera encore plus gâchée. Je ne suis pas pessimiste non plus. Ramener des mauvaises ondes ce n’est pas bon. Il faut se dire que dans certains endroits, la situation est bien pire. Roland-Garros, j’y crois encore. Je croise les doigts.
Parle-nous de tes débuts à Roland-Garros l’année dernière en Juniors.
C’était impressionnant et incroyable. Il y avait tout le monde dans les tribunes. Il y avait ma ligue, ma famille…l’ambiance est incroyable, les courts sont magnifiques. C’est monstrueux.
Cette année, tu arriverais en plus avec d’autres ambitions j’imagine. Tu te sens capable de gagner ?
En tant que Français, c’est un objectif normal. Le Grand Chelem en France, c’est quand même Roland-Garros. C’est l’évènement.
L’année dernière tu avais joué une tête de série d’entrée ? Tu t’étais sentie stressée ?
Franchement j’étais tendue… Je n’avais pas eu beaucoup d’entraînement parce que je préparais le Bac. J’ai mis un peu de temps à me mettre dedans. Je me suis un peu relâchée mais j’avais pris un peu de retard, je n’ai pas pu le rattraper.
Tu as eu l’occasion de rencontrer des stars du circuit ?
Je vais te raconter ! J’étais dans les vestiaires, je vais dans la salle pour regarder les matches. Je m’assois et je vois Naomi Osaka à côté de moi. Je la vois et je me dis « attends si je ne prends pas une photo maintenant, je vais regretter tout le temps. » Je suis assez timide donc je n’osais pas du tout. J’envoie un message à ma mère pour dire « Maman, il y a Naomi Osaka qui est devant moi, on est seules dans la pièce. Qu’est-ce que je fais ? » Elle me répond « Vas demander une photo ! » Finalement, j’ai réussi à lui demander une photo ! Elle était hyper sympa. Cette photo, je l’ai encore dans mon téléphone et je suis trop fière ! (rires)
Quel est ton objectif à long-terme ?
C’est d’être top 50. A ce niveau, tu as des assurances pour entrer dans les grands tournois. Honnêtement, quand je vois les filles dans le top 50, je trouve qu’elles ont une super vie. J’ai pris goût aux voyages etc… Pour moi, ce serait une vie de malade.
Pour en vivre ? il faut le top 100 de toutes façons ?
Oui, il faut vraiment au moins être top 100. Avant, tu n’as pas de garantie. Il faut payer l’entraîneur et le staff, c’est compliqué.
Enfin, la tradition pour conclure cet entretien : quel est ton rêve ?
Mon rêve, gagner Roland-Garros… Senior évidemment.
Les deux ? Tu pourrais réussir le doublé ?
Oui ce serait beau ! (rires)