Tennis. ITW - Djokovic : "L'égalité du prize money ? Pas juste"
Par Clémence LACOUR le 21/03/2016 à 11:35
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A l'issue de son cinquième titre à Indian Wells, Novak Djokovic est revenu sur son retour en forme après une baisse de régime suite à sa conjonctivite, contractée avant la Coupe Davis et la suite de son programme, avec, en point de mire : Roland-Garros. Le no 1 mondial est également revenu sur la polémique qui enfle à Indian Wells après la déclaration du directeur du tournoi, Ray Moore, mettant en cause la qualité du tennis féminin. Egalité du prize-money ou équité ? Là est toute la question selon le Serbe.
Novak, vous aviez joué un match incroyable face à Andy Roddick, et quelle ambiance encore aujourd'hui, avec la foule de votre côté... Qu'est-ce que cela fait de gagner 5 fois le tournoi d'Indian Wells ?
C'est sûr, c'est très flatteur. J'ai fait un très bon tournoi ici. C'est une grande satisfaction pour mon équipe et moi de gagner 5 fois de suite le tournoi ici. Ce n'est pas rien. C'est le tournoi préféré de bien des joueurs. Tous les grands joueurs ont envie de gagner ce tournoi, qui est juste derrière les tournois du Grand Chelem, en terme d'organisation, de logements et de conditions de jeu. Les joueurs sont superbement accueillis. Les spectateurs sont très démonstratifs et montrent leur amour du jeu. Dans ce type de conditions, on a forcément envie de jouer son meilleur tennis.
Vous avez dit que Shanghaï et Indian Wells mériteraient d'être dans une catégorie à part, entre les tournois du Grand Chelem et les Masters 1000. Militez-vous pour ce faire ?
Oui, j'ai dit ça. J'ai un grand respect pour l'histoire du tennis et les Grands Chelems. Nous savons tous que les Grands Chelems ont une place particulière dans notre sport, ce qui ne permet pas à d'autres tournois de l'ATP de grandir et de grossir en catégorie. Je pense que certains tournois, comme Shanghaï, que vous avez mentionné, ont envie d'accéder à un plus haut niveau dans la hiérarchie de l'ATP et à une classe différente. Je ne vois pas pourquoi on ne les y autoriserait pas. C'est pour le bien de notre sport. Tout évolue dans la vie, et le tennis devrait également faire évoluer ça.
Il y avait des doutes à votre égard, sur votre capacité à gagner une fois encore. Que pouvez-vous nous dire de cela ?
Je n'ai eu aucun doute. Je suis arrivé une journée et demie plus tard que prévu car j'avais des problèmes de santé et j'étais fatigué après mon infection à l'oeil. C'est pour ça que j'ai mis un peu de temps pour venir à Indian Wells. Mais une fois venu ici, ça a commencé à aller mieux, et tout s'est terminé comme je l'espérais.
Il y a une polémique autour des propos de Ray Moore, qui estime que les filles devraient se mettre à genoux pour remercier les joueurs masculins de tirer le tennis vers le haut. Qu'en pensez-vous ?
Oui oui, j'ai entendu parler de ça. C'est un sujet délicat. Les filles méritent tout le respect possible pour ce qu'elles font. L'égalité du prize-money est un sujet récurrent depuis sept-huit ans. J'ai suivi l'affaire et je comprends bien toute l'énergie que déploie la WTA pour y parvenir. Je les applaudis des deux mains. D'un autre côté, l'ATP devrait se battre encore davantage, car on voit bien qu'il y a beaucoup plus de sectateurs pour les matchs des hommes. C'est l'une des raisons pour lesquelles on devrait avoir plus. Ceci dit, nous n'avons pas à nous plaindre car nous avons déjà de belles primes de gains. Je ne sais pas ce que Moore a dit, je réagis selon mon propre point de vue.
Mais vous ne pensez pas qu'il devrait y avoir les mêmes gains pour les femmes et pour les hommes ?
Je vous ai fait une réponse de Normand : c'est un peu oui, un peu non. Les joueuses se battent pour ce qu'elles pensent être juste et ce qu'elles méritent. Et nous faisons de même. Je pense que tant que les données sont ce qu'elles sont, et tant que les billets se vendent comme ils se vendent, l'argent devrait être équitablement distribué.
C'est l'une des grandes questions dans le sport en général, celle de l'égalité entre les hommes et les femmes. Pensez-vous que vous en seriez là sans votre première coach, Jelena ?
Ne vous méprenez pas sur mes paroles. J'ai un grand respect pour ce que font les sportives en général. Je sais à quel point elles doivent travailler sur leur corps, qui est très différent du corps des hommes. Elles doivent s'infliger des choses que nous n'avons pas à faire nous. La forme du corps, les hormones, bref, je ne vais pas m'étendre là-dessus. J'ai beaucoup d'admiration pour elles et pour le niveau auquel elles arrivent à jouer. Elles doivent sacrifier beaucoup de choses, mettre de côté la famille, par exemple, pour jouer à ce niveau-là. J'ai eu une femme pour coach, je suis marié, j'ai un enfant, et je vois bien tout ce que les femmes parviennent à faire. Je suis pour le girl power.
Pensez-vous que Ray Moore a été offensant, dans sa façon de parler ?
Soyons honnête, ce n'était pas politiquement correct. C'était aussi un peu exagéré...
Vous avez évoqué l'autre jour l'instinct et la connaissance du schéma de jeu de vos adversaires. Est-ce que tout est conscient, ou certaines choses relèvent-elles de l'inconscient ?
Ce qui est conscient, c'est ce qui touche à tout ce qui est matériel, tout ce qui est quantitatif et tangible. Vous pouvez préparer ça avec des analyses de vidéos, par exemple, ou avec les statistiques et toutes les données que vous pouvez avoir et les expériences passées. Ce qui est de l'ordre de l'inconscient, c'est tout ce qui se rattache à vous-même, à la façon dont vous vous êtes préparés, à la façon dont vous arrivez à être concentrés sur le court. C'est une combinaison des deux. vous avez raison : les deux sont profondément liés. Quand vous arrivez à être vraiment présent sur le court, vous pouvez mettre en place la tactique préparée avec les chiffres et les données rationnelles.
Est-ce ce qui sépare les très grands et les autres ?
Oui, je le crois. Et cela ne concerne pas que moi : tous les grands sportifs, qui, dans leur domaine, arrivent à accéder au plus haut niveau possible, disent aussi cela, peut-être avec d'autres mots et pensent comme moi. Il s'agit de maximiser au mieux son potentiel.
Quel va être votre programme d'ici Roland-Garros ?
Je vais jouer de très nombreux tournois avant Roland-Garros, d'une part pour rester dans le rythme et me préparer au mieux, et d'autre part pour respecter mes obligations vis à vis du calendrier de l'ATP. Je pense que c'est important, si nous voulons avoir des tournois intermédiaires entre les Masters 1000 et les Grands Chelems, nous devons respecter les valeurs de notre sport, et pas seulement les Grands Chelems. Roland-Garros est l'une de mes priorités cette saison. Je suis de plus en plus proche du titre. Je ne vais pas changer grand chose à ma préparation, hormis le fait que je vais jouer à Madrid, ce que je n'avais pas fait les années précédentes. Pour se préparer pour un match, il faut se mettre en situation et jouer de gros tournois. C'est donc ce que je vais faire. J'aime beaucoup la terre battue. J'ai grandi sur terre battue, même si je n'ai pas gagné de Grand Chelem sur terre. Je m'en rapproche chaque année. Je crois en mes chances, pour cette année.
Vous avez parlé d'être "dans une zone de réussite". Etiez-vous loin de cette zone de réussite ?
Franchement, j'étais bien dedans. J'ai réussi à monter mon niveau de jeu au fur et à mesure des matchs. J'ai réussi à gagner des matchs face à des top 10. J'ai mis en place une certaine routine et une certaine préparation qui me permettent d'être fin prêt pour ces gros matchs. Je vais tenter de rester dans cet état de concentration et de préparation qui me permet de gagner de si gros matchs.