Tennis. ITW - El Aynaoui : "Il faut des infrastructures"
Par Bastien RAMBERT le 12/04/2014 à 17:07
Deuxième volet de notre interview avec Younes El Aynaoui. Après son combat contre la maladie de Charcot, il est désormais question du tennis masculin marocain qui souffre après la période faste engendrée par le principal intéressé et ses amis Hicham Arazi et Karim Alami.
Première partie : "Jérôme Golmard a un superbe moral"
Younes, que faites-vous depuis votre retraite des courts en 2010 ?
J'ai trois garçons et j'essaye d'être papa à plein temps (rires). C'est pour cela que je suis à Nancy. Ces deux dernières années, j'ai passé des diplômes d'entraîneur à la Fédération. Je suis désormais diplômé d’État. L'année dernière, j'ai fait une formation pour entraîner à haut niveau. Je suis aussi beaucoup impliqué, bien sûr, dans l'association «Les Amis de Charles», que l'on a évoqué auparavant. Je collabore enfin avec l'association «Fête le Mur» de Yannick Noah. J'aimerais copier pour le Maroc cette idée de tennis pour tous.
En parlant du Maroc, le tournoi de Casablanca s'achève dimanche. Le numéro un national Lamine Ouahab (248e mondial) s'est incliné d'entrée. Comment expliquez-vous les difficultés que traverse le tennis masculin marocain actuellement ?
Il est vrai que le niveau est redescendu après notre époque (Ndlr : El Aynaoui a atteint le 14e rang) assez faste avec Arazi (ancien 22e joueur mondial) et Alami (25e). On avait un bon joueur, Reda El Amrani, qui était monté jusqu'à la 160e place mais il s'est blessé au genou gauche. Aujourd'hui, il n'y a pas de secrets : il faut des infrastructures. Le fait qu'il n'y ait que des terrains en terre battue au Maroc limite un peu la progression de nos joueurs. Il y a une nouvelle équipe à la Fédération et j'espère qu'ils sauront solliciter des âmes bienveillantes pour mettre en place des structures pour la formation. Il y a du potentiel car le tennis est un sport aimé au Maroc. C'est dommage que les joueurs nationaux n'attirent pas, à cause de leurs résultats, les foules vers les courts.
La relève a-t-elle été difficile à assumer après le trio El Aynaoui-Arazi-Alami ?
La barre a été mise assez haute. C'est un peu comme en athlétisme. Aujourd'hui, si un champion marocain veut se faire remarquer, il va falloir faire des performances dignes d'Hicham El Guerrouj. Dans le tennis, les gens ont la valeur de la difficulté du classement ATP. Un joueur qui est dans le Top 100 peut à tout moment faire de bonnes performances. Quand nous l'avons fait, cela a été difficile de se faire une place car aucun marocain n'avait foulé le circuit professionnel. Aujourd'hui, il y en a eu donc des jeunes peuvent nous imiter.
Gardez-vous contact avec Hicham Arazi et Karim Alami ?
Bien sûr. C'est une facette du joueur de tennis qui est assez difficile car on passe la plupart de notre temps de professionnel avec les mêmes joueurs, on les voit quasiment plus que notre propre famille quand on est sur le circuit. Puis du jour au lendemain, on ne se voit plus. Mais je garde des atomes crochus avec Hicham et Karim mais aussi Marat Safin, Marc Rosset, Yevgeny Kafelnikov, Goran Ivanisevic etc... On essaye de rester en contact après tant d'années passées ensemble et tant d'histoires à raconter.
Propos recueillis par Bastien Rambert