Tennis. ITW - Fontang, coach de Auger-Aliassime : "Finir la saison au Masters"
Par Alexandre HERCHEUX le 10/02/2022 à 14:19
Le Français Frédéric Fontang peut être ravi du début de saison 2022 de son protégé. Vainqueur de l'ATP Cup avec son ami Denis Shapovalov, Félix Auger-Aliassime a ensuite confirmé sa bonne forme en décrochant son premier quart de finale à l'Open d'Australie, son troisième en Grand Chelem à seulement 21 ans. Et l'aventure aurait plus être encore plus belle à Melbourne. Le Canadien a failli faire chuter Daniil Medvedev, numéro 2 mondial et futur finaliste. "FAA" menait deux sets à zéro et a eu une balle de match avant de finalement céder. La preuve que Félix est désormais dans la cour des grands et compte s'affirmer encore un peu plus en 2022. Pour Tennis Actu, son entraîneur Frédéric Fontang est revenu sur le premier mois de la saison 2022 d'Auger-Aliassime, ses méthodes de coaching, le travail avec un certain Toni Nadal en tant que consultant, et enfin les ambitions pour le reste de la saison. Des analyses toujours passionnantes.
Vidéo - Frédéric Fontang, le coach de Félix Auger-Aliassime !
"C’est un début de saison réussi pour Félix"
Comment allez-vous après ce début de saison intense ?
C’est toujours intéressant de bien démarrer la saison. Ça a été le cas pour Félix avec une victoire en ATP Cup et un bon Australian Open. Et un beau match pour conclure contre Daniil Medvedev. Malheureusement, Félix n’a pas pu conclure mais ça reste un bon match.
Quelques jours après l’Open d’Australie, comment jugez-vous le début de saison de Félix ?
C’est un début de saison réussi. Il y a toujours un peu une incertitude. Après Stockholm l’an passé, il a pu avoir trois semaines de repos puis une prépa d’un mois avant de s’envoler pour l’Australie. C’est important, on a pu caler repos et entraînement. Le niveau de jeu était bon dès le premier match malgré la défaite contre Fritz.
Daniil Medvedev is a BEAST in an absolute grind fest of a match against Auger-Aliassime. Medvedev comes storming back to win his #AustralianOpen Quarter-final match in 6-7, 3-6, 7-6, 7-5, 6-4
— Gambyl (@realgambyl) January 26, 2022
Un-be-lieve-able! pic.twitter.com/2m6PJhQYTv
"Je suis plutôt sur un coaching sans trop d’informations (...) Je ne suis pas un coach très bavard"
C’était la première défaite de Félix après avoir eu une balle de match, pour une demie de Grand Chelem. Dans quel état était Félix après le match ? Colère, tristesse ?
C’est vrai que lorsqu’il y a défaite, on attend avant de débriefer. Compte tenu de la qualité du match, on a pu soulever tous les aspects positifs du match et il a pu finir la nuit avec un état d’esprit positif.
Qu’est-ce que fait un coach au retour aux vestiaires ? Vous laissez un silence à votre arrivée ? Vous engagez la discussion directement pour essayer de le « réconforter » ?
Réconforter non… Un joueur n’a pas besoin d’être réconforté ou dorloté. Après une victoire, c’est facile. Il fait sa récup’ sur le vélo et la parole se délie rapidement. Selon les défaites, on peut attendre le lendemain ou le surlendemain.
Comment fait-on pour trouver les bons mots ?
C’est simplement l’expérience. C’est un métier d’être coach, c’est au fil des années, des matchs, quand on connait bien son joueur… Moi, je suis plutôt sur un coaching sans trop trop d’informations. L’important, ça reste l’action et d‘avoir les idées claires. Je ne suis pas un coach très bavard.
Frédéric Fontang sur la finale épique Nadal-Medvedev
"C’est sûr que dans la physionomie du match, Félix avait l’ascendant (...) C’est passé près… Il a proposé des armes tactiques qui ont gêné Medvedev"
« Je vais quitter l'Australie la tête haute. Et je vais aborder le reste de la saison en sachant que je peux bien jouer contre les meilleurs joueurs du monde » disait Félix en conférence de presse après la rencontre. C’est une réelle prise de conscience ?
Euh… je dirais que c’est surtout une étape de plus. Il avait fait quart à Wimbledon, demie à l’US Open. C’est une étape de plus dans son chemin régulier et précoce. Le plus intéressant, c’est qu’il a trouvé des solutions tactiques sur ce match contre Daniil alors qu’avant, il lui causait des problèmes. C’est quand même le numéro 1 sur dur. Il a su mettre en place les outils développés avec son équipe. L’autre chose, c’est qu’il occupe une nouvelle position dans le Top 10. Il joue des joueurs qui n’ont rien à perdre aux premiers tours. C’est une position un peu neuve pour lui en Grand Chelem et il a bien géré. Il a réussi à trouver le chemin de la victoire sans être à son meilleur niveau tennistique.
A l’US Open, Félix avait perdu 4 sets avant sa demi-finale perdue contre Medvedev. A Melbourne, il avait lâché 5 sets et joué plusieurs matchs intenses. Est-ce que, comme un petit peu Alexander Zverev par le passé, Félix doit maintenant dominer plus ses premiers tours pour franchir encore un cap ?
De toutes façons oui… Même si ce n’est pas un objectif en soi, il faut mieux passer moins de temps sur le terrain. Après, une victoire à couteaux tirés donne de la confiance. Effectivement, en Australie où il fait chaud, c’est mieux de plier les matchs en trois sets. C’est le niveau tennistique et l’expérience. Après, d’un autre côté, les joueurs sont de plus en plus forts, c’est serré. Même pour les meilleurs, c’est difficile d’avoir la copie parfaite sur tous les matchs.
Est-ce que Félix vous a surpris contre Daniil ?
Non non… il ne m'a pas surpris parce qu’on teste des choses. A l’US Open, il avait perdu en trois sets, en ayant un break dans le deuxième, à l’ATP Cup, c’était plus sévère… mais on avait des pistes tactiques. On n’a pas encore trouvé la solution jusqu’au bout donc il reste un cran au-dessus. Félix peut prétendre au titre en tant que 9e mondial, c’est important d’être prêt à ça. Il a juste 21 ans donc il faut continuer à développer son jeu et continuer à empiler les expériences. C’est sûr que dans la physionomie du match il avait l’ascendant. Après, on sait que tout peut tourner à ce niveau-là. Il y a de la volonté, du physique… C’est passé près… Il a proposé des armes tactiques qui ont gêné Medvedev.
Auger-Aliassime après sa défaite contre Medvedev
"Terminer la saison dans les 8 premiers pour être au Masters"
Concernant la suite, Montpellier venait trop tôt ?
Oui ! En ayant été en quarts à Melbourne... le programme est chargé donc on est vigilants à ce que Félix recharge les batteries pour être prêt pour les grandes échéances.
Rotterdam, Marseille, Dubai avant les Masters 1000 américains ? Objectif premier titre ?
Oui. Cette année, décrocher un premier titre individuel c’est l’objectif. Quand il se présente en tournoi, c’est pour aller au bout.
Si on se projette un peu plus loin, il y a la terre battue, surface la plus complexe pour Félix, plutôt logique. Toni Nadal est aussi là pour appréhender la surface ?
Oui. Toni est avec nous depuis un an en tant que consultant de la performance, le terme que l’on utilise. C’est important pour nous. Il nous amène cet extra de confiance et va sûrement nous rejoindre pour Monte-Carlo. C’est une surface où il a vécu de belles choses avec Rafa donc c’est très positif pour nous.
Les attentes sont plus basses sur terre ?
Non non. Félix a déjà bien joué sur terre. Il a ce qu’il faut pour bien jouer sur terre. Il a un physique pour bien jouer sur toutes les surfaces. Sa force, c’est ça aussi : la capacité à jouer sur toutes les surfaces.
Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Félix pour le premier semestre 2022 ?
Les objectifs de cette année, on est toujours dans cette histoire de processus. Que Félix soit meilleur chaque jour. Ensuite terminer la saison dans les 8 premiers pour être au Masters. Il faut bien jouer dans les grands tournois pour y être. Pour aller vraiment en haut, il faut bien jouer dans ces tournois.